Strasbourg : les restes des victimes des nazis enterrés au cimetière juif
Les restes de victimes juives du nazisme gazées en Alsace, et découverts début juillet dans des bocaux de l’Institut de médecine légale de Strasbourg, seront inhumés ce dimanche.
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C’est ce dimanche, jour dédié aux martyrs de la Déportation, que le grand rabbin René Gutman, va procéder, au cimetière israélite de Strasbourg, à l’inhumation des restes de victimes juives, retrouvés en juillet à l’Institut de médecine légale de Strasbourg. Les trois bocaux – contenant notamment des fragments de peaux, portant des «traces de bastonnade brutale» – ont été restitués, jeudi soir, au cours d’une cérémonie privée, à la communauté juive par les responsables de l’Université de Strasbourg – qui avait été repliée à Clermont-Ferrand pendant la guerre.
Ces fragments corporels appartiennent à une ou deux des 86 victimes du sinistre professeur Hirth – anatomiste proche deHimmler- sélectionnées au camp d’Auschwitz en vue de constituer «une collection de squelettes juifs». À leur arrivée au camp de concentration du Struthof, en Alsace alors annexée, ces femmes et ces hommes de toute l’Europe avaient été gazés, leurs corps transférés le lendemain à l’Institut d’anatomie qui faisait partie de la Faculté de médecine de la «Reichsuniversität» créée par les nazis. Les fragments, retrouvés grâce aux recherches du Dr Raphaël Toledano, sont liés aux prélèvements effectués en 1945 par l’un des experts chargé d’étayer le procès à charge contre Hirth.
«C’est un devoir religieux d’inhumer tout corps ou reste humain. Ne pas le faire est, dans la religion juive, une offense à Dieu», relève le grand rabbin de Strasbourg qui présidera la cérémonie au cimetière israélite de Cronenbourg où ont déjà été enterrés les corps ou morceaux de corps des 86 martyrs de Hirth. Pour lui, «c’est aussi la manière la plus juste de répondre à la tentative des nazis de faire disparaître toute trace de la solution finale, mise à l’œuvre par Hirth». «Au moment de l’avancée de l’armée française et des alliés, ils voulaient faire exploser le laboratoire et brûler les corps dans le four crématoire», rappelle René Gutman qui a tenu à organiser cette inhumation dans le cadre de la cérémonie dédiée aux martyrs de la Déportation, qui a lieu tous les ans avant le Nouvel An juif.