Hystérisée par le conflit Israël/Hamas, la jeunesse de plus en plus politisée
Par Julien Tellier
La jeunesse serait-elle prise en otage ? Dans une tribune récente du Cercle Droit et Débat public publiée par nos confrères du Figaro, plusieurs auteurs s’inquiètent de la « politisation rampante de l’enseignement » et dénoncent une montée de l’antisémitisme dont la « cause principale [est due au] retour de la bête immonde [qu’]est l’islamo-gauchisme ». Plus que jamais présente au sein de la jeunesse – en particulier chez les 18/24 ans –, la question du conflit qui oppose Israël au Hamas occupe les lieux d’enseignement secondaires et supérieurs. Le 7 octobre est un véritable tournant. Interrogés par l’IFOP, 35 % des jeunes estiment qu’il est normal de s’en prendre à des personnes de confession juive en raison de leur soutien supposé ou avéré à la politique d’Israël.
47 % des 18-24 ans voteront pour le Nouveau Front populaire
Enseignant d’histoire-géographie dans un établissement REP (réseau d’éducation prioritaire) de l’Oise, Martin* témoigne, pour BV, des effets dévastateurs de cette hyperpolarisation sur ses élèves. Ce jeune fonctionnaire, qui souhaite garder l’anonymat, décrit des classes « parfois hystérisée » par le conflit au Moyen-Orient. « Les élèves reprennent des informations non vérifiées de TikTok, croyant à des fake news sans discernement. » Il constate une radicalisation des opinions qui dépasse le simple débat académique, souvent en faveur de discours anti-israéliens. « J’ai même le cas d’élèves qui sont allés jusqu’à arborer des symboles militants ou des keffiehs en classe sans comprendre la complexité de la situation », ajoute-t-il, visiblement préoccupé par l’ampleur du phénomène.
Les derniers sondages confirment cette tendance : 47 % des jeunes de 18 à 24 ans déclarent soutenir le Nouveau Front populaire, attirés par son discours critique des politiques occidentales vis-à-vis de la bande de Gaza. Cette influence des réseaux sociaux sur les jeunes esprits soulève des questions sur l’impartialité et la neutralité de l’enseignement public. Les jeunes, de plus en plus exposés aux discours simplistes et très partiaux, sont ainsi victimes des contenus dont ils s’abreuvent, renforçant une polarisation dangereuse pour la cohésion sociale.
Des cours qui deviennent de la « pure propagande » ?
Le ministère de l’Éducation nationale est critiqué pour son manque de réaction face à cette dérive. Les manuels scolaires, comme le souligne la tribune du Cercle Droit et Débat public, semblent favoriser une lecture biaisée des événements historiques et contemporains. Les auteurs dénoncent ainsi un sujet du bac d’histoire-géographie qui donnait « à certains élèves, par l’énoncé retenu, l’occasion de déverser leur haine d’Israël ». De son côté, notre enseignant déplore « des cours d’histoire-géographie, censés promouvoir une compréhension nuancée et factuelle du monde, qui deviennent, chez certains de [s]es collègues, de la pure propagande ». Cette situation, exacerbée par l’absence de réaction appropriée des autorités éducatives, menace de transformer l’école en un champ de bataille idéologique.
Pour cet enseignant de l’Oise, les conséquences sont claires : « Les élèves ne sont plus dans une logique d’apprentissage critique mais d’adhésion à des idées préconçues, estime-t-il. C’est alarmant pour l’avenir du débat public et de la démocratie. » Les responsables de l’Éducation nationale devront répondre de cette situation et envisager des réformes pour garantir une éducation véritablement neutre et objective. Une remise en question des manuels scolaires et des sujets d’examen pourrait être un premier pas vers une meilleure formation des jeunes, leur permettant de développer un esprit critique face aux informations qu’ils consomment.
*Le prénom a été modifié
Source
https://www.bvoltaire.fr