Le prédicateur controversé Hani Ramadan invité star d’une mosquée de Roubaix
Le frère de Tariq Ramadan, auteur régulier de propos controversés sur la lapidation des femmes ou les juifs, participera à une « rencontre spirituelle » à la mosquée Bilal de Roubaix, ce samedi 4 février. Il sera accompagné du non moins sulfureux prédicateur Eric Younous, pour qui la liberté de la femme occidentale se résume à « n’être qu’un objet de tentation »…
A la mosquée Bilal de Roubaix, dans le Nord, c’est une soirée toute en nuances qui s’annonce ce samedi 4 février. Comme le vante leur page Facebook, les responsables de ce lieu de culte proche de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) n’ont rien trouvé de mieux à faire que d’organiser une « rencontre spirituelle » avec deux éminents prédicateurs habitués des discours pour le moins distants des valeurs de la République.
Le premier est le Suisse Hani Ramadan, moins médiatique que son frère Tariq, qu’il a pourtant doublé depuis belle lurette dans la course à la provocation islamiste. Petit-fils du fondateur des Frères musulmans, Hani Ramadan ne se sent pas tellement de limites dès lors qu’il s’agit des femmes ou des juifs. Adepte des thèses complotistes notamment sur des « manipulations médiatiques sionistes », il s’est encore illustré l’été dernier en expliquant à des élèves d’un collège de Genève qu’une femme non voilée était « comme une pièce de deux euros », car « visible pour tous, elle passe d’une main à l’autre ». En septembre 2016, le tribunal administratif de Nîmes avait validé en référé l’interdiction d’une conférence d’Hani Ramadan, en épinglant ses propos « clairement et volontairement attentatoires à la dignité humaine et gravement discriminatoires envers les femmes »…
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Les femmes, c’est aussi une grande passion du sympathique Eric Younous, le second prédicateur invité par la mosquée Bilal. Dans un prêche disponible sur YouTube, celui-ci s’enflamme ainsi contre « la conception de la femme selon l’Occident » où « la liberté, c’est de se balader à moitié nue dans les rues et n’être qu’un objet de tentation ». En 2013, il développait dans une autre intervention des considérations théologiques très personnelles, en expliquant que le shabbat était « une punition qu’Allah a infligée aux juifs ».
Une demande d’interdiction
L’association Forces laïques a sonné l’alarme dimanche, doutant que ces deux intervenants soient « susceptibles de favoriser la fraternité et l’entraide entre communautés, et aider à l’intégration des citoyens de confession musulmane ». Sa présidente, Laurence Marchand-Taillade – également présidente de l’Observatoire de la laïcité du Val-d’Oise et déjà menacée de mort pour son combat contre des fondamentalistes musulmans – demande dans une lettre ouverte au maire LR de Roubaix, Guillaume Delbar, de « faire interdire cette réunion ».
« On sort des petites phrases de leur contexte, balaie de son côté le président de l’association cultuelle qui gère la mosquée, Abdelaaziz El Khaily, interrogé par La Voix du Nord. Hani Ramadan n’a jamais été condamné par la justice, il doit pouvoir s’exprimer librement, et nous on invite des gens de tous bords, y compris parfois des prédicateurs avec lesquels nous ne sommes pas d’accord. » En revanche, Hani Ramadan et Eric Younous sont, eux, visiblement d’accord sur un certains nombres de points.
Comment les autorités permettent-elles à des personnes aussi dangereuses de s’exprimer en public ?
Le Congrès qui devait avoir lieu samedi dans une mosquée de Roubaix, au cours de laquelle devait intervenir Hani Ramadan, a été annulée. Des pressions politiques ont précipité cette interdiction.
La mosquée a fait cette annonce mardi sur les réseaux sociaux. La décision a été prise à l’issue d’une réunion du conseil d’administration de la mosquée Bilal «pour mettre fin à toute polémique autour de ce sujet», a écrit la mosquée sur Facebook. Hani Ramadan est le frère de l’universitaire Tariq Ramadan.
Le président de la région Xavier Bertrand (Les Républicains, droite) avait demandé lundi au préfet d’interdire la conférence. Il a fait valoir qu’Hani Ramadan et un autre intervenant, Eric Younous, un prédicateur converti, avaient par le passé tenu des propos «totalement à l’encontre des valeurs républicaines qui sont l’égalité entre les femmes et les hommes et la laïcité».
«Nous ne pouvons accepter que des manifestations publiques au cours desquelles des prédicateurs prônent la haine et la division nationale puissent se tenir sur le territoire français», avait écrit M. Bertrand.
A l’extrême droite, le vice-président du Front national Steeve Briois, élu de la région, avait quant à lui jugé inadmissible que la France «laisse pénétrer un prédicateur islamiste étranger» sur son sol, «alors que la France vit encore sous l’état d’urgence».
En septembre, la ville de Nîmes (sud-est) avait déjà annoncé l’interdiction d’une conférence d’Hani Ramadan, estimant que ses prises de paroles allaient «à l’encontre des valeurs de la République». (ats/nxp)