« Plusieurs milliers de profils comme Kouachi et Coulibaly » selon un commissaire de la DGSI
[Un an dans la vie des espionnes – 5/6] De janvier 2015 à mars 2016, notre reporter Dalila Kerchouche a enquêté au cœur des services secrets français. En exclusivité des extraits du témoignage de Valérie.
Au cœur de la DGSI (1)
Nom de code : Valérie
Son profil : à 50 ans, cette commissaire divisionnaire, passée par les RG, la DST et la DGSE, dirige la sous-direction opérationnelle chargée du terrorisme à la DGSI, le cœur du réacteur de la sécurité intérieure du pays.
Interview express : c’est une femme élégante et énergique de 50 ans, sur la réserve. Son attitude défensive ne me surprend pas. Ces temps-ci, la presse tire à boulets rouges sur la DGSI. Je m’interroge aussi. Pourquoi la DGSI n’a-t-elle pas entravé les plans macabres des frères Kouachi, d’Amedy Coulibaly ou du commando d’Abaaoud ?
Dalila Kerchouche. – Comment avez-vous travaillé après les attentats de « Charlie Hebdo » ?
Valérie. – Je décide des priorités. On repère tous ceux qui gravitent autour des terroristes, familles, amis, proches. Au total, sept personnes dans l’entourage des frères Kouachi ont été placées en garde à vue. Lorsqu’un attentat survient, s’ouvrent devant nous des semaines de travail aux horaires sans limites.
Avez-vous fait des retours d’expérience ?
Bien sûr. On s’est demandé : « Qu’est-ce qu’on a loupé ? Et pourquoi ? » On a dû expliquer à notre ministère pourquoi on connaissait les frères Kouachi. Et surtout, pourquoi nous avions interrompu leur surveillance.
Un individu surveillé devient dangereux lorsqu’il devient discret. À la DGSI, leur silence ne vous a pas inquiétés ?
Avec plus de 2 000 personnes dangereuses à surveiller de près, on ne peut plus se permettre de réaliser des surveillances longues et soutenues. Des profils comme les Kouachi et Amedy Coulibaly, il y en a plusieurs milliers en France aujourd’hui. Les critiques dont la DGSI est la cible me blessent d’autant plus que je vois mes collaborateurs travailler avec un engagement sans faille.
Pourtant, la plupart de ces terroristes figuraient sur le fameux fichier S, pour sûreté de l’État…
Ce fichier permet de tracer en pointillé des individus qui nous intéressent. Hélas, il devient compliqué à utiliser car il a été trop médiatisé. Nous songeons à l’abandonner. Dévoiler une méthode de renseignement tue l’intérêt du dispositif. Vous parliez de faille du renseignement. Pour moi, la faille est ailleurs, et plus globale : qu’est-ce que la société a raté dans l’intégration de ces jeunes ? On arrive en bout de course pour empêcher des actes criminels. Mais le mal, très profond, dépasse les services de renseignement.
Pensez-vous qu’une nouvelle attaque coordonnée, multisite et kamikaze pourrait encore arriver ?
Bien sûr. Un 13 novembre bis est encore possible en France. Mais nous déjouons aussi des attentats. (En 2015, sous la responsabilité de Valérie, les femmes de la DGSI ont participé à empêcher dix attentats terroristes sur le sol français. Soit pratiquement un par mois.)
(1) Direction générale de la sécurité intérieure.
Le livre Espionnes de Dalila Kerchouche révèle le vrai visage de ces agents de renseignement. À paraître le 21 septembre chez Flammarion.
SOURCE :
http://madame.lefigaro.fr/societe/un-an-dans-la-vie-des-espionnes-temoignage-valerie-190916-116609
happywheels
Intéressant !
Oui très intéressant Delaive! Et j’ajoute on est très très mal barré…
DANS LE DOUTE EXTRAIRE D’OFFICE ET BON RETOUR !
MERCI D’ÉVITER DE LES DONNER À BOUFFER AUX COCHONS !!!