A propos de la LDJ (Ligue de Defense Juive)

article publié sur le site LE DROITISTE
http://www.ledroitiste.com/2013/12/a-propos-de-la-ldj-ligue-de-defense.html

Voilà un bon sujet polémique qui fait grimper l’audience et vous catégorise immédiatement. Tout ce que j’aime !

Si je devais faire le faux-cul et le mec pondéré, je devrais tout de suite commencer par condamner ces affreux aux méthodes violentes et scandaleuses, mais je n’y arrive pas… je n’y arrive plus ! Je crois que si j’étais jeune et juif, j’en serais. C’est une évidence : s’afficher comme juif en France aujourd’hui, bonjour le calvaire ! Une position difficile à comprendre autrefois mais que je commence à percevoir chaque jour en tant que patriote de droite et chrétien affiché. Le couplet d’une appartenance religieuse qui devrait s’effacer au profit de la francité, me parle de moins en moins, au moment où des islamistes en herbe font exactement l’inverse dans l’indifférence générale. Et s’il existait un pays acceptant ce que je suis avec des gens qui pensent majoritairement comme moi, je réfléchirais sérieusement à foutre le camp sous des prétextes d’exil fiscal ou de retraite paisible.

Et pourtant le gars qui vous écrit ces lignes se souvient quand il se faisait courser dans les années 90 par des membres de la défunte OJC (Organisation Juive de Combat). L’art du camouflage urbain m’a sauvé plus d’une fois, en revanche certains ont passé de sales moments. Toute une époque ! Pour vous dire que je connais le sujet de près. Pour rappeler aussi que je suis mal placé pour condamner leurs méthodes, alors que tout le monde les pratiquait à l’époque, frappes préventives comprises (extrême gauche, extrême droite, indépendantistes de tous bords, supporters de foot,…). Que celui qui n’a jamais péché, jette la première pierre !

www.jdl-uk.org

Là où je suis très sévère à l’encontre de ces groupes sionistes français c’est d’avoir combattu le mauvais chameau. Un choix qu’ils payent très cher aujourd’hui. S’être usés sur les extrémistes de droite plutôt que ceux de gauche a été une erreur tactique fatale. Chose qui n’a pas eu court aux USA et en Angleterre par exemple, où l’ultra droite est largement pro-israélienne aujourd’hui.

Il ne fallait pas être grand clair pour se rendre compte que la résurgeance de l’antisémitisme de droite dans la fin des années 70, à l’origine de la création des groupes de combat juifs, était folklorique, limite pathétique. Je n’invente rien, il suffit juste d’écouter le président du renouveau juif (voir la vidéo de l’INA) s’exprimant après l’attentat de la rue Copernic. Analyse pas si loin de la vérité puisque l’attentat n’a pas été commis par des antisémites de droites mais par des palestiniens de la mouvance d’extrême-gauche. On nous refera le même coup avec Mohamed Merah, bien plus tard.

Naissance de l’OJD

Avec un retour en arrière, comment les blâmer quand on voit la provocation à laquelle se livrent les néo-nazis de la FANE (Fédération d’Action Nationale et Européenne) à la fin des années 70 ? L’extrême extrême-droite comme l’appelle Yves Mourousi dans son journal télévisé (voir la vidéo de l’INA). On verra même les militants de la FANE militer pour la libération de Rudolf Hess ! ! ! La communauté juive n’en croyait pas ses yeux et avait du mal à contenir sa réaction. Il faut dire que, depuis la fin de la guerre, la France n’avait pas connu de gens se revendiquant ouvertement nazis. On se croirait dans un mauvais film américain avec le retour des survivants du IIIe Reich. C’est la création de l’OJD (Organisation Juive de Défense) qui passe à l’action rapidement. Et ils ne vont pas faire dans la dentelle avec des expéditions punitives et des attaques ciblées, souvent à la limite de l’acceptable.

D’où venait cette FANE et à quelle nécessité politique répondait-elle ? L’histoire n’a jamais révélé ses secrets. Toutes les pistes ont été évoquées : manipulation policière, laxisme politique complice, antisionisme arabe, … Le parcours d’un François Duprat (voir wiki), symbolise à lui tout seul ce que l’extrême extrême-droite comptait, à l’époque, de personnages ambiguës aux relations complexes et douteuses. Cela nous ramène un peu à la période actuelle avec les gens comme Alain Soral ou Dieudo, le folklore fasciste en moins.

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Des groupe juifs de combat ont déjà existé pendant la guerre 40, du côté de Toulouse. Groupés autour d’un ingénieur électricien du nom de Abraham Polonski, cette organisation prend d’abord le nom de «la main forte» puis «armée juive» pour devenir finalement l’OJC (Organisation juive de combat) qui intégrera officiellement la résistance française.

L’extrême-droite et le sionisme

Si des néo-nazis ont pu contaminer aussi facilement l’extrême-droite dans les années 70, c’est parce que cette dernière est devenue de plus en plus perméable aux idées antisionistes. Un travail de sape entreprit par une clique de gens, en complexe d’intellectualisme face à leurs concurrents gauchistes, qui formeront l’ossature de la Nouvelle Droite. L’OJD ne s’y trompe pas en attaquant le XIVe colloque du GRECE au palais des Congrès à Paris, le 9 décembre 1979.

Un autre facteur de la dégradation du soutien de l’extrême-droite à Israël viendra du contexte politique général quand De Gaulle s’engage, après la guerre des Six jours, dans la voie du rapprochement avec les pays arabes. Les passerelles entre l’extrême-droite et certains gaullistes étaient de plus en plus évidentes, à l’image d’un personnage comme Alexandre Sanguinetti

Dans un tract l’OASJ proclame :  » Israélites d’Algérie, rejoignez les rangs de l’OAS !
Apportez votre concours au Général Salan, dans une entreprise qui doit redonner
à l’Algérie son visage fraternel de mai 1958  »

Pourtant tout avait commencé par une histoire d’amour entre l’extrême-droite et Israël. En 1956, quand Moshe Dayan bouscule les armées arabes, c’est la fête du côté des français d’Algérie qui y voient un espoir de maintenir l’occident dans le monde arabe. C’est la création du Front Nationaliste (voir wiki) qui prône la partition du territoire algérien à l’image d’Israël. En 1961, des violences éclatent entre musulmans et juifs. Une partie de la communauté juive rejoindra les rangs de l’OAS pour former l’OASJ (Organisation de l’Armée Secrète Juive). A Oran, on signale d’anciens de l’Irgoun en mission d’observation. On retrouvera des gens comme Robert Hemmerdinger (voir wiki), futur cadre du Front National de Le Pen, qui tentera de détourner, grenade en main, l’avion qui le conduit dans une prison française.

Quand éclate la guerre des Six jours en 1967, le mouvement Jeune Révolution (voir wiki) distribue des tracts dans le quartier Latin appelant à soutenir l’état hébreu. De son côté, le journal Minute soutient sans équivoque l’armée israélienne. Des personnalités comme Serge de Beketch (voir wiki) manifestent même leur intention de s’engager dans les rangs de Tsahal.

Le cas Le Pen

La grosse erreur des sionistes français, à mon goût, est d’avoir basculé trop rapidement dans l’anti-Le Pen. Certes les antisémites pullulaient au FN des débuts mais ils n’avaient aucune voix au chapitre et seule la position pro-israélienne du leader prévalait. En 1988, c’était encore le seul parti à condamner sans ambages l’OLP, organisation jugée non-représentative et terroriste. Il condamnera l’installation d’un bureau de l’OLP à Paris et l’invitation de Yasser Arafat au parlement européen.
Concernant le sionisme de Le Pen, il ne faisait aucun doute (voir mon article). Je rappelle que son modèle, et il l’a toujours clamé, c’était Ronald Reagan et non pas Mussolini, Hitler ou Franco. Sauf qu’à force de se faire cracher dessus par l’intelligentsia juive de gauche, l’homme a jugé bon de céder à la provocation avec des «Durafour crématoire» et autre «point de détail». On connaît la grande gueule du personnage ! Lui n’aura pas le droit à la clémence accordée à François Mitterand, passé du statut d’antisémite pétainiste à celui d’ami d’Israël.

Mais bon, les outrances de langage du tribun tombent à point pour certains leaders politiques, issus de la communauté juive. Ce sera la naissance de l’OJC (Organisation Juive de Combat) qui va multiplier les actions contre le FN. Le 30 décembre 1987, c’est le saccage du journal National-Hebdo. Rebelotte le 1er mai 1988 avec les locaux du QG de campagne de Le Pen, avenue Marceau. Une aubaine pour les nazillons qui gravitent autour du FN, un retour en grâce même ! Dés lors le FN s’affiche clairement pour une politique pro-arabe et pour un antisionisme à peine voilé. Ca tombe bien, le FN a besoin aussi d’un discours anti-système pour rallier les classes populaires et comme antisionisme rime avec anti-libéralisme (avec son cortège d’anti-américanisme), le tour est joué. Pas étonnant donc, d’y retrouver plus tard des rebuts de l’antisionisme de gauche en recherche de nouvelle expérience.

Tract distribué par le TAGAR (groupe sioniste étudiant)
dans les facs, à la fin des années 90.

Séfarades avant tout !

La renaissance des groupes de combats juifs est surtout le fruit de la révolte des enfants des pieds-noirs expulsés du magreb, des séfarades. L’argument consistant à critiquer la légitimité de leur engagement au motif qu’ils n’ont connu la shoah que dans les livres est injuste. Au contraire, cela rend plus légitime leur combat, eux qui n’ont pas envi de connaître le sort de leurs coreligionnaires et qui tiennent à le faire savoir.

L’honnêteté commande de préciser aussi que derrière ses mouvements se cache un lobbying de la part d’Israël. C’est tout l’objet de la nomination d’Avi Primor, fin des années 70, avec une fonction de l’Agence juive et du mouvement sioniste à Paris. Son objectif : réorganiser la communauté juive de France afin qu’elle occupe la place qui est la sienne. Il crée le Comité Juif d’Action et réunit plus de 100 000 personnes à la porte de Versailles pour les «12 heures d’Israël». Il secoue les veilles institutions juives tenues par les ashkénazes (Beth-Din, Consistoire, CRIF) pour insuffler un renouveau de fierté et un soutien à Israël.
La communauté juive ashkénaze de l’époque, sous la coupe du baron Guy de Rothschild, ronronnait paisiblement et ne manifestait pas d’entrain pour ce qui se jouait au Proche-Orient, alors que l’internationale d’extrême gauche, manipulée par l’URSS, poussait les pions de l’antisionisme de gauche dans toute l’Europe. Dans la tête des gens du sentier, le méchant arabe avait plus le visage d’un Mohamed Larbi Slimane du film Rabbi Jacob, que celui d’un Carlos ou d’un Abou Nidal.
C’était aussi l’époque de la grande débandade de l’occident face au monde arabe. Ce qu’avait commencé De Gaulle était en train de s’accélérer avec Giscard. La France livrait d’ailleurs de l’uranium enrichi à l’Irak. Fini le temps où Shimon Perez disposait d’un bureau rue Saint-Dominique, où Tanguy et Laverdure (héros de la célèbre BD) menaient à bon port les mirages destinés à Israël.

La fin de l’histoire ? Ben, les sionistes français vont préférer opter pour Mitterand, moins défavorables aux intérêts d’Israël que les sympathies arabes de Chirac. C’est vrai que le PS a beaucoup fait pour les juifs français en laissant s’accroître gravement l’immigration musulmane qualifiée de « chance pour la France ». Bonjour l’erreur et le retour de bâtons en perspective ! Des nervous breakdown et des nuits blanches qui se préparent pour nos amis de la LDJ !

Par l’Atlantiste
Source :
http://www.ledroitiste.com/2013/12/a-propos-de-la-ldj-ligue-de-defense.html