«Tu veux jouer, tu vas crever» : deux survivants racontent l’attaque de Coulibaly

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Le lendemain des attentats de Charlie Hebdo, Amédy Coulibaly a ouvert le feu sur des policiers à Montrouge. Récit de deux survivants de cette fusillade qui a fait un mort, aujourd’hui décorés pour leur courage.
Dix mois après les attentats de Charlie Hebdo, des héros oubliés viennent d’être décorés. Deux agents de voirie et un policier municipal ont reçu du préfet des Hauts-de-Seine, la médaille d’or de la sécurité intérieure, pour leur acte de bravoure le 8 janvier dernier.

En ce jour sinistre en France au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, Clarissa Jean-Philippe, policière municipale de 25 ans, est abattue par Amedy Coulibaly sur la voie publique à Montrouge dans les Hauts-de-Seine. Trois hommes présents sur les lieux assistent à la scène, et tentent d’intervenir.
«Coulibaly a retourné sa Kalachnikov sur nous. Le seul moyen de survivre, c’était de lui sauter dessus comme une sangsue», confie Laurent, agent de voirie, au Parisien. Ce jour-là, lui et l’un de ses collègues sont appelés pour un banal accident de la circulation, «comme c’est le cas à chaque fois», relate-t-il. Sur place, Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale intervient également.
Puis, Laurent dit «sentir quelqu’un qui me tirait par le bras, donc je me suis retourné. Et j’ai vu ce type cagoulé. J’ai tapé sur le bout de la Kalachnikov en pensant que c’était un jouet». Ce dernier affirme qu’il ne comprendra ce qu’il se passe que lorsque des étincelles sont sorties du canon. «Je ne l’ai vu que quand il a commencé à tirer, ajoute son collègue Éric, 46 ans. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé. Même le bruit de l’arme, j’ai eu du mal à l’entendre».


Puis, il «prend directement une balle». «J’étais paralysé pendant une ou deux secondes. Mais on comprend que, si on ne réagit pas, on va mourir. Je me suis dit: il ne faut pas que je tombe par terre», se souvient-il. Il est grièvement blessé: la balle a traversé son visage en entrant au-dessus de la lèvre supérieure, elle est ressortie sous l’oreille droite.
«Nos regards, avec (Laurent) se sont croisés. J’ai réussi à me décaler. La douleur arrive, le sang coule. Et ça a été tellement vite que je n’ai pas vu tomber Clarissa», poursuit Eric. Les deux précédents projectiles ont mortellement blessé la policière municipale de 25 ans.
De son côté, Laurent croit que l’arme est factice, «alors je tape dessus, en me disant ‘C’est une blague à la con’, mais j’ai vu la tête d’Eric déformée par la balle et Clarissa qui gémissait. Je me suis dit que mon seul moyen de survie, c’était de lui sauter dessus, se rappelle le quadragénaire. Alors, je lui ai sauté dessus. Et je me suis agrippé comme une sangsue». L’agent municipal s’emporte: «J’ai croisé un taré le 8 janvier. Coulibaly, c’est un taré. C’est clair qu’il était shooté. Ces mecs-là, ils prennent des trucs avant de passer à l’acte. C’est pas du courage», se révolte celui qui a vécu un traumatisme.

Laurent raconte qu’il s’est débattu autant qu’il pouvait contre Coulibaly. Il lui a arraché sa cagoule et a tenté de le frapper. «La seule phrase qu’il a prononcée, c’est: ‘Tu veux jouer, tu vas crever’», rapporte Laurent.
Alors qu’Eric, ensanglanté, a réussi à s’éloigner, Mathis se retrouve «à genoux», mais parvient à saisir d’une main le canon de l’arme du terroriste. «Je me suis dit: ‘Quoiqu’il arrive, ne lâche pas’». Amédy Coulibaly tente alors de mettre son autre main dans la poche, mais Mathis l’en empêche en lui attrapant le bout de la manche. Le tireur le frappe avec le canon du fusil, sort un pistolet Tokarev avec lequel il tente de tirer.
«Pour moi, j’étais mort. Il a fait Clic. Je n’ai pas compris pourquoi j’étais vivant. J’ai appris plus tard que son Tokarev s’était enrayé. Il a rangé son gun, sa Kalach, m’a tourné le dos et est repartie en footing», se rappelle Laurent. Laurent est persuadé que s’il n’avait pas réagi, «il s’en serait pris à l’école juive, juste à côté du lieu du drame». Le lendemain Coulibaly prenait en otages les clients d’un supermarché casher et tuait quatre personnes de confession juive avant d’être abattu par la police.
Aujourd’hui ces héros oubliés vont bien mais ils ont de la rancœur contre les autorités. Ils estiment avoir été «zappés». «Aucun soutien, rien, même pas une poignée de main. J’ai vécu le néant pendant 10 mois», déplore Laurent, alors qu’Eric Urban, qui doit encore subir des soins consécutifs à ses blessures, a «l’impression d’être tombé dans une oubliette». La médaille remise ce jour pourrait atténuer l’amertume mais ne fera jamais oublier les souvenirs traumatisants.

source :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/10/22/01016-20151022ARTFIG00416-tu-veux-jouer-tu-vas-crever-deux-survivants-racontent-l-attaque-de-coulibaly-a-montrouge.php

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2 Commentaires

  1. Pierre un gaulois dit :

    Je suis effaré, ces héros oubliés ont été occultés par les merdias.
    Pour quelle raison ce détail de l’histoire a été occulté ?
    En lisant attentivement, on a peut-être une explication,
    le héros oublié déclare :  » il s’en serait pris à l’école juive, juste à côté du lieu du drame ».
    …….
    D’autre part, le Tokarev qui s’enraye, bizarre, c’est une arme fiable, réglementaire dans l’armée russe.
    Serait-ce une arme neutralisée ailleurs qu’à Saint Etienne et remise en état de tir ?
    Merci les technocrates de L’Europe qui réglementent tout (presque tout) et n’harmonisent pas les méthodes de neutralisation des armes.

  2. fphaim dit :

    Dieu l’a protege… un tokarev ne s’enraye jamais…

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