Le mari d’une victime du 13 Novembre : « Les mots « fraternité » et « vivre ensemble » me donnent la nausée »

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Joseph Anticevic, 47 ans, était au Bataclan le 13 Novembre, où il a perdu sa femme.

«Cette haine que j’essaie de contenir de toutes mes forces»
Il fait souvent le même cauchemar. La nuit, le jour, n’importe quand. Parfois, les images surgissent au milieu d’une discussion, sans prévenir. «Je me revois en train de marcher sur les cadavres pour m’enfuir. Le plus dur, ce n’est pas la vision, mais la sensation. Marcher sur des corps, le sang jusqu’au mollet, cette sensation est horrible.» Son visage grimace, puis se referme. Il dit : «Mon problème, c’est d’avoir survécu.»Joseph Anticevic, 47 ans, est un survivant du Bataclan. Une ou deux balles ont transpercé sa chemise, au niveau de la taille, passant à quelques millimètres de sa chair. Sa femme, Armelle, a été tuée. Elle est tombée devant ses yeux alors qu’ils essayaient de se sauver, juste avant l’assaut policier. «J’ai cru qu’elle avait trébuché.» Dans la précipitation, ils sont séparés. Il la cherchera quatre-vingt-seize heures. Une attente interminable que nous avions racontée. Que le Bataclan rouvre aujourd’hui ses portes le rend complètement dingue. «Je tourne en rond depuis une semaine. Cette idée que des gens puissent faire la fête à l’endroit où elle a été assassinée, je ne peux pas le supporter. J’ai la rage.» Il voulait se pointer à l’ouverture avec une pancarte «Bon concert, amusez-vous bien». Ses amis l’ont dissuadé : «A quoi bon. Laisse faire, les gens sont passés à autre chose. Calme-toi, Jo.»

Jo, comme tout le monde l’appelle (exception faite de sa mère) est un colosse de 111 kilos. Des mains comme des palmes, souvent serrées. La voix qui porte, une grande gueule, la tchatche facile. Sans filtre. Aujourd’hui, il a besoin d’être écouté. «Je veux raconter, que les gens sachent, j’en ai besoin. Personne ne doit oublier ce qu’il s’est passé.» Il serre les dents et les poings. Son corps entier lui fait mal. Le dos, les jambes, comme si chacun de ses muscles était contracté en permanence par la colère. «Cette haine que j’essaie de contenir de toutes mes forces à chaque instant, je ne peux pas la cracher, je ferais peur à tant de monde. Mon discours dérange.» Il se dit lui-même «inécoutable», les mots «fraternité» et «vivre ensemble» lui donnent la nausée. «Comment supporter ces pseudos excuses socio-économiques qu’on trouve à ces fachos qui ne veulent pas de notre façon de vivre ? Ils m’ont tout volé. Celle que j’aimais, celui que j’étais. Bientôt, on va me dire qu’on n’aurait pas dû aller à ce concert.» Il parle de cette société dans laquelle il ne se reconnaît plus, de ces discussions qu’il n’arrive plus à tenir parce que les gens «de toute façon ne peuvent pas comprendre». Il mime avec un certain talent (on a ri) ces personnes bien intentionnées qui posent leurs mains sur les siennes et disent avec compassion : «Sois fort, Jo, tiens bon. Pour les enfants.» «Comme si j’avais le choix, comme si je pouvais m’écrouler.» Ou bien ces «salut, ça va ?» que l’on dit par automatisme, forcément maladroits. Parfois, il arrive à répondre avec humour : «Oui, écoute, là, ça va super bien. Comment te dire, au top.» D’autres fois, il collerait bien des pains.
En juin, l’année scolaire terminée, Jo et ses deux enfants de 12 et 14 ans ont quitté Paris pour le Sud. Les gamins voulaient fuir, retrouver l’anonymat. «Peut-être, un jour, on reviendra. On était content de partir, on en avait besoin. Surtout eux, c’est vachement dur. Depuis qu’ils sont ici, ils respirent, ils ont moins peur.» Ils ont poussé comme des tiges en quelques mois. «Le soleil, le changement d’air», sourit Jo. Il loue une belle maison, avec de grandes baies vitrées et une statue dans le jardin. «Le beau me calme. C’est la seule chose qui me fait un peu de bien. Je me démerde pour que les enfants ne manquent de rien. Ils ont perdu l’essentiel.» Il montre un oranger, près du portail. Un cadeau de copains, en souvenir d’Armelle. Il a plein de petites pousses, alors qu’il battait de l’aile à Paris. «J’ai fait tellement d’efforts pour avoir une belle vie de famille. A quoi ça a servi ? A rien. On vivait un truc magnifique avec Armelle. Pour en arriver là. Je survis pour mettre les enfants sur les rails, c’est tout.»

Tout a perdu son sens. Son boulot – il organise des croisières pour amoureux sur la Seine. «C’était une idée d’Armelle, River limousine. Un projet de couple. Seul, quel intérêt ?» Il n’a pas envie de s’étendre sur les galères administratives qui ont jalonné son année. Il y a pourtant à dire. Les façons de faire du Fonds de garantie des victimes de terrorisme, suspicieux sur tout, «comme si ton but dans la vie, c’était de les entuber». Un pote avocat se bat pour lui obtenir davantage que la somme proposée, mais lui ne se fait aucune illusion. «Toutes ces promesses d’une réparation juste, blabla, c’était du vent.» Il pourrait aussi raconter le manque de tact, notamment à l’école. Quand il a dû se battre comme un lion, jusqu’à faire appel au ministère, pour que la petite soit dans le même établissement que son frère, parce que le rectorat ne voulait pas accorder de dérogation. Ou cette prof qui n’a rien trouvé de mieux que de lui répondre «on a tous des problèmes» à propos des notes en chute libre de son fils au printemps. Les enfants sont pupilles de la nation, «mais dans les faits, toujours pas. Apparemment, ils sont débordés. Ça fait juste un an !» Il préfère sourire en repensant à cet appartement HLM qu’on lui a proposé… en face de l’une des terrasses attaquées le 13 Novembre.
Issues de secours
Il part farfouiller dans son bureau, en revient avec une feuille griffonnée. Quelques phrases, des choses à ne pas oublier de dire. Sa vie «cramée»,cette «cicatrice qui ne se refermera pas», «l’importance des amis, de ceux qui restent». Il parle de ces choses difficiles que les familles endeuillées connaissent, quand viennent les dates anniversaires, les fêtes de famille. Le manque charnel de l’être aimé. Les odeurs. Les photos disséminées dans la maison, sans savoir s’il vaut mieux en rajouter ou en enlever. Ces kilomètres avalés dans la nuit pour se recueillir sur la tombe d’Armelle, à Paris, parce que les enfants ont besoin de lui parler. «Ces trucs que tu découvres quand tu te retrouves seul avec tes gosses.Quand ta fille te dit qu’elle a envie de faire du shopping.»Cette angoisse que partagent tous les parents célibataires : «Ne pas pouvoir tomber malade, parce qu’ils n’ont que toi.»
Et puis, il y a l’indicible, ce qui relève du traumatisme de l’attentat. «Les psys, je crois qu’ils ne savent pas vraiment gérer, ils ne sont pas préparés à ça.» Cela dit, il adore son nouveau psychiatre, «un homme extraordinaire. Le seul à m’avoir dit la vérité : je ne m’en sortirai jamais». Il a tenté la fameuse méthode EMDR, fondée sur le mouvement des yeux. «Ça m’a permis d’évacuer quelques images, mais il y en a tellement.» Il pense souvent à ces soldats qui ont vécu la guerre, aimerait les aider. En parlant, les images reviennent. «J’ai tout vu. Les corps tomber les uns après les autres. J’étais allongé comme ça» : il s’étale au milieu de son salon, sur le dos. «J’arrêtais pas de me dire, « putain mais ça va s’arrêter ». Mais non, ça continuait.» Il s’empare de notre calepin pour dessiner le plan de la salle. «On aurait dû s’enfuir tout de suite par là, suivre ce videur qui avait pigé. J’ai pas eu cet instinct. J’aurais dû l’avoir.» Il serre les poings. «Maintenant, je sais faire. Je ne me ferai plus avoir. Je suis prêt, mes enfants aussi.» Il dit ne pas vivre dans la peur, mais repère les issues de secours dès qu’il arrive quelque part. Il ne prend plus de TGV, «des souricières». Conseille un «bouclier. Avoir toujours un bouclier».Un bureau renversé, un humain, à défaut. La nuit reste le moment le plus difficile. Dormir le terrifie, «parce que dans ces moments-là, malgré moi, je relâche. Je ne suis plus sur mes gardes».
Marie Piquemal
Source :
http://www.liberation.fr/france/2016/11/11/cette-haine-que-j-essaie-de-contenir-de-toutes-mes-forces_1527804

happywheels

14 Commentaires

  1. gozou dit :

    un petit concert et hop ca repart..moi a ca place je prend un calibre et fait justce moi meme..quitte a aller en prison descendre un radicalisė et le finir…police partout..justice nul part..tel hai

  2. capucine dit :

    le vivre ensemble c’est le gouvernement qui nous l’impose et il faut faire avec même si nous ne sommes compatibles avec leur coran et leur islam politique ! ils diffusent la haine et les meurtres des mécréants à grandes échelles !! nous devons rejeter les djihadistes hors du sol français ! ils doivent assumer leur idéologie jusqu’au bout et rester en Syrie définitivement et tomber sous les balles des snipers

    • David dit :

      Alors bravo vous avez raison ces gens n’ont rien de commun avec nous….il faut faire de leurs vies un enfer pour qu’ils dégagent de France.

  3. CHARLES dit :

    A SAVOIR : L’INVENTEUR  » LES HOMMES NAISSENT LIBRES ET ÉGAUX EN DROIT » LORS DE LA RÉVOLUTION CONTRE LE COLONISATEUR (1732/1735 ) CONSTITUTION CORSE 1735 & PREMIÈRE CONSTITUTION DÉMOCRATIQUE AU MONDE 1755 SOUS PASCAL PAOLI 1755/1769 ,IL ÉTAIT FAIT MENTION DE LIBERTÉ-ÉGALITÉ , REPRISE PAR LA CONSTITUTION AMÉRICAINE 32 ANS APRÈS CELLE DE CORSE (auteur principal Thomas Jefferson) , LA FRANCE 34 ANS APRÈS LA CORSE AYANT RAJOUTÉ  » FRATERNITÉ  » …CETTE FRATERNITÉ NOUS VOYONS CE JOUR EN QUEL ÉTAT EST LA FRANCE … NE PAS CONFONDRE AVEC LES USA AYANT ÉTÉ FORMÉ INITIALEMENT PAS DES EUROPÉENS , S’ÉTANT RAJOUTÉ ( JE NE PARLE PAS DES NOIRS LÉGITIMES QU’ON EST ALLÉ CHERCHER ) MAIS DES AUTRES ORIGINES SUD AMÉRICAINES, MUSULMANES ET AUTRES DONT CERTAINS POUVANT POSER PROBLÈMES !. LA FRATERNITÉ À LA FRANÇAISE AURAIT DU S’ARRÊTER DÉS LA DÉCOLONISATION , ALORS QUE CE JOUR DE L’APRÈS DÉCOLONISATION, CETTE  »FRATERNITÉ » EST DEVENUE REVENDICATIVE AU POINT OU LA FRANCE SUBIT LES US ET COUTUMES D’AUTRUI ET PLUS ENCORE MANIFESTATIONS DÉCADENTES DE RUES ET DES MASSACRES ….DE PLUS, ON NOUS IMPOSE UNE SECTE DE NOM ISLAM N’AYANT AUCUNE RAISON D’ÊTRE EN NOTRE PAYS , DITES RELIGION AU MÊME TITRE QUE LES AUTRES , MAIS NON REPRÉSENTATIVE AU SENS DU TERME VU SEUL BOSS ALLAH !.

  4. Golmon dit :

    Moi c,’est comme gozou , on aurait tué un de mes enfants..c’est un billet direct pour la turquie,un passeur pour rakka,un ralliement aux kurdes et une boucherie dans les rangs de daesh pour m’apaiser !
    Pas d’autre thérapeutique envisageable

    • josué bencanaan dit :

      si cela devait m’arriver, perdre un proche, je n’aurai pas a aller en Turquie, je ferai une descente dans certain quartier en France et encore cela ne suffirai pas a m’apaiser.

      Car eux aussi les racailles de banlieue sont aussi complice, comme une tres large majorité de musulmans en France.

  5. Ben dit :

    Je n’ai pas de mots face a autant de souffrance. Soyez fort Monsieur Anticevic. Paix a votre bien aimée

  6. roni dit :

    gozou,Golmon,josue bencanaan

    ce n est pas comme cela il faut faire il faut s en prendre aux proches des terroristes en generale ils sont en europe france belgique.

    • gozou dit :

      mais protėgė pars la police…c’est des indic!!!..les fichė »s »..il taffe avec les condės..ici c’est fatima chez tati..donc alice au pays des merveilles…

      • roni dit :

        ceux sont des indics comme Merah il a etait tellement protege lors du siege de son appartement il a reussi a sortir puis a revenir sans que keufs s appercoivent.

        pour un secher un de ces cafards il nous avez dit ALLAH… et il est tombe avec les yeux revulses rue charlemagne a paris cetait il y a plusieurs annees.
        il faut faire la loi du talion

  7. Lio de France dit :

    Joseph Anticevic, Joseph comme le père de Jésus, l’homme qui a toujours essayé de protéger sa sainte famille, mais qui n’a pas pu empêcher des hommes cruels de tuer son fils unique qui était l’innocence même. Mais Joseph a su puiser des forces dans sa douleur qu’il a offert à son Créateur. Car, quand on a tout perdu, il nous reste toutefois nos larmes et nos gémissements à offrir à Dieu qui déverse en contrepartie sa miséricorde de façon surabondante. Mieux que la visite chez un adepte du docteur Freud, moins coûteux et plus productif de paix et de sérénité est notre supplication adressée à la seule Personne Qui peut faire des miracles parce qu’Il est, était et sera pour toujours. Frère Lionel.

  8. Lys dit :

    Merci modé pour ce témoignage. Je ne connaissais pas celui là…
    Pauvre homme, pauvres enfants… J’ai un gros pincement au cœur. Mes mots seraient vide de sens face aux émotions qu’on peut ressenti face à ce drame.
    Si Marianne se meurt, la France se meurt avec elle.

  9. josie dit :

    le temoignage de ce monsiur m emeut profondement et je pense exactement comme lui comment eprouver de la fraternite pour des crevures qui viennent assassiner les notres sur notre territoire et que le gouvernement gauchiste constinue a appele « français » honte a la gauche bien pensante qui vit ds les beaux quartiers, la gauche caviar , que sait elle du vrai peuple français le citoyen lambda qu on oblige a continuer a vivre avec une épée de Damocles sur la tete a entendre l imbecile heureux valls continier a clamer qu il y en aura d autres des morts ça me donne envie de vomir c est son boulot dempecher tout ça mais il s en fout lui et sa clique meitent le tribunal pour non assistance a personne en danger

  10. Mass-Waysenson Héléna dit :

    Quel témoignage poignant
    Je me garderai bien de donner un conseil »
    Je vous entends et Je compatis et Je souhaite de tout mon coeur que vos enfants vous aident à cicatriser vos plaies
    J’ai 80 ans et Je me place à vos côtés

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