«Je t’étranglerai avec le drapeau d’Israël» : à Nice, un influenceur condamné pour apologie du terrorisme et menaces de mort sur Christian Estrosi

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Par Nicolas Daguin
Il avait pris fait et cause pour les terroristes du Hamas et insulté copieusement le maire de Nice dans deux vidéos publiées mi-octobre sur TikTok. Jugé lundi après-midi, le jeune homme a expliqué être «peace and love» et n’avoir cherché qu’à faire le buzz.
Le Figaro Nice
La fin justifierait donc les moyens. Quels qu’ils soient, notamment sur les réseaux sociaux, TikTok en particulier et sa quête grotesque du buzz à tout prix. Grotesque mais aussi dangereuse. En témoigne la méthode retenue par Oussema F. pour grappiller quelques milliers de vues, d’euros et d’abonnés. Une technique qui l’a conduit tout droit devant le tribunal correctionnel de Nice. Cet «influenceur» de 26 ans, d’origine italienne et qui vit à Antibes avec femme et enfants, s’est servi des réseaux sociaux pour «monétiser la haine qu’il propage», selon les mots d’un des avocats de la partie civile.
Lundi après-midi, le jeune homme était jugé pour «apologie publique d’un acte de terrorisme», «provocation à la haine ou à la violence», «outrage sur une personne dépositaire de l’autorité publique» et «menace de crime ou de délit à l’encontre d’un élu public». Autant de charges retenues contre lui après la diffusion de deux vidéos publiées sur ses comptes TikTok – qui cumulent une quarantaine de milliers d’abonnés – dans le courant du mois d’octobre. Sur ces séquences, d’une violence verbale effrayante, le mis en cause était revenu sur le conflit israélo-palestinien, prenant fait et cause pour les terroristes du Hamas. «Bref, bisous et force au Hamas, si Dieu le veut ils vont refaire une attaque», avait-il notamment déclaré en arabe avant de s’en prendre aux soutiens d’Israël.
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«Peace and Love»
Le maire de Nice, Christian Estrosi, qui n’a jamais caché sa solidarité envers le peuple hébreu, en faisant par exemple flotter le drapeau israélien sur le fronton de la mairie, avait alors été la cible des insultes et menaces d’Oussema F. «Drapeau d’Israël mes coui…, demain je l’enlèverai et t’étranglerai avec puis le mettrai dans ton c…! Demain ta mère la p… on va la niq… facho», avait-il exprimé, entre autres obscénités. En vue d’une manifestation propalestinienne sur la Baie des Anges, l’homme avait aussi annoncé quelque chose d’«historique». «On n’est pas des gilets jaunes, samedi la France elle va…», avait-il bredouillé sans plus s’avancer, laissant planer le doute autour d’un potentiel acte terroriste.

Le 22 octobre, les vidéos avaient fait l’objet d’un signalement par la plateforme Pharos, chargée de détecter les contenus et comportements illicites sur internet. Après quelques investigations, le «TikToker» – boucher au chômage dans la vraie vie – avait été interpellé à son domicile le 8 novembre et placé en garde à vue pour 48 heures. Lors de ses auditions, il avait aussitôt reconnu les faits, confessant avoir cherché le buzz sans mauvaises intentions. «J’ai pensé à faire mes vues sans réfléchir», avait-il alors lâché aux enquêteurs. Avec un culot sans limite, ce musulman non pratiquant, qui revendique boire et fumer, s’était même défini comme «peace and love». «Je n’ai aucune haine envers le maire de Nice et la ville. Je dis juste des insultes en rebeu (arabe, NDLR) pour faire rire. Je me force à m’énerver et à crier sur mes vidéos», avait-il encore confié. Un «boute-en-train» qui avait tout de même été condamné à trois reprises ces six dernières années, pour détention de stupéfiants, refus d’obtempérer et des violences sur un policier.
À l’audience, lundi, devant les questions du président, le prévenu a formulé quelques excuses, assurant qu’il n’avait pas mesuré la portée de ses propos et que de toute façon, il ne s’agissait que de «faire rire» pour gagner en notoriété sur le réseau social. En guise de bonne foi, ce dernier a soutenu qu’il ne savait même pas que le Hamas était une organisation terroriste. Et d’ignorer jusqu’aux couleurs de son drapeau. «J’ai pris conscience de ce que j’ai fait, je m’excuse. Ça aurait pu causer des choses graves», a-t-il bredouillé depuis le box des accusés. «Vous nous dites que vos vidéos ne sont ni idéologiques ni politiques. Si le maire de Nice avait imposé un drapeau palestinien sur le fronton de la mairie, vous auriez fait le même contenu ’’humoristique’’?», lui a demandé Me Adrien Verrier, le conseil de Christian Estrosi. Réponse du concerné : «Non, je pense que je n’aurais rien dit».
Me Verrier : «Il y a donc bien une prise de position ?»
Le prévenu : «Je ne prends parti pour personne, mais oui… j’aurais pas fait de vidéos.»
Cynisme
Le procureur, à son tour, s’est interrogé : «En postant ce que vous avez posté, vous ne vous êtes pas dit que ça attiserait les violences ?» Et l’homme de lui répondre, de façon détachée, qu’effectivement, «ça aurait pu être grave. J’ai pris conscience en retard.» En l’occurrence en garde à vue. «Ces vidéos sont la racine d’actes extrêmement graves, d’actes antisémites, d’attentats», a plaidé Me Louis Bensa, avocat de la Licra Côte d’Azur, partie civile dans ce dossier. Et son confrère du Crif Me David Rebibou de pointer le «cynisme assumé du prévenu qui reconnaît ouvertement avoir arrêté ses vidéos parce qu’il a été interpellé.» Et qui reconnaît sans détour s’être exprimé en arabe dans les deux séquences et non en français pour éviter la censure du réseau social. Autrement dit, il n’ignorait pas la violence de son propos. «Des mots qui peuvent blesser autant que des armes et des couteaux, a enfoncé Me Verrier.
L’avocat de Christian Estrosi a tenu à alerter le tribunal sur le caractère «réfléchi» des actes du prévenu, qui a réitéré en produisant non pas une, mais bien deux vidéos. «Et aujourd’hui, comme par miracle, on a affaire à une personne transfigurée, qui élude les opinions et les convictions qu’elle a pu avoir. On s’aperçoit surtout que cette personne tente le tout pour le tout afin d’évacuer un risque pénal !» Le procureur a requis dans la foulée 18 mois de prison, dont six de sursis probatoire, avec obligation de trouver du travail et de suivre un stage de citoyenneté. «Il a violé son droit de citoyen en usant de la liberté d’expression de la sorte», a commenté le représentant du ministère public. À titre complémentaire, une interdiction d’exercer une activité professionnelle sur les réseaux sociaux a été requise pour cinq ans.
S’appuyant sur le jugement du joueur de l’OGC Nice Youcef Atal – pour des faits quasi similaires – au même moment dans une salle voisine du tribunal, l’avocate d’Oussema F. a estimé que son client ne pouvait pas porter à lui seul «la montée de la violence dans notre société.» «Ce serait plutôt la faute des politiques, des “sachants”, de ceux qui détiennent les médias et qui ont un vrai poids», a-t-elle plaidé. Et Naïma Vand Der Beken de conclure : «Monsieur ne doit pas servir d’exemple. L’exemple doit être réservé à ceux qui ont de l’influence.»
Au terme d’une délibération de plusieurs heures, le boucher «TikToker» a été déclaré coupable de l’ensemble des infractions et condamné à 18 mois de prison dont six mois de sursis probatoire. Une peine aménageable. Le tribunal a aussi retenu l’interdiction de travail sur les réseaux sociaux pendant cinq ans ainsi que l’accomplissement d’un stage de citoyenneté. N’en déplaise à Me Van Der Beken, l’exemplarité de la peine définitive sera diffusée dans Nice Matin pendant sept jours. Les influenceurs en herbe sont prévenus. À condition bien sûr, qu’ils daignent ouvrir le journal…
Source
Le Figaro

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