Pascal Bruckner : «Tariq Ramadan rêvait d’une conquête pacifique de l’Europe»
FIGAROVOX/ENTRETIEN – Sans préjuger de son avenir judiciaire, l’écrivain décrit l’islamologue comme un redoutable prédicateur devenu maître dans l’art du double discours.
Si Bruckner ne veut rien dire de l’affaire qui a plongé Tariq Ramadan dans la tourmente, il connaît avec précision les méthodes et la doctrine du prédicateur. À l’entendre, elles méritaient à elles seules une vigilance de tous les instants. Selon lui, l’islamologue a parfaitement intégré le progressisme européen pour mieux l’utiliser au service d’un islam politique et radical. C’est par cette méthode qu’il est parvenu à joindre à ses combats une partie de la gauche libérale comme la gauche anticapitaliste.
LE FIGARO.- Si la mise en examen pour viols de Tariq Ramadan tient de la chronique judiciaire, son impact va bien au-delà…
Pascal BRUCKNER.- Le vrai scandale ne réside pas seulement dans les accusations dont il est l’objet, et qui seront ou non confirmées, il est dans les complicités idéologiques dont il a bénéficié depuis vingt ans, dans la cécité des élites européennes à son égard. Tariq Ramadan a vite compris qu’il fallait attaquer l’Europe par son flanc progressiste, séduire une gauche en plein désarroi, toujours prête aux acrobaties idéologiques pour se consoler de la perte du prolétariat alors que les conservateurs, ancrés dans les traditions, seraient plus durs à convaincre. Le seul homme politique qui l’ait démoli à la télévision en 2003, c’est Nicolas Sarkozy! Il suffisait de lire ses livres ou d’écouter ses discours pour comprendre les ambiguïtés de sa doctrine. S’il a vraiment commis les actes décrits par ses victimes, alors ce moralisateur qui n’avait que le mot vertu à la bouche est d’une duplicité vertigineuse. Il me fait penser au pasteur psychopathe de La Nuit du chasseur de Charles Laughton avec Robert Mitchum (1956). À gauche, seule Caroline Fourest avait osé l’attaquer dans Frère Tariq paru en 2004, dénonçant le double jeu du prédicateur, livre qui lui avait valu insultes, menaces de mort et ricanements des esprits forts.
Vous avez débattu avec lui…
Une première fois en 2004 à propos de la loi sur le voile islamique. Il m’avait dit: «Que faites-vous de la pudeur des femmes?», je lui avais rétorqué: «Que faites-vous de la pudeur des hommes? Pourquoi ne pas les coiffer d’un fichu Dior ou Hermès?» Je l’ai revu à Genève à la fin du mois d’avril 2017: il n’avait pas modifié d’un iota ses positions. Je lui ai demandé s’il avait réfléchi depuis 2003 à ses déclarations insensées sur la lapidation des femmes face à Nicolas Sarkozy (il avait demandé un moratoire!), il m’a répondu «vous n’allez pas recommencer avec ça!». Il a aussi dans une vidéo défendu les mutilations génitales féminines au nom du respect de la tradition. Tariq Ramadan, c’est l’homme qui a dit au moment des attentats: «Je ne suis ni Charlie ni Paris, je suis perquisitionnable.» En d’autres termes, qu’importent les morts, le scandale, c’est que la police tente de traquer les terroristes. Son fond de sauce idéologique est simple: l’islam est victime toujours et en tous lieux, quoiqu’il fasse, même quand, en son nom, des fanatiques tuent, assassinent, massacrent.
L’AFP l’a pudiquement qualifié de «théologien suisse». Quelle est sa place dans l’islam européen?
Il est à mon sens l’un des leaders des Frères musulmans en Europe. Celui de la reconquête pacifique de l’Europe par la prédication après la perte de l’Andalousie en I492 et la défaite des armées ottomanes devant Vienne en I683. Ramadan a su concilier avec talent la rhétorique anticapitaliste sans sacrifier la doctrine islamiste. Il est un télévangéliste en terre infidèle, capable de donner des gages aux Kafir («mécréants») pour mieux avancer ses pions. Élégant, éloquent, il a été l’homme de la synthèse entre une interprétation rigoriste de sa religion et un accommodement avec les incroyants.
«L’aveuglement des Anglo-Saxons sur l’islam politique est effrayant»
Tel un miroir, il réfléchissait chaque fois l’opinion de ses interlocuteurs, accordant à chacun ce qu’il en attendait. Il se donnait même la générosité de défendre le christianisme (notamment les crèches dans les mairies) tout en expliquant que la France était d’ores et déjà un pays musulman. En février 2016, au congrès de l’UOIF, il proclamait: «La France est une culture maintenant musulmane. La langue française est une langue de l’islam. Vous avez la capacité culturelle de faire que la culture française soit considérée comme une culture musulmane parmi les cultures musulmanes.» C’est toute l’habileté des Frères musulmans par rapport aux djihadistes que de défendre la patience, l’entrisme, le combat culturel, la démographie, le djihad par la persuasion.
Il a été le conseiller de Tony Blair…
L’aveuglement des Anglo-Saxons sur l’islam politique est effrayant. Pour eux, la religion du prophète est parfaite, le terrorisme n’a rien à voir avec elle. Aux États-Unis comme en Angleterre, attaquer Tariq Ramadan vous valait encore récemment une accusation de racisme. Aujourd’hui même, la «féministe» Joan Scott et l’éditorialiste au New Yorker Adam Shatz, tous deux francophobes rabiques, osent écrire que le procès intenté à Ramadan flatte l’«islamophobie» des Français. Souvenons-nous que l’université d’Oxford lui a attribué une chaire (payée par le Qatar). En France, la gauche de la gauche s’est également fourvoyée à ses côtés: Alain Gresh, ancien directeur du Monde diplomatique, Edgar Morin sans oublier Mediapart totalement inféodée et qui tente aujourd’hui, de dénégations en contre-feu, de s’en dégager.
Il faut reconnaître à Tariq Ramadan un talent indéniable: il est capable de lancer la pire perfidie avec le sourire et de jouer avec finesse sur la nature humaine. Il s’agissait presque d’un phénomène d’envoûtement. Je me souviens d’une vidéo éloquente, lors d’un meeting contre «l’islamophobie» quelques jours après les attentats de Charlie et de l’Hyper Cacher. Ramadan accueillait Edwy Plenel sous les applaudissements, l’inondait de compliments et Plenel se contorsionnait, ronronnait comme un vieux matou. J’ai admiré ce savoir-faire. Flatterie et caresse, emprise et magnétisme. Mohamed Louizi, cet ingénieur qui vient de publier une note passionnante pour laFondapol, a quitté Mediapart pour son allégeance aux Frères musulmans.
La une de Charlie sur Ramadan au mois de novembre leur avait valu insultes et menaces…
Charlie a été un formidable révélateur d’une certaine gauche qui ne sait plus à quel intégriste se vouer pour imaginer un avenir radieux. L’offense faite au prêcheur puis la semaine suivante la remise en cause d’Edwy Plenel, coupable de n’avoir rien dit et rien vu, a poussé ce dernier à la faute et à se comparer aux résistants de la Seconde Guerre mondiale contre Vichy. Le monde à l’envers! Après quoi nous avons vu la pétition des 150 pour défendre Mediapart : Thomas Piketty, Caroline de Haas, Edgar Morin, entre autres. Quelle misère! L’éclipse de Ramadan, qui n’a aucun successeur digne de ce nom – Marwan Muhammad du CCIF (Comité contre l’islamophobie en France), n’a ni son talent ni sa combativité – est une catastrophe pour le courant fondamentaliste comme pour l’ultra-gauche, tous deux orphelins de leur gourou. Les «rouges verts» sont en deuil. C’est aussi une excellente nouvelle pour l’islam de France, enfin débarrassé de ce faux prophète: le prédicateur Tariq Ramadan n’était pas moins dangereux que le (présumé) prédateur.
Source :
http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/02/05/31003-20180205ARTFIG00250-pascal-bruckner-tariq-ramadan-revait-d-une-conquete-pacifique-de-l-europe.php
S’il passe par la case prison, je suis même pas sur qu’un « frérot » passe pour un dur face à tous les daechiens qui font la vie dure aux matons.
Il est vain de chercher des causes économiques ou psychiatriques au terrorisme. La matrice idéologique des djihadistes est la haine de la civilisation occidentale. Le problème est que nous non plus, ne nous aimons pas.
Le terrorisme qui nous frappe s’impose à nous comme un objet non identifié. Nous sommes capables de mettre en place l’état d’urgence, de détenir des services secrets performants qui sans aucun doute nous évitent bien d’autres attentats. Mais nous sommes incapables de mettre le doigt sur les causes. Au début, à partir du 11 Septembre, on a commencé par prétendre que des raisons économiques poussaient ces jeunes garçons au meurtre de masse et au suicide. L’empreinte marxiste est déterminante dans les sociétés occidentales du tournant du siècle: on pense encore que le crime ne provient que du chômage et du mal-être social. Puis on s’est rendu compte qu’il n’en était rien, puisque les coupables étaient parfaitement intégrés et instruits.
Aujourd’hui une nouvelle explication, non moins risible, court sur les antennes: les terroristes seraient des malades mentaux. On installe des «cellules de déradicalisation» aussi ridicules qu’inutiles, comme si on pouvait lutter contre des croyances avec les armes de la raison bureaucratique. La seconde explication a aussi peu de sens que la première. Car la véritable raison est étalée sous nos yeux, pendant que nous refusons de la voir, comme la lettre volée.
Le déni de réalité est tel qu’on voit ces jours-ci les européens défiler contre le terrorisme aux cris de «non à l’islamophobie», comme si la raison de tout cela n’était pas, évidemment l’occidentophobie. Qu’on le croie ou non, l’aveuglement des ex-communistes vis-à-vis des crimes de Lénine/Staline a été encore dépassé par l’aveuglement de nos contemporains devant les meurtres de masse auxquels nous sommes pratiquement habitués…
On ne parle pas de l’occidentophobie. Et probablement, il est suspect d’en parler, parce que c’est une manière de mettre en cause une branche de l’islam. Pourtant, les attentats qui secouent nos villes à intervalles de plus en plus rapprochés, sont bien le fruit de l’occidentophobie. Il s’agit d’une récusation profonde de notre culture telle qu’elle se déploie dans nos sociétés, Europe et Amérique confondues. L’Américain John Updike a bien décrit cela dans son roman Terroriste: son héros , le jeune Ahmad Mulloy, ne supporte pas le spectacle de la vie quotidienne américaine: la consommation permanente et la passion des choses superflues ; les filles offertes dans un abus de nudité et de laxisme, où plus rien n’est interdit ; la vulgarité, la bagatellisation de tout, le refus de toute spiritualité.
Au fond, ce qui est mis en cause ici, c’est l’athéisme, la sécularisation générale, l’égalité des sexes, le matérialisme, la priorité du plaisir. Les terroristes sont d’abord des gens qui ne supportent pas les droits égaux pour les femmes, la laïcité, la fin du machisme patriarcal.
Un certain pourcentage de musulmans hébergés par l’Occident hait l’Occident. C’est un fait. Ils ont été accueillis ici mais se révoltent contre leur culture d’adoption. Ce sont des choses qui arrivent, et ce n’est pas la première fois dans l’histoire. Il ne s’agit pas d’un simple dégoût, sinon nos terroristes pourraient aller vivre dans des pays où le gouvernement est musulman et les femmes voilées. Il s’agit d’une haine, d’une volonté de faire disparaître une culture: une idéologie – cet islam veut le monde.
Beaucoup d’Occidentaux croient naïvement que les idéologies, après l’enfer puis après le communisme, ont été supprimées. En réalité nous nous trouvons devant une nouvelle «guerre contre l’Ouest», héritière de celle dont parlait le Hongrois Aurel Kolnai en parlant du nazisme.
Les Occidentaux ont énormément de mal à admettre que des gens commandités par l’islam (même si évidemment aucun islam n’est tout l’islam) ont désigné l’Occident comme ennemi au point d’y commettre des massacres de masse. Car les musulmans, comme anciennes minorités opprimées, ont toujours raison: tel est notre mode de pensée. Incriminer des causes économiques ou psychiatriques des attentats, est chaque fois un moyen d’en rejeter la faute indirectement sur nous.
Cet aveuglement a des raisons intéressantes, et des conséquences non négligeables. Nous sommes parfaitement capables d’expliquer pourquoi nous, Occidentaux, devons être occidentophobes: toute la culture de la déconstruction nous le répète à satiété depuis un demi-siècle. Nous sommes capables d’expliquer comment la culture occidentale, responsable des guerres de religions et des guerres mondiales, est haïssable.
Mais nous sommes bien incapables de comprendre et d’expliquer pourquoi un jeune musulman d’aujourd’hui, abrité et éduqué par l’Occident, va haïr la laïcité et l’émancipation des femmes: nous n’avons pas encore accepté cette réalité, tant elle nous insupporte, parce qu’elle déprécie une minorité que nous avons opprimée, c’est-à-dire un groupe de héros.
Nous avons depuis longtemps perdu l’habitude de défendre notre culture, de plaider pour elle. Faire l’apologie de la culture occidentale, nous pensons que c’est vichyssois, voilà tout. Aussi demeurons-nous pétrifiés et impuissants, incapables de comprendre avant même de répondre. Il faudrait justifier nos propres racines, que nous passons notre temps à ridiculiser depuis cinquante ans. Nous ne savons même plus où elles sont. La tâche est pour nous effrayante. Elle nous demande un retournement complet.
On ferait bien de cesser de pleurnicher sur la soi-disant islamophobie, qui n’existe que dans la mauvaise conscience, en ce cas mauvaise conseillère. La vraie réalité, qui se compte en nombre de morts, et cela est bien réel, c’est l’occidentophobie (qu’il vaudrait mieux appeler misoccidentie, si le mot n’était dissonant): la haine de l’Occident. Il est probable qu’à force de vouloir nous déconstruire nous-mêmes, nous avons donné des armes à ceux qui déjà ne nous aimaient pas beaucoup – quand on bat sa coulpe en permanence, on finit par apparaître comme un raté. Mais enfin le mal est fait. Il nous faut tenter de comprendre, quand nous serons parvenus à prononcer ce mot, pourquoi pullulent les occidentophobes, habités par la nostalgie d’une société religieuse, patriarcale et machiste. Il ne nous suffira pas de les traquer physiquement, car c’est une bataille de croyances – on n’embastille pas des croyances. Où sont nos croyances? Nous pourrions, avec profit, les rattraper dans le ruisseau où nous les avions imprudemment abandonnées. »
« La matrice idéologique des djihadistes est la haine de la civilisation occidentale »
ne pourrait-on pas penser au contraire que c’est une indécrottable surdose d’amour de l’occident : plutôt que mener sa vie humble et anonyme, espérer figurer sur tous les écrans du monde (qui plus est comme agent de la terreur, quoi de plus flatteur dans une société fascinée par les grands criminels) ; plutôt que de vivre sa foi en toute intimité s’afficher dans un groupe dont la renommée s’étale aux yeux ébahis du monde (en fait pour satisfaire les besoins élevés de la pyramide de maslow) …
et puis on a bien vu des djihadistes se détendre parfois en jouant au football, ils possèdent aussi des téléphones portables dernière génération, utilisent les dispositifs technologiques modernes pour mener leur propagande, roulent dans de solides 4X4 plutôt que se déplacer en dromadaire etc.
et lorsqu’ils sont faits prisonniers ils veulent tous rentrer au bercail en terre d’occident plutôt que de payer le prix qu’Allah réserve à ses soldats
j’ai une infinie de fois plus d’admiration et de respect pour des modestes tribus (par exemple océaniennes, sud-amérindiennes ou africaines) restées authentiques en préservant leurs identités et traditions ancestrales sans les effacer au profit du conformisme artificiel occidental
Bonne analyse, d’autant qu’il y a une schizophrènie actuellement chez pas mal de ces musulmans, le déni de réalité : ils croient que l’Islam est une religion formidable, pleine de tolérance, d’amour et compagnie, et pourtant ca améne systematiquement le même problème de terrorisme.
Donc comme, c’est pas possible… c’est donc un « complot du Mossad »; « cilisiounistes » (avec Dieudonné-Soral pour leur faire cracher les sous en entretenant ce mythe)
Et quand on rajoute l’alibi d’origine, ca fait tilt !
Alibi colonial ? FAUX, un déchet ouzbecque a fait un attentat en Suède, et je parle pas des émeutes régulières de banlieues depuis 2012 à Malmö et maintenant dans la Suède du Sud.
A part la Normandie, l’Islande et des morceaux d’Angleterre avec les vikings, qui les Suèdois ont colonisé ?
La Suède a donné des droits et libertés incroyables aux musulmans et… ca marche pas.
Il serait temps de faire de l’introspection, les gars, car même en terre musulmane, s’il y a pas la dictature, ca péte aussi. (Algérie, le Maroc actuellement, la Syrie, etc)
Et encore, ils vont dire que le GIA et compagnie sont des agents.
Incapacité a se remettre en cause.
Le problème est que des politiciens ont conforté un sentiment de « victime » en pensant au début pour des raisons électorales, qu’on les aurait dans la poche et maintenant, on continue de peur qu’ils se fachent et fassent tout péter si on les met devant leurs contradictions et leurs dérives.
A comparaison, les Juifs se sont assimilés au fil des siècles (voir même trop aux yeux des rabbins), à tel point qu’on a les « français » de Netanya dans le « petit Paris » d’Israël et Ashdod.
Peut-être aurait-il fallu définir à tout nouvel arrivant, une charte simple et cash : « ici, c’est comme ça, tu as des libertés mais viens pas gonfler pour plus. Si t’es pas content, tu peux partir, l’aéroport est la-bas. » et faire tenir la chose par l’Etat.
Quand les choses sont claires, on peut pas couiner d’avoir été pris en traitre, de pleurer à l’islamophobie.
Le déni encore le déni ! « La matrice idéologique des djihadistes est la haine de la civilisation occidentale’ Non mon brave la matrice idéologique est le coran et rien d’autre . Tant qu’on ne comprend pas ça on ne comprendra jamais rien et on continuera à pérorer et se faire massacrer !
Nous sommes d’accord, mon brave !
Qu’une idéologie religieuse ou politique puisse se constituer par son opposition à d’autres systèmes d’idées est pour ainsi dire quasiment une loi générale. L’affrontement des idéologies politiques, religieuses ou autres est au fondement des différentes cultures et civilisations. Jusque-là rien que de très « normal » dans l’histoire de l’humanité. Mais là où un grave problème se pose c’est lorsque l’Occident ne répond même plus aux critiques les plus folles et absurdes. A force d’être constamment répétées, ces critiques font leur chemin et finissent par s’installer dans certaines têtes, têtes dans lesquelles elles deviennent vérité, la seule vérité, toutes les autres vérités étant à combattre, à détruire, à exterminer, du moins pour les idéologues les plus possédés et fanatisés.
On peut ajouter à cela que dans les communautés musulmanes on trouve nombre de responsables qui tiennent un double discours: en public on dit que l’islam est tout à fait compatible avec la démocratie mais à l’interne on va parfois jusqu’à encourager les jeunes musulmans à ne pas s’intégrer, à refuser nos valeurs et à exiger le respect inconditionnel des valeurs de leur parents et communauté.
Nous devons clairement comprendre que c’est en autorisant et en ne répondant pas à ce genre de dénigrement de nous-mêmes, voire à notre diabolisation, qu’on en arrive à des actes meurtriers et assassins comme ceux de Mohamed Merah en France et de bien d’autres ailleurs.
Il s’agit d’instiller cette image et vision, image noire et diabolique, patiemment construite, qui justifie ensuite les actes les plus graves, aujourd’hui clairement revendiqués, encouragés, voire exigés. Le pire étant certainement l’encouragement public à commettre des crimes; sans oublier toutes sortes de menaces de mort, à l’encontre de la justice, qui n’obéit pas à certains principes de l’islam, à l’encontre de caricaturistes, de médecins, et maintenant d’officiers d’état civil qui refuseraient, en fonction de leurs nouveaux pouvoirs, de célébrer des mariages forcés ou arrangés. L’appel, toujours public, à des opérations suicides n’est pas une exception.
Bien sûr que le traditionnel chant multiculturaliste inconditionnel, idéaliste et naïf est pour quelque chose dans cette absence de réaction des pays occidentaux connaissant une immigration musulmane significative. Et dans le fait que l’on a mis du temps à parler de ces phénomènes de peur d’entrer, de manière pavlovienne, dans la catégorie préfabriquée du racisme ou justement de l’islamophobie. Le réveil est brutal et comme toujours quand on réagit avec retard la situation s’est fortement aggravée et devient difficile à combattre.
Au-delà des mesures qui sont maintenant envisagées, lorsqu’elles le sont vraiment, nous proposons une action plus implicite, en profondeur: refuser constamment le dénigrement et la diabolisation de notre culture en réagissant systématiquement à chaque incartade, en rappelant de manière claire et inconditionnelle nos valeurs intangibles et en procédant sans hésitation à la condamnation, voire à l’éloignement. C’est en étant intransigeant que le respect reviendra. Parallèlement, il s’agit de revaloriser explicitement nos propres valeurs, conquises souvent dans la douleur et dans le temps long, très long. La critique sévère et le refus des valeurs fondamentalement incompatibles avec les nôtres doivent devenir quotidiens.
La menace doit changer de camp ! Il ne s’agit nullement de créer une peur généralisée mais de rappeler ce qu’une immigration suppose et ce qu’un pays d’immigration est en droit d’attendre de la part des immigrés dont la raison principale doit être la recherche d’un travail et non la possibilité de profiter d’une sécurité sociale chèrement acquise et réservée à ceux qui y ont véritablement droit. Même si les cas d’abus ne sont de loin pas une généralité, on doit pouvoir en parler et les rappeler.
De même, il est inévitable de repréciser le statut d’immigré, en sachant que l’immigration pourrait, en tout cas en partie, redevenir un statut transitoire et que ce dernier n’entraînerait plus automatiquement et immédiatement un droit au regroupement familial, par exemple.
C’est l’occidentalophobie que nous devons combattre avec la plus grande détermination plutôt que de nous laisser intimider par une prétendue islamophobie inventée par ceux mêmes qui veulent nous imposer leurs valeurs, idéologies et autres lois totalement incompatibles. Une idéologie commence toujours par être défendue par quelques individus ou groupes minoritaires avant d’être reprise par de larges populations à l’occasion de situations favorables, comme les crises et autres changements sociétaux profonds.
En 2012, en Norvège un groupuscule radical islamiste a réclamé de pouvoir gouverner lui-même le quartier du Gronland à Oslo et d’avoir ses « propres ministres, les grades-frontières, police et système judiciaire régis par la charia ».En cas de refus des autorités, le groupe menaçait les autorités d’une attaque terroriste semblable à celles du 11 septembre 2001(par Al-Qaïda) ou du 22 juillet 2011(par Anders Breivik).
… et la charia, n’est-ce point le Coran ?
La haine envers ceux qui ne se soumettent pas à l’Islam :
Le Coran est parsemé d’un bout à l’autre d’invectives et d’imprécations à l’adresse des
« incroyants ». Ils sont insultés, tourmentés, maudits, brûlés et tués par tous les moyens imaginables
(2.7 ; 10 ; 85 ; 98 ; 104 ; 114 ; 161 ; 165 ; ). A eux la perdition (2.27), le malheur (2.79). Qu’ils
soient les hôtes du feu (2.39 ; 167 ; 174 ; 221 ; 257 ; 4.56), de la combustion (2.24, 3.10), de la
fournaise, de la Géhenne (2.206). Ils sont dignes des pires insultes : ils sont comme des singes
abjects (2.65), comme des bêtes (2.171), stupides (2.13), aveugles (2.18), à humilier (2.59 ; 90 ; ).
Voués à la malédiction, la colère ou la haine de Dieu ( 2.61 ; 88 ; 89 ; 98 ; 159 ; 161). Qu’ils
meurent de rage (3.119). Jetez l’effroi dans leur cœur (3.151). Ils auront droit au breuvage bouillant
de l’affreux tourment (6.70). Jetez l’effroi dans les cœurs des mécréants, frappez-les sur la nuque,
frappez-leur les doigts ( 8.12). Les Anges leur frapperont la face et la base du dos (8.50). Un
prophète n’a pas à faire de prisonnier avant d’avoir prévalu (8.67). Les associateurs (chrétiens) ne
sont qu’impureté (9.28). L’or et l’argent seront surchauffés au feu de la Géhenne pour leur marquer
le front, les flancs et le dos (9.34 ; 35). A eux le carcan (13.5). La Géhenne guette l’insolent, il n’y
boira que du pus, à petites gorgées qu’à grand peine il avalera (14. 16-17). Ils auront les yeux
hagards (14.43) ; tu les verras avec des tuniques de goudron et la face dans le feu (14.50). Dieu les
enveloppera de faim et de peur (16.112) ; ils seront méprisés et abandonnés (17.22), Dieu déchaîne
sur eux un ouragan, une tornade (17.68), une eau comme du bronze en fusion leur brûlera la face
(23.29). Nous ferons d’eux une moisson sans vie (21.15) ; on taillera des vêtements de feu pour les
incroyants, on leur versera de l’eau bouillante sur la tête, leurs entrailles et leur peau en seront
consumées (22.19-20). A eux les fouets de fer ; chaque fois qu’ils voudront en sortir, poussés par la
souffrance, on les y ramènera (22. 21-22). Quand vous rencontrez des incroyants, frappez-leur la
nuque jusqu’à les abattre et liez-les bien fort (47.4).
Cette énumération n’est pas exhaustive. Le nombre de tels versets est de l’ordre de 650.
L’élimination progressive de toute autre religion :
Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent (2.190; 244), et tuez-les où que vous
les rencontriez (2.191). Combattez-les jusqu’à ce que la religion soit entièrement à Allah seul
(2.193 ; 8.39) et dépensez dans le sentier d’Allah (2.195). Le combat vous a été prescrit alors qu’il
vous est désagréable (2.216). On vous a prescrit le talion (2.178 ; 179). Le talion s’applique à toutes
choses sacrées ; quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui, à transgression égale
(2.194). La religion acceptée d’Allah est l’Islam (3.19). Que les croyants ne prennent pas pour alliés
des infidèles au lieu de croyants (3.28). Tous les gens du Livre doivent adorer Allah (3.64).
Abraham n’était ni juif ni chrétien, il était entièrement soumis à Allah (3.67). Allah n’agrée que
l’Islam (3.85) qui est la meilleure des communautés (3.110). Allah donne la victoire pour anéantir
les mécréants (3.126 ; 127 ; 141). Les Musulmans jettent l’effroi dans le cœur des mécréants (3.151)
et les tuent sans relâche (3.152). Combattez les alliés du Diable (4.76), tuez-les (4.89) où que vous
les trouviez (4.91). Les mécréants sont vos ennemis (4.101). Ceux qui refusent le combat sont mal
vus d’Allah (4.95), mais ceux qui se sacrifient auront une suprême récompense (3.158 ; 195). Il y a
une communauté qui guide les autres qui seront graduellement conduites à leur perte (7.181 ; 182).
Après les mois sacrés, tuez les associateurs (les chrétiens) où que vous les trouviez (9.5). Combattez
ceux des mécréants qui sont près de vous et qu’ils trouvent de la dureté en vous (9.123). Ceux qui
tuent des incroyants sont exempts de tout crime, « c’est Allah qui les a tués » (8.17). Combattez
ceux qui ne croient ni en Allah ni au jour dernier…jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leur propre main, en état d’humiliation (9.29). Qu’Allah anéantisse les juifs et les chrétiens (9.30).
L’Islam doit triompher de toute autre religion (9.33). Nous envahissons leur pays et les réduisons de
toute part (13.41). Nous allons détruire les coupables et nous installer à leur place sur cette terre
(14.13 ; 14). Ne pense point que ceux qui ne croient pas puissent s’opposer à l’autorité d’Allah sur
terre (24.57).
« Mais là où un grave problème se pose c’est lorsque l’Occident ne répond même plus aux critiques les plus folles et absurdes. »
J’ai plusieurs fois dénoncé, sur des blogs, ce que j’ai, par provocation volontaire, nommé une nouvelle forme de colonialisme et d’affirmation de la supériorité de l’Occident en majorité chrétien par rapport au pays musulmans: le fait d’admettre, presque de les féliciter, de nous critiquer et d’insulter nos valeurs, tout en nous interdisant de répondre en critiquant (même sans les insulter) les leurs.
Pourquoi ce traitement inégalitaire? Je ne vois qu’une réponse logique, même si elle déplaira: nous sommes supérieurs ou dans un stade plus avancé de la civilisation. Car cette attitude est celle que nous tendons à adopter face à ceux qui ne peuvent pas vraiment nous comprendre, les enfants, les débiles à apaiser, les « sauvages » ou « non-civilisés » autrefois.