REPENTANCE : La nouvelle vie de Coco TKT, le braqueur rappeur et quenelliste

Condamné à sept ans de prison pour l’attaque d’une poste, Julien Cocoa, dit Coco TKT dans le monde du rap, a décidé de changer de voie. Il milite désormais pour la tolérance dans les quartiers sensibles.
La dernière fois qu’il avait fait parler de lui, c’était lors de son interpellation, au mois de janvier 2014, après neuf mois de cavale.

Le rappeur et ex-braqueur, Julien Cocoa — plus connu sous son nom de scène, Coco TKT (prononcez « t’inquiète ») –, vient d’être libéré de prison après un peu plus de huit ans de détention.

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De sa liberté, il compte bien profiter pour construire quelque chose de positif. Coco TKT vient de s’engager auprès du rabbin Michel Serfaty, fondateur de l’association Amitié judéo-musulmane de France (AJMF), afin de lutter contre les préjugés dans les quartiers sensibles d’Ile-de-France et d’ailleurs. Un projet en guise d’ultime contre-pied alors que Coco TKT s’était rendu coupable d’une quenelle (le geste provocateur de Dieudonné, considéré comme antisémite) rue des Rosiers, haut lieu de la communauté juive à Paris, au cours de sa cavale.

« Ce n’est pas un projet de complaisance ! prévient d’emblée l’artiste. Il s’agit, avant tout, de dialoguer pour mettre fin à l’ignorance. Dans cette histoire de quenelle, rue des Rosiers, je me suis laissé prendre dans un truc qui ne me correspond pas. J’ai, depuis, pris conscience que ce geste et ce qu’il véhiculait, ça n’était pas moi. Je ne suis pas antisémite. »

Depuis quelques jours, Coco TKT œuvre dans des ateliers d’écriture et de rap auprès de jeunes habitants des quartiers, comme à Ris-Orangis (Essonne). « J’ai un rôle socioculturel au sein de cette association, ajoute-t-il. C’est un vrai moyen de rassembler les gens pour dialoguer. » Début octobre, il va aussi entrer en studio afin d’enregistrer un nouvel album, dont la sortie est prévue en 2016.

Tombé en janvier 2006 pour le braquage d’un bureau de poste à Ecouen (Val-d’Oise), celui qui ne s’appelle encore que Julien écope de sept ans de prison. Ses deux complices, eux, se voient condamner respectivement à cinq et six ans de détention. Quelques années plus tard, alors qu’il demande sa libération conditionnelle, il se voit adresser une fin de non-recevoir de la justice. « Mon dossier tenait parfaitement la route, se remémore-t-il. Mais les juges m’ont répondu qu’ils ne pouvaient pas me remettre en liberté car ma ville était médiatisée. Je suis originaire de Villiers-le-Bel. » Il s’évade en juin 2013 de la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne (Marne). Rattrapé neuf mois plus tard, il est à nouveau condamné.

Julien Cocoa décide alors de dénoncer le système carcéral et les conditions de vie en détention. « En prenant cette décision, ils ont fabriqué un enragé, témoigne-t-il d’une voix posée. J’ai alors voulu raconter ce qui se passait réellement en détention. » S’ensuivent plusieurs vidéos tournées alors qu’il est incarcéré. « Il s’agissait de montrer la réalité des prisons, assure-t-il. Mais l’administration pénitentiaire m’a fait payer pour avoir dénoncé ce qui se passe dans ses prisons. Malgré tous leurs efforts, je ne suis pas devenu fou, ni haineux. Aujourd’hui, je suis conscient du sens de la vie. »

Son avocat, Me Thomas Maier, ne dit pas autre chose lorsqu’il évoque la collaboration de son client avec le rabbin Michel Serfaty. « Julien Cocoa s’inscrit dans une démarche constructive, insiste-t-il. J’espère que les institutions sauront saisir la main qu’il leur tend. »

source :
http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/la-nouvelle-vie-de-coco-tkt-le-braqueur-rappeur-13-09-2015-5087711.php