Syrie : plusieurs dizaines de Français islamistes ont participé à l’assaut de Damas

Par Paule Gonzalès
INFO LE FIGARO – Dans les rangs des rebelles ayant chassé Bachar el-Assad du pouvoir, on compte des combattants jihadistes condamnés de longue date en France.

Ils sont réapparus dans les rangs des rebelles syriens qui ont renversé le régime de Bachar El-Assad en moins d’une semaine. Selon nos informations, parmi les combattants figurent plusieurs dizaines de jihadistes français issus de la mouvance Hayat Tahrir al-Cham (HTS) ainsi que de la brigade d’Omar Omsen.
Selon Jean Charles Brisard, président du Centre d’Analyse du Terrorisme, think tank spécialisé dans les questions de terrorisme islamiste, « certains d’entre eux occupaient des fonctions importantes au sein de la mouvance HTS alors basée dans la région d’Idleb ». On évaluerait à un peu moins de 200 les individus de nationalité française – hommes, femmes et enfants – qui ont évolué dans ce périmètre géographique. « Un certain nombre de ces combattants sont bien connus des services et ont fait l’objet de condamnations par défaut, certaines très anciennes, de la part de nos juridictions », soutient un spécialiste de la lutte antiterroriste.
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Toute la question est désormais de savoir si la prise de Damas créera un appel d’air au sein de la nébuleuse jihadiste, qu’il s’agisse de velléités de départs vers la Syrie pour abonder les rangs de HTS, – anciennement Al Qaeda – ou d’actions projetées depuis la Syrie vers l’Europe.

« À sa création (en 2012, NDLR), le Jabat al nosra, l’ancêtre de HTS, se développe alors même que peu de Français se rendent en Syrie. À compter de 2013, il se sépare de l’Etat islamique. Aussi les Français vont massivement adhérer à Daech et non à Jabat Al nosra. À partir de 2017, quand ce dernier rompt avec Al Qaeda, les Français ont encore moins de raison de le rejoindre, sauf pour la mouvance islamiste déjà très impliquée en Syrie », rappelle notre source. « Aussi, il n’est pas certain que nos ressortissants souhaitent augmenter les rangs d’HTS. En revanche, ils pourraient être toujours tentés de rejoindre ceux de Daech qui n’a pas disparu ».

Quant à la possibilité de futures actions projetées en France, tout dépendra de l’agenda réel de HTS, qui a renoncé officiellement au jihad global. «Les Français qui sont au sein de HTS le sont depuis extrêmement longtemps, totalement absorbés par la Syrie et sans toujours beaucoup de liens avec la France », note notre source.

« Deux dangers émergent de l’implosion de la Syrie et du chaos qui règne désormais, analyse-t-on dans le milieu de l’antiterrorisme. La radicalisation éventuelle de HTS. Mais aussi ce qu’engendrera le chaos syrien dont le niveau de conflits entre les milices pro turques et les Kurdes qui géraient jusque-là plusieurs camps, la réaction des ex du parti Baas. Mais aussi ce que fera Daech replié dans les zones désertiques du pays et qui n’a pas dit son dernier mot. Le tout avec une inconnue : dans quelles mains tomberont les grands arsenaux d’armes et les usines chimiques ».
Source Le Figaro