L’attaque du Hamas contre Israël a décomplexé l’antisémitisme chez les jeunes

Une enquête révèle la montée de l’antisémitisme en France, notamment chez les jeunes générations. Ce sont 76 % des Français qui remarquent la propagation de ce phénomène.
Ce sont des données inquiétantes. Une enquête réalisée par l’Ifop pour l’antenne française de l’American Jewish Committee (AJC Paris), en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), dévoile une série de données montrant la montée de l’antisémitisme en France. 76 % des Français constatent « la force de l’antisémitisme en France ». Simone Rodan, directrice de l’AJC Europe, explique ce phénomène par la « propagation et une normalisation de l’antisémitisme qu’on connaît depuis deux décennies, et qui se confond avec le rejet d’Israël ».

Les attentats du Hamas perpétrés sur le sol israélien le 7 octobre dernier n’ont pas inversé la tendance. « On aurait pu s’attendre à un élan durable d’empathie et de solidarité, ça s’est très vite retourné. C’est une constante déjà observée après la tuerie à l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012 : chaque tragédie contre les juifs libère les passions antisémites », souligne Simone Rodan.
L’antisémitisme s’est également fortement développé au sein de la jeunesse. Cela s’est notamment manifesté par les blocages un peu partout en France à Sciences Po et d’autres universités. « Il y a chez certains étudiants une relative insensibilité aux victimes du 7 octobre, au nom de ce qui arrive depuis aux Gazaouis », assure Dominique Reynié. « Pas sûr qu’en septembre prochain, beaucoup d’étudiants juifs aillent dans cette école, anticipe la patronne de l’AJC Europe. Autour de moi, je sais que certains hésitent, terrorisés par ce climat. Est-ce normal, en France, d’avoir peur d’aller en cours ? » ajoute-t-elle.

Chez les moins de 25 ans, ils sont 35 % à légitimer les agressions envers les juifs en raison de leur soutien supposé à Israël. « Chez les jeunes générations, exposées au déversoir des réseaux sociaux, l’antisémitisme devient ordinaire. Si l’on ne met pas en place des politiques publiques vigoureuses, à l’école, à l’université, on va laisser s’installer une société antisémite », décrypte Dominique Reynié.
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