Lettre ouverte à Élisabeth Borne : ‘‘Quand la musique rap engendre la haine antisémite’’

Paris, le 24 mars 2023
Shimon Samuels, le directeur des Relations internationales du Centre Wiesenthal, a rappelé à Élisabeth Borne, Première ministre de la France, leur conversation au sujet de la famille juive du père de cette dernière et de son plan de lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de haine.
Chère Madame,
Nous vous appelons à prendre des mesures contre le dénommé Freeze Corleone, dont la présence au festival de rap de Rennes la semaine dernière a été applaudie par des milliers de jeunes spectateurs.
L’ancien président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), Richard Prasquier, a lancé l’alerte sur les effets dangereux de revendiquer cet événement comme un simple exemple de « liberté d’expression ».
Voir :
https://world.hey.com/richard.prasquier/censure-et-autocensure-ec246e48
Il relève dans les chansons de Freeze Corleone les citations suivantes : « J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 1930 », « Rien à foutre de la Shoah », « Chaque jour, fuck Israël comme si j’habite à Gaza », « J’suis à Dakar [la maison de son père], t’es dans ton centre à Sion », « Trop de Cohen… Contre eux se trouve le courage et la bravoure du 3e Reich… »
M. Prasquier mentionne l’adulation de Freeze Corleone pour Louis Farrakhan, chef religieux américain suprémaciste noir, dirigeant de l’organisation antisémite Nation of Islam.
Madame la Première Ministre, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, avait menacé d’interdire le concert de ce rappeur. Sa décision a été contestée par le tribunal administratif de la ville, que le Conseil d’État a soutenu : il a décidé qu’il « ne retenait pas sa plainte pour trouble à l’ordre public ».
Les remarques nazies de Corleone provoquent l’idée déformée que « les Juifs, par leur insistance sur la Shoah, sont responsables de l’oubli de l’esclavage », poursuit M. Prasquier.
Madame la Première Ministre, nous vous prions instamment d’intervenir dans l’affaire Corleone, de la même manière que pour ses prédécesseurs dans la haine des Juifs, tels Dieudonné et le rockeur britannique Roger Waters.
Nous invitons la France à montrer la voie en poursuivant ces semeurs de haine devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Avec mes respectueux hommages, je vous prie d’agréer, Madame la Première Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Dr Shimon Samuels
Directeur des Relations internationales
Centre Simon Wiesenthal