Vénissieux. Une boulangerie arrête de vendre du porc après un incident avec des clients musulmans : « Sinon, ils brûlent tout »

Après une altercation, un boulanger installé à Vénissieux a annoncé qu’il arrêterait de faire des produits à base de porc. S’il « respecte le fait de ne pas manger de porc », Alexandre Dallery dénonce auprès du Parisien un évènement qui est « allé trop loin ».
Il aurait préféré que l’extrême droite ne reprenne pas ses publications. Après une altercation dans sa boulangerie, à Vénissieux (Rhône), Alexandre Dallery a annoncé ce vendredi qu’il arrêterait de vendre des produits à base de porc. Une décision que l’extrême droite n’a pas hésité à monter en épingle, avec des relents islamophobes, certaines de ses figures évoquant un territoire « islamisé », un « califat » ou encore la « charia ». Des mots bien éloignés du ressenti du chef d’entreprise.
Que s’est-il passé ?
Dans les faits, une des vendeuses de maison La Verr’in Dallery Pittie, la boulangerie d’Alexandre Dallery, a orienté deux clients vers une quiche aux lardons, très tôt dans la matinée ce vendredi, selon le récit de l’entrepreneur fait ce vendredi soir au Parisien. Plusieurs minutes après, les deux hommes sont revenus « comme des furies » et « très violemment » dans l’établissement après avoir découvert la présence de porc dans leur repas, ce qui ne leur avait pas été notifié, alors que leur religion le proscrit.
Alexandre Dallery, aussi élu dans l’opposition au conseil municipal de Vénissieux sous les couleurs des Républicains (LR), déclare pourtant « n’avoir jamais eu des soucis à ce point » par rapport aux personnes musulmanes dans sa boulangerie. Installé depuis seize ans sur la commune, il s’enorgueillit également d’embaucher des personnes de « toutes les religions, de tous les horizons » dans son équipe.
Pour éviter toute autre erreur, le patron de la boulangerie a donc décidé de poursuivre son activité sans « faire de jambon ». S’il dit comprendre que donner une quiche aux lardons à des musulmans « puisse énerver », il estime toutefois que « c’est allé trop loin ». Dans un commentaire posté sur Facebook, depuis supprimé, Alexandre Dallery avait évoqué ce vendredi « différentes pressions depuis plusieurs mois pour faire du hallal ».
Une polémique alimentée par l’extrême droite
Les principales figures d’extrême droite présentes sur le réseau social X ont repris le sujet à leur compte. Damien Rieu, candidat Reconquête aux élections européennes et condamné récemment à huit mois de prison avec sursis pour harcèlement en ligne, a dénoncé une « charia ». Marion Maréchal, tête de file de Reconquête aux élections européennes, et le chroniqueur de télévision Jean Messiha, issu du même parti, ont respectivement évoqué sur le réseau social un « califat » et un « harcèlement islamique massif ».
La députée du Rassemblement national (RN) du Rhône Tiffany Joncour a quant à elle publié sur X un communiqué pour réagir « aux pressions communautaires exercées par des islamistes » en affirmant que la boulangerie allait fermer à cause de l’évènement. Une affirmation démentie par le propriétaire qui, selon ses mots, avait déjà vendu son enseigne avant l’altercation de ce vendredi.

« J’aurais préféré qu’ils ne reprennent pas mon post, confie Alexandre Dallery au Parisien. Je ne veux pas être associé à eux et je n’ai pas envie que ça prenne autant de proportions. » Il précise ensuite que « ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas comme ça : je respecte le fait de ne pas manger de porc et je l’ai toujours respecté, je ne suis pas du tout dans cette provocation. » Ce vendredi soir, il a fermé la page Facebook de sa boulangerie.
Source
https://www.leparisien.fr/