Radicalisation: la mosquée de Sète fermée

La salle constituait, selon le ministère de l’Intérieur, un lieu de rencontres pour fidèles radicalisés. Il l’a fermée.
Sa mosquée, un repaire d’âmes islamistes radicalisées? Mohamed Annadar, président de l’association culturelle musulmane de Sète, affirme ne pas être au courant. «Je suis malade et fatigué. Et puis je suis souvent au Maroc, alors je ne viens pas très souvent», se justifie-t-il. Aussi, quand des policiers sont venus le chercher, mercredi soir, à son domicile en lui expliquant que la mosquée Assounna de Sète (Hérault) «constitue le lieu de rencontre privilégié et régulier de fidèles cautionnant le djihad armé sur le territoire national ou cherchant à rejoindre la zone irako-syrienne», Mohamed Annadar s’est avoué surpris. «Je ne viens plus très souvent ici. Des gens font des choses à ma place. Franchement, je ne sais pas ce qu’il s’est passé», plaide-t-il.
«Il y a chez certains responsables associatifs un niveau intellectuel peu élevé. Alors, quand quelqu’un vient avec une longue barbe et s’exprime avec éloquence, il peut s’installer tranquillement»
Abdelkader el-Marraki, Membre fondateur de l’Union des musulmans de l’Hérault
Voilà quelques semaines, quatre personnes ont été interpellées dans l’Hérault. Deux d’entre elles, depuis mises en examen pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, fréquentaient la mosquée Assounna. «Ces mecs, je ne les connais pas. Les policiers ont pris des papiers qui disaient des choses sur les chrétiens et les juifs mais je ne sais pas si c’est grave ou pas parce que je ne sais pas lire le français», assure Mohamed Annadar, décidément dépassé par les événements…
Membre fondateur de l’Union des musulmans de l’Hérault, proche de l’UOIF, Abdelkader el-Marraki voit en les dérives de la mosquée Assounna l’exemple type du lieu de culte à la merci du radicalisme. «Il y a chez certains responsables associatifs un niveau intellectuel peu élevé. Alors, quand quelqu’un vient avec une longue barbe et s’exprime avec éloquence, il peut s’installer tranquillement sans que personne ne soit en mesure de lui opposer quoi que ce soit, d’autant plus quand l’association n’appartient pas à une grande fédération et échappe à tout contrôle», affirme-t-il.
«Des fidèles pro-tabligh ont pris, de fait, le contrôle de l’association et de la mosquée et adopté un règlement intérieur très rigoriste»
La préfecture de l’Hérault
L’Association culturelle musulmane de Sète n’enregistre du reste pas ici ses premiers déboires. En décembre 2015 déjà, une salle de prière clandestine qu’elle gérait avait déjà fait l’objet d’une fermeture administrative. À la suite, «des fidèles pro-tabligh ont pris, de fait, le contrôle de l’association et de la mosquée et adopté un règlement intérieur très rigoriste», note l’arrêté préfectoral punaisé à la porte de la mosquée sétoise depuis mercredi soir.
Transformée, selon la préfecture, en lieu de réunion «de nombreux tablighis ou musulmans intégristes la fréquentant pour la radicalité du discours de son imam», cette mosquée était devenue un théâtre antirépublicain où les prêches tenus «incitent à ne respecter que le Coran et la charia (…) Les ouvrages mis à la disposition des fidèles, mais aussi des élèves de l’école coranique, cautionnent les violences physiques faites aux femmes, appellent à la discrimination, à la haine et à la violence envers les chrétiens et les juifs et justifient le recours au djihad armé.»
Terreau fertile de la radicalisation, l’Occitanie est la région la plus touchée par les départs de jeunes hommes et jeunes femmes vers la Syrie et l’Irak. Dans le seul département de l’Hérault, une cinquantaine de jeunes seraient, selon le ministère de l’Intérieur, partis combattre dans les rangs de Daech. Une dizaine auraient trouvé la mort au Moyen-Orient.
Source :
http://premium.lefigaro.fr/actualite-france/2017/04/06/01016-20170406ARTFIG00261–sete-les-derives-de-la-mosquee-assounna.php?cmtpage=0