LE RACISME POSTCOLONIALISTE

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par Shmuel Trigano
Nous vivons en ce moment un tournant dans le débat public français. la controverse virulente entre Manuel Valls et Edwy Plenel braque le projecteur sur la banalisation de l’islamisme sous couvert de lutte contre l’islamophobie que l’extrême gauche a véhiculée pendant longtemps. Au point que le concept d’islamo-gauchisme a été forgé pour nommer cet inquiétant alliage.

La chute au même moment du personnage de Tarik Ramadan, depuis toujours adulé par les médias et pièce maitresse de ce dispositif idéologique ne fait qu’accentuer la portée de cette controverse et la levée du tabou.

Nous pouvons mesurer sous ce nouveau jour l’œuvre souterraine de ce tabou qui a interdit, pendant 18 ans, la reconnaissance de l’ampleur du phénomène antisémite, recouvert par la mise en accusation systématique d’Israël au nom de la morale et des droits de l’Homme.
Il faut mieux comprendre cette idéologie composite, que l’on peut définir comme le post-colonialisme. C’est une succursale du post-modernisme: un mélange d’anticolonialisme et d’antiracisme, retournés contre les anciens-nouveaux colonisateurs: les Occidentaux, les « Blancs ». Car la spécificité de ce colonialisme qu’ils exècrent, c’est qu’il ne se déroule plus dans des colonies qui n’existent plus mais dans les anciennes métropoles. Repliées sur elles-mêmes depuis la décolonisation, elles sont – prétend-t-elle – des pouvoirs coloniaux qui oppriment et colonisent les immigrés des ex-colonies qui vivent désormais chez elles. Dans la logique de cet argument spécieux, on pourrait dire ainsi que les métropolitains ne sont en fait pas chez eux mais sont des colons-chez eux, tandis que les immigrés seraient eux des natifs, des « indigènes ». C’est ce que donne à entendre le titre du mouvement « les indigènes de la République ».

L’affaire récente du syndicat Sud Education 93 qui prépare un stage syndical les 18 et 19 décembre, sur le thème « où en est-on de l’antiracisme à l’école », l’illustre jusqu’à la caricature : dans des « ateliers de non mixité » « des « professeurs blancs » seront séparés des participants « racisés », c’est-à-dire identifiés par les autres à une « race » (en fait des personnes issues de l’immigration…) pour discuter, du « racisme d’Etat » de la République Française. Marwan Muhamad, proche de Ramadan, ancien directeur du Collectif contre l’islamophobie en France prendra part à ces ateliers. Ce qui est intéressant dans ce phénomène c’est la manœuvre qui s’y déploie. Elle jette une lumière crue sur la manipulation qui s’y joue. Ce sont des militants politiques qui se mettent eux-mêmes à l’écart, quitte à se « raciser » eux-mêmes, c’est-à-dire à s’auto-discriminer, afin d’en accuser les autres, dont ils se séparent. L’antiracisme mâtiné d’anticolonialisme est ainsi devenu un racisme politique réel dont l’antisémitisme est une annexe.

Shmuel Trigano
*Une tribune sur Radio J du vendredi 24 novembre 2017.

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