Lettre ouverte à Messieurs les présidents du CRIF, FSJU et Consistoire,

Cerné par des dangers mortels tels qu’elle n’en avait pas connu depuis 75 ans, la communauté juive est plongée dans le désarroi le plus profond.
La résurgence des idées nauséeuses d’extrême droite, maintenant alliée avec un antisémitisme de gauche décomplexé et violent et un antisémitisme musulman criminel et génocidaire, font de nos lieux de vie des citadelles assiégées.
Sauf que nous n’avons pour tout rempart pour nous défendre que des pouvoirs publics compatissants et impuissants et des institutions communautaires ou l’autosatisfaction tient lieu de charisme et ou le symbolisme déplacé remplace l’initiative.
Le temps n’est plus au diner mondain et aux luttes d’influence pour un hypothétique pouvoir, comme nous l’a prouvé la tuerie de Bruxelles, Merah a ouvert une brèche dans les valeurs universelles de la vie humaine et nul ne sait aujourd’hui parmi vous comment la refermer.
Il est évident que bientôt d’autres tueries auront lieu qui viseront notre communauté, dans les centres communautaires, les synagogues, les musées et les écoles.
La situation sécuritaire des écoles est particulièrement dramatique, aucune mesure réelle n’est prise pour assurer la sécurité de nos enfants en cas de fusillade ou de prise d’otage.
Plus grave encore pour ceux qui prétendent, de manière autoproclamée, prendre en main le destin de notre communauté aucune solution n’a été pensée, imaginée et encore moins envisagée, doit-on en conclure qu’il existe au sein de ce que nous avons du mal à qualifier d’institution des problèmes qui semblent plus urgent aux yeux de nos notables que la vie de nos enfants ?
Au cours d’une manifestation rendant hommage aux victimes de Bruxelles voulue par vous silencieuse, sans doute de peur de déranger les assassins, votre inertie et votre incompétence ont glacé d’effroi toutes personnes sensées.
Devons-nous alors lancer un appel, de salubrité publique, intimant aux parents d’élèves s’ils tiennent à la vie de leurs enfants de leur faire quitter les écoles confessionnelles juives, au profit d’écoles chrétiennes ou laïques ?
Ou devons-nous attendre qu’un autre vigile désarmé et sans défense soit assassiné à la porte du bâtiment qu’on lui a demandé de protéger avec ses mains contre des armes de guerre… comme à Bruxelles, ne pouvons-nous pas exiger que de vrais forces de dissuasion soient mises en place, capable de faire face aux menaces avec les mêmes armes et la même détermination, et cela que ces forces soient publiques ou privées.
Aurez-vous Messieurs, le courage de prendre vos responsabilité en dénonçant cet appel quitte à ce qu’un nouveau carnage nous frappe dans notre chair ?, ou alors vous associerez vous à cette appel afin de sauvegarder ce qui nous est le plus précieux et tirer un constat d’échec flagrant de votre pathétique action.
Le temps des mondanités est fini, regardez-vous en face, vous serez jugé par les évènements…
Salutations