«La prise de conscience du phénomène islamiste n’a pas eu lieu» : le cri du cœur de Victor Rouart rescapé du Bataclan, neuf ans après
Neuf ans après les attaques du 13 novembre 2015, Victor Rouart, rescapé du Bataclan, tire la sonnette d’alarme. Si des moyens matériels ont été déployés, il déplore une « soumission idéologique » face à l’islamisme. Selon lui, une révision profonde est indispensable pour protéger la société française.
Le 13 novembre 2015 reste gravé dans l’histoire comme un des jours les plus sombres de la France. À Paris et Saint-Denis, des commandos djihadistes ont causé la mort de 130 personnes et au moins 350 blessés. Victor Rouart, rescapé du Bataclan, se souvient avec douleur de cet événement tragique, comme il l’a confié au Figaro le 13 novembre 2024 et évoque une souffrance qui perdure : « Chaque année, l’émotion revient à l’évocation de cet évènement et la douleur qu’il a engendrée. ». Il s’inquiète également de la persistance de la menace islamiste en France et de la « soumission idéologique » de la société française face au déploiement à grande échelle de l’islam radical sur le territoire national.
De nombreuses villes – Nice, Arras, Strasbourg – ont été frappées par des attentats ces dernières années, révélant un phénomène qu’il qualifie de « djihadisme d’atmosphère ». Cette radicalisation diffuse se manifeste par des actes isolés mais meurtriers, souvent perpétrés par des individus connus des autorités. « Comment ne pas être en colère lorsqu’on sait que chacun de ces drames aurait pu être évité ? » s’interroge-t-il. Et de dénoncer le fait que « même au plus haut niveau de l’État, la prise de conscience ne semble pas avoir eu lieu. »
Une « soumission idéologique »
Si la France a renforcé ses moyens juridiques et sécuritaires, Victor Rouart estime que le combat contre l’islamisme reste incomplet sur le plan idéologique. Selon lui, un manque de lucidité persiste face à l’expansion de cette idéologie sur le territoire. Il critique notamment une approche qu’il juge trop tolérante, voire coupable de « soumission idéologique ». À titre d’exemple, il pointe les propos du président Emmanuel Macron au Maroc sur la colonisation d’Al-Andalus, qu’il qualifie de « maladroits ».
Cette tolérance excessive, incarnée selon lui par le slogan « Vous n’aurez pas ma haine », entrave une action ferme contre l’islamisme. « Nous – les Occidentaux – avons été tellement culpabilisés par un antiracisme dévoyé que nous n’osons pas attaquer le phénomène », déplore-t-il. Il accuse les Frères musulmans de tirer parti de cette culpabilité pour s’implanter dans les sphères sociales et culturelles. Pour lui, il s’agit d’un enjeu majeur que la France et l’Europe ne peuvent plus ignorer.
Un « suicide européen »
Victor Rouart critique également les contraintes juridiques qui freinent la lutte contre l’islamisme. Il évoque des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui empêchent l’expulsion de personnalités radicalisées sous prétexte qu’elles risquent la peine de mort dans leur pays d’origine. « J’y vois là un suicide européen inquiétant », alerte-t-il.
Il dénonce par ailleurs les financements européens à certaines associations ou institutions qu’il accuse de promouvoir une idéologie contraire aux valeurs occidentales. « Quand on sait quelles sommes sont versées pour ce genre de choses par l’Union européenne, on a de quoi se demander si l’ampleur du problème a été mesurée », ajoute-t-il. Il cite notamment un accord Erasmus signé avec une université turque affiliée à des mouvements islamistes, illustrant selon lui le manque de vigilance des institutions européennes.
L’urgence d’une réponse forte et coordonnée
Pour Victor Rouart, il ne s’agit pas seulement de répondre aux attentats passés, mais de prévenir les futurs. « Nous ne devons pas baisser les bras et être capables de défendre nos valeurs, ce que nous incarnons », martèle-t-il. Selon lui, cela passe par un réarmement idéologique et moral face à une idéologie qu’il qualifie de totalitaire. Il critique également les gestes symboliques comme l’allumage de bougies ou le chant de « Imagine » de John Lennon, estimant qu’ils ne suffisent pas à lutter contre une menace bien réelle.
Pour inverser la tendance, Victor Rouart appelle à une mobilisation accrue, tant au niveau national qu’européen. Ce combat nécessite non seulement des moyens matériels, mais aussi une remise en question profonde de la manière dont l’islamisme est perçu et combattu. « La surenchère de la tolérance ne doit pas conduire à l’inaction », conclut-il, insistant sur l’urgence d’une réponse forte et coordonnée pour protéger la société française et ses valeurs fondamentales.
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