Libéré mi-avril, un islamiste fiché S est de nouveau interpellé à Vannes
Condamné en 2019 pour apologie du terrorisme, il venait de purger une autre peine pour trafic de stupéfiants.
Par Jean Chichizola
Survenue la semaine dernière dans le Finistère, l’affaire illustre une nouvelle fois le danger représenté par les détenus de droit commun radicalisés. Le 5 mai, deux individus sont interpellés à Vannes (Morbihan) à l’issue d’une course-poursuite. Se trouvant à Hennebont (Morbihan), dans un quartier connu pour la présence de trafiquants de stupéfiants et d’un «point de deal», les deux hommes auraient été repérés par les policiers et auraient voulu éviter un contrôle. Et pour cause: le passager est un homme de 19 ans très défavorablement connu de la police et de la justice. Le conducteur, âgé de 18 ans, a un profil encore plus intéressant: fiché S pour radicalisation islamiste, il venait de purger une courte peine pour trafic de stupéfiants et était sorti mi-avril d’une prison brestoise. Dimanche, une source pénitentiaire précisait que l’intéressé n’avait pas bénéficié de remises de peine et que sa libération n’était pas intervenue dans le cadre des «mesures Covid-19» de remise en liberté anticipée. Le 9 avril, la garde des Sceaux avait indiqué que «depuis le 27 mars, vingt-cinq détenus (de droit commun) reconnus comme radicalisés sont effectivement sortis de détention, mais pour des raisons normales, parce qu’ils arrivaient en fin de peine». Elle ajoutait que «les détenus terroristes, les criminels et les personnes condamnées pour des faits de violences intrafamiliales» étaient exclus des libérations anticipées pour cause d’épidémie.
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Reste que le profil de l’ex-nouveau détenu est édifiant. Et très fortement teinté de radicalisation. Encore mineur, le jeune homme avait déjà été signalé pour apologie du terrorisme en 2017. En 2019, il est condamné à quatre mois pour une nouvelle apologie du terrorisme et purge sa peine avant d’être de nouveau interpellé en janvier 2020 pour trafic de drogue. Dans ces conditions, il est non seulement fiché S, outil de renseignement sans valeur judiciaire, mais aussi intégré dans la liste des profils surveillés en prison au titre de la radicalisation. De source proche du dossier, au moment de sa libération mi-avril, son suivi avait bien été confié à un service de renseignement. Mais pas à la DGSI, signe qu’il n’était pas considéré comme un objectif très dangereux. L’homme était aussi suivi sur le plan judiciaire.
L’affaire est des plus préoccupantes puisqu’un ex-détenu a pu se procurer sans problème apparent une arme de poing.
En quelques jours, le condamné a en tout cas replongé dans la délinquance. Et par la grande porte. Passons sur la course-poursuite du 5 mai, telle que décrite par Le Télégramme de Brest, qui a révélé l’affaire: une course à grande vitesse et se concluant par un accident impliquant une autre voiture qui aurait pu très mal se terminer pour les occupants de cette dernière. Mais le fiché S, apologiste récidiviste du terrorisme, a fait mieux encore. En pleine poursuite, il a jeté par la fenêtre de sa voiture une arme de poing, calibre 7,65. Cette dernière a touché le radiateur de la moto d’un des policiers. Et on imagine ce qui serait arrivé si l’arme avait atteint le motard… Le délinquant a été mis en examen pour refus d’obtempérer, aggravé par la mise en danger d’autrui, défaut de permis de conduire, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et transport d’arme de catégorie B. Il a été placé en détention provisoire et sera bien sûr suivi au titre de la radicalisation. Son complice est poursuivi pour transport d’arme de catégorie B mais a été écroué en exécution de deux autres peines. Survenant en pleine alerte antiterroriste, avec deux attentats en plein confinement, l’affaire est des plus préoccupantes puisqu’un ex-détenu, mélange classique de «petite frappe» de droit commun et de dangereux excité, a pu se procurer sans problème apparent une arme de poing. Et les prisons françaises comptent nombre de détenus au profil aussi inquiétants… ou bien pire encore.
Source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/libere-mi-avril-un-fiche-s-est-de-nouveau-interpelle-a-vannes-20200510