« Les bus de la honte », ce passé qui n’est toujours pas passé
de Jacques Tarnero
Ce passé qui n’est toujours pas passé : « les bus de la honte »
De Malka Marcovich et Jean-Marie Dubois
Les égouts de Vichy n’arrivent toujours pas à être vidés et chaque année apporte son flot de révélations sur ce passé qui refuse de trépasser. Un récent et remarquable film documentaire de Michaël Prazan a opportunément rappelé le temps infiniment long déployé depuis la Libération jusqu’à la déclaration du Président Chirac de 1995 à l’occasion de la commémoration du Vel d’hiv. (« Vichy, la mémoire empoisonnée » France 3, diffusé le 16 mai) « Ce jour là, la France avait commis l’irréparable » avait déclaré le Président de la République, rompant ainsi avec la ligne déterminée par de Gaulle et maintenue par Mitterrand : la République n’était pas comptable des crimes de la collaboration et la France n’avaient rien à se reprocher du moment de Vichy. Le surmoi gaullien, pour vertueuse que fut son inspiration, faisait un bon prix de quatre années durant lesquelles la France ne brillât pas par son courage face aux nazis.
Un livre de Malka Marcovich et Jean Marie Dubois, Les bus de la honte(1) revient opportunément sur ces épisodes peu glorieux.
C’est le hasard de la vie familiale qui va conduire Jean-Marie Dubois et Malka Marcovich à mener cette enquête car ce récit bien mené règle aussi des comptes privés, enfouis sous le roman familial. Il va mettre à jour de sombres secrets qui ont permis au grand père de Jean Marie Dubois, Lucien Nachin, de dissimuler son passé, de reconstruire une identité fictive et de se faire passer pour un courageux patriote. Lucien Nachin ne s’est-il pas toujours présenté comme un ami du général de Gaulle, comme le prouvait la dédicace signée de la main du futur chef de la France libre pour son ouvrage Trois études ? La mémoire de Jean Marie Dubois reste vive à ce sujet. La légende du grand père était sans faille et son héroïsme supposé construisait pour le petit Jean Marie une mythologie familiale héroïque.
Durant l’Occupation Lucien Nachin, ancien officier de l’armée française avait un poste important : il était chef de service à la direction du personnel à la Société des Transports en Commun de la Région Parisienne (STCRP), l’ancêtre de la RATP. Or les autobus de la STCRP vont constituer le moyen logistique déterminant ayant permis les rafles des Juifs, pour leur transport à Drancy, puis de Drancy aux gares de banlieue d’où ils étaient envoyés dans les camps d’extermination ou de concentration. Cette logistique était bien évidemment complétée par les trains et la SNCF a aussi reconnu, tardivement, sa part de responsabilité dans le processus de déportation des Juifs vers les camps de la mort. L’investigation dans les archives de la RATP (dont le nouveau sigle, date de 1949, destiné à effacer l’ancien, trop lié à la collaboration), n’est pas un travail aisé. Marcovich et Dubois s’aperçoivent que des documents font défaut, que des archives manquent, que des dossiers ont même été amputés. Une chape de silence semble envelopper le récit des témoins.
Ces autobus, figurent en bonne place dans toutes les représentations filmiques de la rafle du 16 juillet 1942 qui conduisent au Vel d’Hiv. Ils sont autant d’acteurs muets des Guichets du Louvre, de Monsieur Klein, de la Rafle. Ils sont omniprésents dans tous les témoignages de survivants. Or ces autobus avaient besoin de chauffeurs de confiance pour les conduire, pour les mener à l’adresse indiquée par la police, pour ensuite retrouver les divers points de rassemblement. Il fallait donc une grande organisation méticuleusement précise des personnels, une planification sans défaut, une coordination parfaitement mise au point avec la Préfecture de police, la SNCF et les services allemands. On sait qu’il y eut des ratées. On sait qu’il y eut des policiers qui vinrent prévenir les familles pour les inciter à quitter leurs domiciles à se cacher. Ces gestes, minoritaires, pour réels et admirables qu’ils furent, ne peuvent dissimuler la réalité de la complicité active, à tout niveau de sa hiérarchie, d’un grand service public au service de l’occupant.
Ce que découvrent progressivement Marcovich et Dubois, c’est bien la responsabilité, au plus haut niveau, de l’honorable grand-père, Lucien Nachin. Il est le grand organisateur des personnels de la STCRP. Il est l’un des chefs d’orchestre de la mécanique administrative, dans cette entreprise, de la bonne marche de la collaboration. Lucien Nachin fut une importante figure française du « crime de bureau », pour reprendre les mots de Me Michel Zaoui, avocat de parties civiles au procès Papon.
Ecarté de ses fonctions à la Libération, l’ex-chef du personnel de la STCRP était suffisamment connu de la Résistance, sut cependant grâce au réseau des complicités obligées et des couardises, éviter d’être désigné comme collaborateur. Comme bien d’autres, il sut reconstruire à son profit une légende honorable. Celui qui avait géré avec zèle la logistique parisienne de la déportation des Juifs vers les camps de la mort, avait simultanément dénoncé résistants, communistes et syndicalistes nuisibles à la bonne marche de l’entreprise. Certaines de ces complicités sont dévoilées, des noms apparaissent mais la justice ne les a jamais inquiétées et nombreux sont ceux qui ont fini leur vie avec la bonne conscience comme oreiller. La « continuité de l’Etat » voulue par de Gaulle, autant que la « clôture de ce temps où les Français de s’aimaient pas » voulue par Pompidou, ont refermé le couvercle. La paix civile ou sa fiction imposent leurs règles sans comprendre que des hasards permettent à des voix de sortir de l’oubli où certains avaient voulu les enterrer.
L’investigation menée par Malka Marcovich et Jean Marie Dubois conjugue donc cette double recherche : privée, pour sortir une histoire personnelle d’une imposture familiale, d’un mensonge subi, et historienne dans la mesure où ces autobus dirigés par ce faux vertueux grand père faisaient aussi partie d’une machine de mort, programmée, organisée.
L’écriture à quatre mains possède cette qualité : elle injecte du style, elle a le mordant du règlement de compte, plein d’une ironie amère de la part de celui qui en a trop entendu et découvre la tartufferie du roman familial. Le récit est celui de Jean Marie puisqu’il en fut le témoin, celui qui y a cru trop longtemps. Malka, sa compagne, connaît bien ces contes fantaisistes produits par trop bonne conscience, celle qui proclamait sa haine des juifs au nom de l’antiracisme. Témoin de la conférence de Durban l’été 2001, elle a appris à décrypter les mensonges vertueux et ne manque pas de force pour arracher ces masques. La conjugaison ici de cette double énergie donne à ce livre une saveur certaine, parfois drôle dans le dévoilement des crapules.
On ne peut plus savourer le plaisir d’être à l’air libre sur la plateforme arrière des autobus qui sillonnent les rues de Paris. On comprend, hélas, grâce à Malka Marcovich et Jean Marie Dubois qu’elles ne furent pas que des lieux de liberté.
(1) Editions Tallandier. 18 Euros
source :
http://www.huffingtonpost.fr/jacques-tarnero/ratp-collaboration-deportation-juifs_b_10138784.html
L histoire aime a ce repeter
Hier cette France coupable de complicite de la deportation des juifs
Aujourd jui cette France complice de l unesco et de l islamisme de bon teint diplomatique
Je n oublierai jamais les cris de mon pere chaque nuit de sa vie qui n a jamais pu faire son deuil de ce jour du 16 juillet 1942 ou son petit frere et ses parents ont etes emmenes et déportes pendant wu il etait sorti chercher a msnger
France de la honte qui perpetue l antisemitisme a travers le quai d orsay et ses fonctionnaires snobinards et minables qui ne sont que de petits merdeux
MERDE in FRANCE
Je vous hais
Je lirai ce livre pour ne pas oublier. Je le raconterai a mes petits enfants pour qu’eux aussi n’oublient pas er surtout qu’ ils apprecient que nous avons aujourd’hui Israel et que nous nous defendrons.
pur ne pas oublier
La Rafle le film en entier en français http://streamingr.com/filmcomplet/?qu…
salut hitlérien dans le Bukenwald …
http://www.europe-israel.org/2016/05/salut-hitlerien-dans-le-camp-de-buchenwald/