Pierre Martinet (ex DGSE) : « Une partie de l’islam politique en France adhère au projet de l’Etat islamique »

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Pierre Martinet est un ancien de la DGSE Service Action, aujourd’hui directeur Associé en charge des opérations chez Corpguard, société basée à Brignais, spécialisée dans la prévention et la gestion des risques en France et à l’international
Lyoncapitale.fr : Un camion qui fonce sur la foule à Nice, que vous inspire ce mode d’action ?
Pierre Martinet : Ce mode d’action existe depuis des années, notamment en Israël. Un véhicule lourd ou léger est une arme aussi efficace si ce n’est plus efficace qu’une kalachnikov. Le porte-parole de l’Etat islamique a appelé tous les Musulmans qui adhèrent à leur projet à frapper tous les mécréants avec tout ce qu’ils trouvent sous la main. La première fois, ça a été avec un couteau contre un commissariat du 18e arrondissement de Paris. Le couteau aussi contre deux policiers égorgés à leur domicile, pareil pour l’attaque contre un militaire à La Défense. Ne faisons pas comme si c’était nouveau. La seule différence à Nice, c’est que la personne, plutôt que d’utiliser une voiture, a utilisé un 19 tonnes lancée à une vitesse assez élevée qui fait qu’avec le poids et l’inertie, c’est très difficile à stopper. Surtout pour des primo-intervenants qui ne sont pas équipés comme ils devaient l’être en état de guerre.

« Si les primo-intervenants étaient équipés d’HK G36, des fusils d’assaut comme la BAC, ça aurait pu changer les choses. »

Les forces de police ne sont pas assez armées selon vous ?
Ils ont du 9 mm : sur un pare-brise, on l’a vu contre le camion à Nice, ça ne sert à rien. Si les primo-intervenants étaient équipés d’HK G36, des fusils d’assaut comme la BAC, ça aurait pu changer les choses. On fustige toujours les Etats-Unis sur cette question, sauf que eux sont en menace permanente et que les policiers sont équipés d’armes lourdes. On ne met pas des 9 mm en face de kalachnikovs ! Les policiers municipaux et nationaux doivent être armés d’armes lourdes. Ça n’arrêtera pas les terroristes mais ça permettra de les ralentir quand ils entrent en action.
Comment un camion de 19 tonnes a pu rentrer sur la Promenade des Anglais ?
Il n’est pas rentré puisque ce n’était pas fermé ! On ne peut pas autoriser ce genre de rassemblement quand on est en état d’urgence et en état de guerre. Les « fan zones » lors de l’Euro de foot, c’était très sécurisé, il y avait des fouilles pour entrer, des forces de sécurité aux abords. Sur la voie publique, c’est impossible d’avoir une telle organisation. Il y a un moment donné, il faut prendre des mesures en adéquation avec cet état d’urgence.

« 238 morts depuis les attentats de janvier 2015… Israël ne l’a pas ce décompte macabre »

Changer nos comportements notamment ?
Evidemment. Un rassemblement à Nice, je vous le répète, on ne peut pas l’autoriser. Le camion n’est jamais rentré car il n’y a jamais eu de secteur limité et sécurisé. Il y a 238 morts depuis les attentats de janvier 2015 et près de 400 blessés… Israël ne l’a pas ce décompte macabre. Il faut être vigilant au quotidien. Ça doit être l’affaire de tout un chacun. Est-ce qu’on est en état de guerre ? Oui ! Mais avez-vous vu des changements dans notre quotidien ? Moi non. Il n’y a par exemple pas plus de contrôles…

« Les militaires de la force Sentinelle qui ont pour ordre de ne pas ouvrir le feu sur l’ennemi, on marche sur la tête ! »

On a vu que les militaires de la force Sentinelle qui étaient présents aux abords du Bataclan, lors des attentats, ont eu pour ordre de ne pas ouvrir le feu. Est-ce encore possible que ces militaires n’interviennent pas ?
Là, on marche sur la tête. Les militaires ont eu pour ordre de ne pas ouvrir le feu, vous rendez-vous compte ? Nos militaires n’ont pas de mission claire. Ils sont là pour rassurer la population. Ça ne sert à rien s’ils ont pour ordre de ne pas intervenir, à rien. On doit leur dire clairement d’ouvrir le feu face à l’ennemi. Il faut un changement dans les ordre à donner.

« On est trop laxiste avec les Frères musulmans et les salafistes »

N’y-a-t-il pas en toile de fond les gueguerres entre les services?
Il y a toujours eu des accrochages mais quand je vois le rapport Fenech (président de la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de Paris et conseiller municipal de Lyon, NdlR) qui dit que la France n’est pas prête face à la menace terroriste, je tombe de ma chaise. On est prêt depuis 1995, à l’époque j’étais encore dans la DGSE. Le problème c’est qu’on a laissé monté cette idéologie de l’islamisme radical en France qui, aujourd’hui, est incontenable. On a été trop laxiste avec les Frères Musulmans, avec les salafistes et toutes les revendications religieuses, au sein des entreprises, au sein des écoles publiques, avec le voile. Une partie du monde musulman se sent attaquée par l’Occident qui refuse le voile. Une partie de l’islam politique en France adhère au projet de l’Etat islamique.
Quel recul a-t-on sur nos actions militaires en Libye, en Syrie, en Irak ?
L’efficacité de nos actions militaires sur le front ne se mesurent pas sur une décennie mais sur 30 ou 40 ans. Ben Laden, quand il a frappé le 11 septembre, voulait attaquer les États-Unis pour créer une coalition de certains pays musulmans contre les États-Unis : le principe du terrorisme islamiste est de créer des clivages communautaires. C’est ça le grand risque : l’émotion , la psychose et la déstabilisation d’un pays.

« Le principe du terrorisme islamiste est de créer des clivages communautaires »

C’est le risque expliqué par Patrick Calvar, patron de la DGSI, lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur les attentats de 2015, de voir une confrontation entre l’ultra-droite et le monde musulman ?
Je marche sur la tête encore une fois. La menace n’est pas l’extrême-droite, c’est le terrorisme ! Mais effectivement, ce terrorisme va créer des clivages entre communautés. Mais ce ne sera pas seulement l’extrême-droite mais Monsieur et Madame Tout-le-monde qui, un jour, en auront marre et vont s’en prendre à des Musulmans car pour beaucoup de gens, le terrorisme est en lien avec les Musulmans. Il y a trop de concitoyens qui font des mélanges car nos gouvernants ne nomment pas assez clairement notre ennemi.
Manuel Valls a dit que l’ennemi, c’était « l’islamisme radical »…
L’ennemi, c’est l’islamisme radical, oui. C’est le seul qui l’a dit dans un gouvernement en activité. Les autres parlent de terroristes. Mais si vous ne les nommez pas clairement les choses, c’est la porte ouverte à toutes les stigmatisations et à tous les amalgames. Quand Cazeneuve parle de mosquées radicales, ce n’est pas dire « islamisme radical ». Aujourd’hui, les islamistes radicaux imposent leur vision de l’islam en tuant au nom d’Allah. Ils nous considèrent comme des mécréants et des kouffars, des infidèles : soit on se convertit, soit on est tué. On parle ici d’islam politique qui n’a rien à voir avec le musulman qui vit sa religion paisiblement, chez lui. Si les gouvernants appellent un chat un chat on évitera tout amalgame.

« Il faudrait pouvoir faire intervenir des sociétés de sécurité privée pour certaines missions. »

Selon vous, nos moyens sont en inadéquation avec la situation. Que faut-il faire alors ?
Quand j’entends François Hollande qui en appelle aux réservistes, c’est du grand n’importe quoi. Les militaires sont usés, à bout de souffle. Il faudrait pouvoir faire intervenir des sociétés de sécurité privée pour certaines missions. Certaines sociétés privées sont exclusivement formées d’anciens militaires. En Israël, la plupart des terroristes qui commencent à passer à l’action, à tirer sont stoppés dans leur progression par des membres de sociétés de sécurité privées, formés et armés.
Les travaux du futur Institut Français de Civilisation Musulmane, qui ont démarré à proximité de la grande mosquée de Lyon, ont déclenché une polémique politique. Le président du conseil régional, Laurent Wauquiez, a refusé d’accorder une subvention au motif que l’Arabie Saoudite, notamment, finançait l’IFCM…
Aujourd’hui, l’idéologie de certains pays musulmans qui autorisent la charia arrive en force en France. On se fait infiltrer par ces pays. Quelle est la limite entre l’islam paisible et laïc et l’islam radical qui veut imposer sa religion face à nos démocraties, là est la véritable question..
Source :
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/Lyon/Actualite/Actualites/La-France-se-fait-infiltrer-par-l-islamisme-radical

happywheels

7 Commentaires

  1. bauweraerts dit :

    cet article donne froid dans le dos , Mr Martinet semble avoir une vision bien claire et froide de l’état de la France , que je partage , hier comme aujourd’hui ,

  2. roni dit :

    vous etes deja infiltre depuis longtemps au minimum depuis le debut des annees 2000

  3. Gilles-Michel De Hann dit :

    Du terrorisme, il fut souvent rappelé qu’il est une méthode et non une idéologie. Il s’agit d’une stratégie provisoire : le pratiquant (le terroriste) n’a pas vocation, contrairement à un militaire, par exemple, à exercer à vie sa terrible profession. Il espère forcément qu’un jour, ses revendications seront satisfaites, qu’un jour les masses le rejoindront, qu’un jour son groupuscule deviendra une armée insurrectionnelle victorieuse ou un parti officiel, qu’un jour il obtiendra une réparation politique à l’injustice qu’il dit combattre… Par ailleurs, le terrorisme, s’il est provisoire se pense dans une perspective ou un projet historique et peut se mettre au service des causes les plus opposées, identitaires ou internationalistes, anarchisantes ou autoritaires… Trouver des caractéristiques « essentielles » du terrorisme, historiquement, techniquement et idéologiquement variable, semble donc difficile.

    Il existe pourtant une déterminant inévitable : le terrorisme ne peut se concevoir que dans son rapport à l’État. Héritier du régicide (qui veut tuer le mauvais prince pour le voir remplacé par un souverain plus vertueux), le terroriste s’adresse forcément à l’autorité étatique, qu’il veuille :
    – la détruire (dans une perspective nihiliste ou anarchiste)
    – la chasser d’un territoire (séparatisme)
    – s’en emparer pour donner enfin le pouvoir au peuple (terrorisme révolutionnaire)
    – le remplacer par une autre forme de pouvoir politique (tel un califat obéissant enfin à la loi divine et non plus à la loi de hommes)
    – le contraindre, par exemple à cesser une guerre, à quitter un territoire, à libérer un prisonnier politique…
    – Éventuellement le pousser à être plus autoritaire et à réprimer davantage ( si telle fut bien la motivation des « straghe di Stato »,les massacres d’État et des bombes qui ensanglantèrent l’Italie des années de plomb).

    Ceci semble évident quand l’attentat frappe un représentant de l’État (ministre, fonctionnaire, soldat ou policier) ou quand, comme les Brigades Rouges, il dit vouloir « frapper au cœur de l’État ». Bien sûr il n’est pas rare que la balle ou la bombe (ou l’avion dans le cas du onze septembre) ne vise des civils que l’on dira « innocents », pris au hasard. Mais dans ce cas, le citoyen est exécuté en tant que complice de son gouvernement, condamnable ne serait-ce que du fait de sa nationalité ou du crime de ne pas s’être soulevé (nul n’est innocent). Voir les justifications théologiques avancées par les jihadistes pour excuser le meurtre des femmes ou des enfants : ils paient des impôts à l’État oppresseur ou les enfants seront de futurs soldats…

    Mais l’État n’est pas seulement la cible, directe ou indirecte, du terrorisme et de son message de défi et de menace. Il en est d’un certain point de vue le modèle et le concurrent.

    Laissons de côté la question du « terrorisme d’État » qui semble passablement artificielle puisque terroriser l’ennemi (ou le rebelle, ou le dissident, ou le criminel) a toujours été une des armes psychologiques utilisées par le souverain. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de crimes de guerre ou de répression aussi condamnables que le terrorisme. Bien au contraire.

    Simplement, le terrorisme ne peut être pratiqué que par un acteur « privé » et volontaire et non investi du fameux « monopole de la violence légitime ». mais il n’y a guère de groupe terroriste qui ne se justifie au nom d’une violence préalable, celle de l’État, envahisseur ou oppresseur, qui serait, en somme, le vrai terroriste. Voire au nom du principe : vous bombardez nos frères, nous vous posons des bombes.

    Le groupe terroriste tend volontiers à mimer l’État, notamment en se proclamant souvent armée secrète ou de libération, front ou brigade de ceci ou de cela. Cette référence à la fonction martiale implique que le combattant se considère comme « régulier », telle la bande à Baader réclamant le statut de prisonnier de guerre, ou affirmant que sa « guerre du pauvre » sans uniforme et ne armes lourdes, est plus légitime (elle se pratique par ordre divin, au nom du peuple, comme « freedom fighter » combattant un occupant …). Et, dans tous les cas, qu’il se considère comme investi du droit d’établir une sorte d’état d’exception.

    Du reste, quand le terroriste tue, il proclame souvent qu’il applique une décision de justice (peu importe qu’elle soit divine, populaire ou qu’elle, ressorte au principe du talion ou de la légitime défense) : toujours est-il qu’il prend dans ses mains le de droit de punir, un oppresseur ou le représentant d’un système, et qu’il se fait volontiers procureur, juge et bourreau d’un même mouvement.

    Le rapport du terroriste avec l’État passe, bien sûr, par la violence physique (celle des attentats et celle de la répression) mais surtout par la violence symbolique. Ou plutôt par l’interprétation symbolique de la violence. Là où l’État tend à criminaliser ou à psychiatriser le terrorisme, en le ramenant à une folie, une barbarie, un phénomène sectaire ou mafieux, le groupe terroriste tire sa violence vers le haut, comme si le droit de choisir l’ennemi de la Nation, et de punir les criminels lui revenait d’une légitimité supérieure. Le terrorisme renvoie à l’État aussi dans la mesure où il a à voir avec la mort instrumentalisée comme manifestation de justice ou instrument de spectacle.

    De son côté l’État -sans même évoquer l’hypothèse où il serait commanditaire d’attentats dans d’autres pays où celle où il manipulerait des groupes sur son propre territoire – tire avantage du pouvoir terrifiant du mot terroriste pour disqualifier ses adversaires, réduire leur représentativité politique et criminaliser leur desseins. Ainsi les manifestants du printemps arabe qualifiés de terroristes ou de pro-terroristes par ben Ali ou Moubarak. Ou les autorités ukrainiennes intitulant « opération antiterroriste » leurs opérations militaires contre les séparatistes de l’est.

    Dans un autre registre, le président Hollande qualifiant de « terroristes » les passeurs Libyens qui laissent se noyer les clandestins ou en disant qu’en Irak nous faisons la guerre au terrorisme, pas à un peuple ou à une religion, manifeste clairement combien le terme « terroriste » devenu un synonyme de Barbare est vidé de sens et dépolitisé. Surtout, une classe politique qui pense en termes de performances techniques et de modèle universel ne peut donc concevoir l’hostilité culturelle ou politique que comme une forme de maladie mentale ou de perversité, un archaïsme condamnable.

    Cette concurrence État / terrorisme porte sur la qualification des faits et leur interprétation symbolique ; elle passe donc aussi par une autre forme de compétition qui se mesure elle en temps de cerveau humain et pour la hiérarchie des émotions.

    Gouverner, disait déjà Hobbes, c’est paraître et, longtemps, le pouvoir du souverain s’est manifesté par la double capacité de contrôler les messages sur son territoire et d’attirer l’attention populaire, si possible la fascination ou la soumission, par le spectacle de son autorité. Or voici que le terroriste parvient à se faire entendre et par le fracas des armes et en faisant répercuter son message d’accompagnement (ne serait-ce que par l’écho médiatique qu’il reçoit forcément). C’est la guerre du spectacle scénographiée des deux côtés. Pour le terroriste, il s’agit de produire une violence signifiante, clivante, et surtout dramatique qui oblige chacun à choisir son camp, afin de créer l’impression d’un fragilité ou d’une prochaine disparition de l’institution. De l’autre, il s’agit d’imposer l’image de la stabilité du pouvoir, du courage des populations dont on dit rituellement qu’elles défient les terroristes et les condamne à l’isolement et à la dérive.

    Le terroriste est un Janus. Une de ses faces est obscure : il vit dans le secret, échappe à la police et prépare en se cachant des actions surprise. Mais son autre face cherche la lumière, y compris celles des projecteurs. Et par ce qu’il dit et par ce qu’il fait (notamment le choix de la victime symbolique), il s’impose sur la scène, contredisant de sa voix discordante le discours rassurant de l’État protecteur rassurant, détenteur de la légitimité et maître du territoire.

  4. k.estion dit :

    pierre martinet, le traiteur intraitable

  5. josué bencanaan dit :

    L’islam en France est comme Janus, il a deux visage, le visage officiel « je condamne, je condamne pas ». Il défendra uniquement ses interets politique ou autres, Et son autre visage, hideux, a l’esprit archaique, antisémite et anti occident.
    La religion est incompatible avec la republique, mais pour ce qui est de l’islam en France, pour les politiques de tout bords, ils semble qu’ils veulent l’intégrer et l’imposé, nouvelle loi pour financement des mosquées, formation des imams etc………..

    Les mots arabes, musulmans et islam sont devenus tabou, il ne faut surtout pas faire d’amalgame, et l’UOIF ne fait aucun commentaire, qui ne dit mots consent !.

    On se pose cette question qui est islamophobe ??, dans le sens étymologique du terme !!

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