Profanations antisémites: Pascal, nettoyeur de haine dans le Bas-Rhin
A la tête d’une société de nettoyage, Pascal Schelle est l’homme que les collectivités et institutions sollicitent pour effacer les messages racistes dans le Bas-Rhin.
Par Martin Antoine
Onze décembre 2018 : 37 stèles sont profanées dans le cimetière juif de Herrlisheim (Bas-Rhin). 19 février 2019 : le président de la République se recueille au cimetière israélite de Quatzenheim (Bas-Rhin) où des croix gammées ont été peintes en jaune et bleu sur 96 tombes. 3 décembre 2019 : 107 sépultures du cimetière juif de Westhoffen (Bas-Rhin) sont recouvertes de messages haineux.
« Ce sont des dates que je ne peux pas oublier. A chaque fois que je suis intervenu sur ces lieux de mémoire profanés, j’ai été frappé d’effroi », se livre, le ton grave, Pascal Schelle. A 55 ans, ce natif de Strasbourg est le gérant de la société Eco’Gommage de l’Est, une entreprise de nettoyage et de décapage. Grâce à sa technique d’aérogommage, ce père de famille passe le plus clair de son temps à donner un nouvel éclat à des entrepôts, des voitures de collection ou des monuments historiques. « A l’aide de l’air comprimé, je projette de l’abrasif avec un grand tuyau sur des surfaces comme le bois ou la tôle pour les faire briller. Pour des supports fragiles comme les sépultures, j’utilise un sablage qui se veut moins agressif », explique le « nettoyeur ».
En décembre 2018, Pascal Schelle reçoit un appel du consistoire israélite du Bas-Rhin : « L’un des élus connaissait mon travail. Faute d’avoir réussi à effacer les croix gammées taguées sur les stèles, il m’a demandé de me rendre sur place au plus vite ». Le cinquantenaire passera une journée entière à effacer toute trace de haine.
Les enquêtes piétinent
Ses déplacements sont toujours régis par la même temporalité : le temps de l’enquête d’abord puis celui du recueillement et enfin celui du nettoyage. « Lors de la profanation du cimetière juif de Quatzenheim, j’attendais le départ du président de la République pour commencer à procéder au récurage des stèles. Le plus important sur ce type d’interventions, c’est que l’on ne doit pas savoir que je suis venu », affirme Pascal Schelle.
Un homme encore marqué par la profanation du cimetière israélite de Westhoffen en décembre dernier. « C’était effrayant de voir ces 107 stèles dégradées et recouvertes de tags haineux et de messages antisémites. Dans un périmètre du cimetière, toutes les tombes avaient été méticuleusement peintes en noir, ce qui prouve la détermination froide des auteurs des faits », témoigne le patron d’Eco’Gommage de l’Est.
Alors que les enquêtes piétinent depuis un an et demi, Pascal Schelle, lui, n’a rien oublié. « Dans mon métier, je ne suis jamais confronté à la haine. Là je l’ai prise de plein fouet et j’ai été frappé par la peine des proches. Effacer au plus vite ces messages antisémites est aussi un devoir que j’ai vis-à-vis de ces familles. » Et l’Alsacien de 55 ans de confier : « A chaque fois, des enfants ou des frères des disparus enterrés sont venus me remercier. »
Si, depuis le début de l’année, les actes antisémites sont en baisse dans le Bas-Rhin, l’ancien consultant a dû tout de même intervenir récemment pour effacer des inscriptions antimigrants sur le fronton d’une mairie. « Evidemment que lorsque de tels actes se produisent, cela me donne du travail. Mais je n’en ai pas besoin pour vivre, et je m’éviterais volontiers ce type d’interventions », assure Pascal Schelle.
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Un Brave,respect á cet homme.
Un respect brave à se monsieur