La pièce posthume de Charb jouée au Off d’Avignon sous haute surveillance

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Le texte de Charb, « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes », refusé initialement par plusieurs théâtres d’Avignon, s’est joué vendredi soir au Théâtre de L’Oulle pour la première de cinq représentations sous haute surveillance.
« La salle a été fouillée ce matin par la brigade anti-terroriste, et les accès sont strictement surveillés », a précisé le directeur du théâtre Laurent Rochut à l’AFP.
Un car de CRS est garé à proximité et toutes les entrées du théâtre, sur la place Crillon, très animée, et dans la ruelle derrière le lieu de spectacle sont gardés.
Deux vigiles embauchés par le théâtre procèdent à une double fouille des sacs, avant que les spectateurs puissent enfin s’assoir dans la petite salle de 194 places.
Le Théâtre de L’Oulle s’est proposé en avril dernier après le refus de deux théâtres avignonnais pour accueillir la lecture du texte posthume de Charb, finalisé le 5 janvier 2015, deux jours avant l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo dans laquelle il a été tué.
Le texte, qui a donc été publié après la mort de Charb dans la tuerie qui a fait 12 morts au siège de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, a été présenté de manière plutôt confidentielle une dizaine de fois dans des médiathèques, salles municipales ou centres culturels.
L’annulation d’une représentation par l’université Lille 2 en mars dernier « par crainte de débordements », selon son recteur, avait soulevé une polémique.
D’autant que le spectacle n’a pas été retenu par les deux théâtres du Off approchés, la Manufacture et L’Entrepôt.

– Charb a sa place dans le Off –
Les responsables du spectacle, le comédien et metteur en scène lillois Gérald Dumont et la directrice des ressources humaines de Charlie Hebdo Marika Bret avaient alors dénoncé une « censure sécuritaire ».
Pour leur part, les directeurs des deux théâtres concernés ont invoqué des raisons artistiques et la faiblesse du dossier présenté. Le directeur de la Manufacture Pascal Keiser a nié fermement avoir cédé à une crainte de type sécuritaire, soulignant qu’il a programmé du 6 au 11 juillet une pièce sur les dernières heures du jihadiste Mohamed Merah (« Moi, la mort, je l’aime comme vous aimez la vie »), contestée depuis par les avocats de proches de victimes.
Pour Laurent Rochut, directeur de L’Oulle, « il était inconcevable que Charb ne trouve pas sa place dans le Off ».
Davantage qu’une véritable pièce, le spectacle propose une lecture par Gérald Dumont du texte de Charb, accompagné de vidéos et de dessins.
Le public, acquis aux idées du dessinateur, rit aux dessins davantage qu’au texte plutôt austère, qui défend une laïcité intransigeante et pourfend toutes les religions.
« Aux chiottes toutes les religions », proclame un dessin projeté sur l’écran. Un autre dessin, « un débat sur la laïcité, c’est aussi chiant que la messe » déclenche les rires, alors qu’un débat est justement prévu à l’issue du spectacle.
« Je reconnais que les dessins peuvent être choquants pour certains, mais ça permet de poser des questions, même si c’est virulent », a confié à l’AFP Jean, Avignonnais de 35 ans venu voir le spectacle.
« C’est essentiel pour la liberté d’expression que la pièce ait pu être jouée », renchérit Joris, 32 ans.
Dans le débat qui suit la représentation, Marika Bret retrace la carrière de Charb, depuis les 16 ans où il avait « deux rêves, rencontrer Cabu et entrer à Charlie Hebdo ». Un hommage partagé avec émotion par la salle pleine de ce premier soir.
« Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes » du 14 au 18 juillet 23h30.
Source :
http://www.la-croix.com/Culture/piece-posthume-Charb-jouee-Off-Avignon-haute-surveillance-2017-07-15-1300863110

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