Ivan Rioufol: «Antisémitisme, sortir du mensonge d’État»

CHRONIQUE – Les manifestations contre l’antisémitisme resteront d’inutiles rituels si le gouvernement continue à fermer les yeux sur les réelles causes de ces actes.
Un mensonge d’État obscurcit le visage du nouvel antisémitisme. Une désinformation laisse accroire que l’extrême droite infecte encore l’atmosphère. C’est ce que le chef de l’État a suggéré, en juin, en comparant le populisme à une «lèpre qui monte». Son ministre Gérald Darmanin a tiré la même ficelle en parlant d’une «peste brune» défilant sur les Champs-Élysées sous des gilets jaunes. Lundi, l’écrivain Bernard-Henri Lévy, tout à sa démolition du mouvement populaire lancé le 17 novembre, a enfoncé le clou sur le retour aux années 1930: «L’antisémitisme […], c’est le cœur du mouvement.»
Voilà donc les Oubliés sommés de rentrer sous terre, à peine ont-ils décidé de revivre. Or le coupable n’est pas ce plouc décérébré décrit par les faux témoins: ils dénoncent la haine en s’y vautrant. Mercredi, au dîner du Conseil des institutions juives (Crif), Emmanuel Macron a néanmoins admis la responsabilité de l’antisionisme et de l’islamisme radical. Ses yeux s’ouvriraient-ils?
L’État rechigne à parler clair. Mardi, Bruno Le Maire a récusé l’existence d’un «nouvel antisémitisme». La commodité permet au ministre de s’épargner de fouiller les responsabilités de l’extrême gauche et de l’islam politique. Ce relativisme est aussi celui du premier ministre. Dans L’Express, Édouard Philippe estime «vain de distinguer» entre les antisémitismes, en édulcorant les faits. Or l’anticapitaliste, l’antisioniste et l’islamisme sont les masques derrière lesquels s’abritent ceux qui crachent sur les juifs, quand ils ne les tuent pas au nom du Coran.
La gauche qui ne voit pas le problème
Ne pas désigner ces causes revient à les dissoudre. C’est un islamiste, revêtu d’un gilet jaune, qui a injurié Alain Finkielkraut, samedi à Paris. «Elle est à nous la France!» lui a lancé la canaille en sommant le philosophe de quitter le pays. Ceux qui ont vu dans cette phrase l’influence franchouillarde ne veulent pas entendre ce propos pour ce qu’il est: la revendication d’une subversion et d’une appropriation territoriale par l’islam conquérant. La peste verte est là.
Les manifestations contre l’antisémitisme resteront d’inutiles rituels prisés par les pompiers pyromanes, tant que les esprits ne se libéreront pas du conformisme qui aveugle. Le choix d’Olivier Faure (PS) de ne pas inviter le RN, mardi place de la République (20.000 personnes), illustre la corruption intellectuelle de ces pères la morale. Ils se trompent sciemment de cible, de peur de stigmatiser l’électorat musulman. Mais c’est lui faire injure que de le croire incapable de se désolidariser des judéophobes.
«Apparaît aux yeux du monde une France défigurée par 40 ans d’omerta et de dénis sur les conséquences causées par une immigration de masse, une islamisation des cités, un renoncement à intégrer»
Le reliquat de la droite extrême qui gangrène les manifs n’a rien à voir avec le parti de Marine Le Pen. Il n’est plus possible de soutenir qu’elle-même aurait gardé des liens avec les sulfureuses nostalgies paternelles. La mouvance dieudonno-soralienne (Dieudonné et Alain Soral) est une bouche d’égout qui s’exprime dans des graffitis de toilettes publiques. L’association ressemble aux formations islamo-gauchistes parrainées par des communistes, des écolos, des Insoumis et autres Tartuffe présents mardi.
Le patron du PS, autopromu arbitre des élégances, reproche au RN de n’avoir pas rompu avec la «fachosphère», ce qui ne veut rien dire. Plus sérieusement, BHL et d’autres somment les «gilets jaunes» de se désolidariser de ceux qui pervertissent leur mouvement. Cette fois, ils ont raison. Mais ces sermonnaires devraient donner l’exemple, en chassant de leurs rangs les faux culs qui prêchent l’antisémitisme en côtoyant ceux qui l’attisent.
Après l’agression de Finkielkraut, Thomas Guenolé, idéologue de La France insoumise, a tweeté: «Cela fait des années qu’Alain Finkielkraut répand la haine en France. Contre les jeunes de banlieues. Contre les musulmans. […]. Etc. L’insulter […] est condamnable. Mais le plaindre, sûrement pas.» L’avocat Jean-Pierre Mignard, soutien de Macron et référence éthique pour la gauche, a commenté pour sa part: «[…] On s’émeut sur les plateaux […]. Là il (Finkielkraut) doit être content. Il le cherchait. On l’avait oublié. C’est réparé.» L’antisémitisme? Une partie de la gauche ne voit pas le problème.
France défigurée
Un pouvoir qui prétend être le rempart contre les «fake news» ne peut continuer à asséner des contre-vérités. Il est grand temps, par exemple, d’ouvrir le procès des prétendus mouvements antiracistes qui, au nom de la protection des minorités et de la culpabilisation de la France, ont couvé des monstres qu’ils ne maîtrisent plus. Il est insupportable d’entendre la secrétaire d’État Marlène Schiappa soutenir (Valeurs actuelles ) qu’il y aurait «une convergence idéologique» entre La Manif pour tous et «les terroristes islamistes». Le gouvernement ne peut se désoler de la montée des hystéries quand il insulte ceux qui lui tiennent tête. Apparaît aux yeux du monde une France défigurée par quarante ans d’omerta et de dénis sur les conséquences causées par une immigration de masse, une islamisation des cités, un renoncement à intégrer, une concurrence victimaire.
Mardi, 96 tombes juives du cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin) ont été profanées. Ce désastre n’est pas celui des «gilets jaunes»: ils sont les révélateurs des maux français. Les élites sont les responsables. Or elles voient maintenant de l’antisémitisme dans leur propre remise en cause! Ces gens-là osent tout pour durer.
«Le mouvement des “gilets jaunes” en tant que tel n’est pas antisémite», constate le chercheur Jean-Yves Camus (La Croix, mercredi). Le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure, Nicolas Lerner, assure pour sa part que les groupes d’ultradroite ou d’ultragauche n’ont pas réussi à s’imposer dans le mouvement. Dimanche, c’est pourtant une porte-parole des «gilets jaunes», Ingrid Levavasseur, qui a dû être exfiltrée d’une manifestation après avoir été insultée, tirée par les cheveux et bousculée par des membres de l’extrême gauche indigéniste, aux dires de la jeune femme.
Ce noyautage des «gilets jaunes» par l’islam radical et ses collaborateurs «antiracistes» n’est autre que ce qu’endure la France dans un silence forcé. Cette situation ne se réglera pas, pour l’État, en persistant à dénigrer les «gilets jaunes», mais en les aidant à se délivrer des coucous qui tentent de détourner leur légitime révolte démocratique. Affaire Benalla (suite). Grâce au Sénat, le rideau se lève sur les pratiques claniques de l’Élysée. Il en ressort que les mensonges du collaborateur du président ont été couverts au sommet de l’État.
Source :
http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2019/02/21/31003-20190221ARTFIG00334-ivan-rioufol-antisemitisme-sortir-du-mensonge-d-etat.php