Toulouse : des militantes arrêtées après avoir collé des caricatures de Charb

Trois militantes féministes, âgées de 19, 29 et 43 ans, ont été arrêtées lundi soir par la police municipale au cours d’une action de collage dans les rues de Toulouse d’une caricature de Charb représentant un postérieur nu à côté de l’inscription : « Et le cul de Mahomet, on a le droit ? »

Armées de seaux remplis de colle et de brosses, les trois militantes avaient pour ambition de coller un millier d’affiches « pour inonder le centre-ville de Toulouse », et exercer leur « droit au blasphème », trois jours après la décapitation près de Paris d’un enseignant qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression.

Interpellées par des passants curieux de la finalité de leur démarche, ou même agressifs, les militantes ne répondent pas ou très peu. « Il faut aller vite car ça reste une action risquée, on n’est pas là pour donner une conférence de presse », affirme à l’AFP l’organisatrice de l’action qui préfère garder l’anonymat. « Un homme a été égorgé, en France, pour avoir montré des caricatures », lance-t-elle finalement auprès d’un badaud très insistant.

Vers 20h10, une demi-heure à peine après le début de leur action, elles ont été interpellées rue de Metz par des policiers municipaux et emmenées au commissariat pour « délit d’affichage sauvage », notamment sur des sites classés. Les gardes à vue sont toujours en cours ce matin.

Charb avait été assassiné avec plusieurs autres dessinateurs emblématiques de Charlie Hebdo lors de l’attentat contre l’hebdomadaire satirique le 7 janvier 2015.
Source :
https://www.ladepeche.fr/2020/10/20/toulouse-des-militantes-arretees-apres-avoir-colle-des-caricatures-de-charb-9151627.php

DU CUL !
( ou le récit d’une GAV surprise !)
19 h… Pas de flotte. Je remplis mes seaux de l’eau groupie d’une retenue d’eau . Elle est marron. On dilue la colle avec des bâtonnets. On est prêtes.
Avec 2 seaux et 2 brosses, on avait le projet d’inonder le centre ville de culs.
Et pas avec n’importe quel cul : le cul de Mahomet !
On a mitraillé consciencieusement. Pas un mur vide, pas une façade ne nous a échappé. Notre trio était efficace.
Le monument aux morts était trop tentant. Monumental. Superbe.
Alors on a recouvert ses colonnes. Puis on a enchaîné sur les fontaines, les devantures, et le théâtre de la Halle aux grains et alors qu’on se faisait une artère centrale… J’ai vu une première voiture de flics tous girophares dehors, s’arrêter dans un crissements de pneus. C’était la police municipale. 2 autres voitures ont débarqué. 8 policier-e-s ont surgit pour nous demander d’arrêter immédiatement de coller.
Il y a un truc avec lequel, j’ai du mal. C’est qu’on me dise d’arrêter quelque chose que je viens de commencer. J’aime mettre le point final. Quand je mange une glace, je la termine jusqu’au cornet.
J’ai continué à coller. On était pas à un cul près !
J’ai été plaquée violemment contre le rebord du mur, puis un policier m’a assise dans la colle. J’ai senti ma culotte s’alourdir et s’imbiber.
Je me suis alors levée d’un bond, armée de mon pinceau, et dans une clé de bras, un policier m’a retourné pendant qu’un autre me passait des menottes tout en nous lançant un : « C’est pas le fait que vous colliez qui nous dérange, c’est que vous critiquiez la religion. Critiquer la religion est un délit » a t-il répété.
Nous étions abasourdies. Je lui ai parlé de laïcité. Les menottes me cisaillaient les poignets. Les menaces continuaient.
Noues avons été toutes les trois embarquées au commissariat central de Toulouse. La colle me collait tout le bas ventre. J’en avais plein la chatte.
La police nationale a prit le relai.
On nous a interdit de communiquer entre noues. J’ai été assez vite séparée de mes deux sœurs de lutte. Cette garde à vue de 17 h, Je l’ai faite seule.
Un OPJ, des trémolos réacs dans la voix est venu me balancer que j’étais une femme irresponsable, que des gens comme moi, il fallait les foutre dehors. Loin de la France.
Il arguait qu’un monument aux morts c’était intouchable. Que si je ne comprenais pas ça il fallait que je dégage. J’aurais rêvé dégager de ce commissariat glauque et me retrouver sur une plage au soleil. J’attendais qu’il me propose un plan bronzette. J’ai fini Manu militari dans une cellule dégueulasse. 17 h, pieds nus dans la pisse et le vomi ca forge une femme paraît-il.
La GAV , c’est un néon dans la gueule en permanence, des hommes déchirés qui hurlent en frappant contre les grilles comme des forcenés, un matelas recouvert de plastique qui te colle le ventre, des murs nauséabonds qui suintent. C’est aussi un mec qui met le feu à son matelas avec un briquet dissimulé dans son anus. Le froid. L’attente.
À 4 h du matin, j’étais face à l’OPJ qui n’avait toujours pas fini sa diatribe. Son collègue et lui s’occupaient de mon audition. Il m’a assaisonnée. Il est revenu sur son histoire qu’il fallait que je quitte la France, que j’étais une mijaurée, une ratée, une femme sans talent. À chacune de mes réponses, il se gaussait.
Il était très fort. Tellement fort que j’ai demandé à son collègue de rajouter ses tirades humiliantes dans le PV d’audition. Ce qu’il a refusé net. Solidarité professionnelle qu’il m’a dit.
J’ai pas compris pourquoi. Il était pourtant assez génial et expert dans l’art de me rabaisser. Si bien que j’ai aussi refusé de signer s’il n’apparaissait pas à mes côtés.
On m’a renvoyé dans ma cellule. Sur mon matelas, j’ai pleuré. Pas parce que ce flic comprenait pas que Charb, toute la clique à Charlie et ce prof devaient rejoindre la liste des résistants. Qu’il fallait que chaque mairie, que chaque municipalité affichent leur soutien en placardant ds toutes les rues de leurs villes, ces caricatures. Que coller c’était aussi leur donner un panthéon à notre manière.
J’ai pleuré parce que j’ai pensé à Elsa Wolinski que j’aime comme une soeur parce qu’elle se marre alors que son âme est toute trouée comme une passoire, j’ai pleuré parce qu’Inna avait encore une fois raison, j’ai pleuré grave ma liberté d’expression toute souillée, j’ai pleuré parce que les blagues de Constance me manquaient, j’ai pleuré à cause de cette maudite fumée de matelas qui me piquait les yeux. J’ai pleuré que des murs soient plus important que des vies humaines. Que les morts et leurs monuments empiètent sur les vivants. J’ai pleuré sur ma nuit blanche et ce néon crasseux qui me donnait la nausée.
Mais quand je suis sortie du commissariat, mes deux sœurs de lutte m’attendaient. Et c’est dans leurs sourire et leurs fiertés qui rayonnaient que j’ai retrouvé l’espoir.
On s’est pris un rappel à loi pour « Dégradation de biens culturels et publiques en réunion ».
J’ai l’impression de les collectionner. Celui là je l’avais pas encore eu. Si je récidive j’encours 5 ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.
( Merci à mes FEMEN tellement présentes, L’amazone Tolosane, Élisabeth qui nous a déniché un avocat pénaliste toulousain, ma sœur qui a prévenu tout le monde.
Merci à Charb.
Merci à Marguerite
Merci au commissariat de Toulouse pour cette nuit inoubliable à leurs côtés.
Merci à toutes celles et ceux qui m’ont envoyé des petits mots. )
J’ai vraiment du cul de vou-e-s avoir toutes et tous.

La LDJ amène son soutien à ces militantes courageuses