Saint-Malo :Justice. Apologie du terrorisme islamiste : 1 an ferme pour le « blagueur »

Il a eu la prudence de venir avec un tee-shirt Nike lambda et de laisser au vestiaire le sweat qui lui vaut de comparaître ce 20 avril pour apologie du terrorisme. Porté en prison, le sweat arborait deux kalachnikovs au-dessus du mot « Paris ». Trois mois après les attentats du Bataclan, la « blague » ne passe pas.
350 cartouches de calibre différent
Damien* a 23 ans, déjà quatorze condamnations à son casier judiciaire. Il a quitté la Légion à cause d’une blessure au genou et devait y retourner quand il serait guéri. Mais l’état d’urgence en a décidé autrement : son lourd passé lui a valu d’être perquisitionné au domicile de sa mère. Les policiers y ont trouvé un « véritable arsenal » : 350 cartouches de calibres différents, un fusil de chasse, des gourdins avec écrit quelques joyeusetés : « anti-juif », « allahu akbar », entre autres.
Damien dit qu’il est tombé dessus dans une cave à la Découverte et qu’il voulait les revendre. Mais tout est resté chez lui, fusil chargé. Alors il se fait sauveur : « C’est pour défendre la France ! »
Sa conversion éclair à l’Islam en une heure en discutant devant la mosquée de Saint-Malo, les témoignages de sa mère qui dit aux enquêteurs qu’il « vide le frigo dès que j’achète du porc et veut que je porte des robes », une expertise informatique qui révèle que le jeune homme a consulté des sites de vente d’armes et que les mots-clés « Syrie », « Daesh » ou « Bataclan » (entre autres) ont été tapés dans les moteurs de recherche… Les éléments convergent pour que les autorités s’inquiètent.
650 appels depuis la prison
Une fois interpellé et placé en détention provisoire, les manquements à la loi ne s’arrêtent pas : on retrouve dans sa cellule un téléphone portable duquel 650 appels ont été passés à sa petite copine en un mois. Mais il « ne sait pas » à qui appartenait le téléphone.
Damien est présenté par son avocate comme un jeune qui a passé son enfance entre centre d’éducation, prison et famille d’accueil. Il a arrêté de boire et surtout il « blague un peu trop ». Car les menaces « Daesh va tout faire péter ! » à la gendarmerie de Dol, et les mêmes à la maison d’arrêt, c’était « pour déconner ». « C’est un blagueur, Damien, il va falloir qu’il se calme c’est vrai, toutes les blagues ne sont pas drôles… » dit son avocate. Le Procureur rappelle que « pour la loi, ce ne sont pas des blagues, ce sont des délits. » L’avis de la section antiterroriste de Paris a été demandé, seule l’apologie a été retenue.
« Il a fallu qu’on trouve notre terroriste malouin »
Pour sa défense, Maître Verdier parle d’un homme dont on a détaillé la vie et qu’on a« interprété en sa défaveur ». « Il a fallu qu’on trouve notre terroriste malouin : on en est venus à se dire que pour convaincre le Procureur il fallait que Damien vienne en béret, qu’il se rase et qu’il fasse toutes les foires au boudin de France. Vous allez faire rentrer dans la colère et la haine quelqu’un qui ne l’est pas », conclut-elle.
Après une longue délibération, le tribunal déclare Damien coupable de tous les faits qui lui sont reprochés, y compris celui d’apologie du terrorisme. Il le condamne à 12 mois d’emprisonnement ferme.
S.L
* Prénom d’emprunt
35400 Saint-Malo

Source :
http://www.lepaysmalouin.fr/2016/05/03/justice-apologie-du-terrorisme-1-an-ferme-pour-le-blagueur/