Grande-Synthe : prison ferme réclamée contre quatre membres du centre chiite Zahra
Ce vendredi, quatre « ex » membres du centre chiite Zahra de Grande-Synthe, dissous en mars 2019 pour son incompatibilité avec les valeurs de la République, comparaissaient devant le tribunal de Dunkerque pour une poursuite d’activité malgré l’interdiction prononcée par l’État.
Par Alexis Constant
« Les mêmes personnes dans les mêmes endroits à exercer les mêmes activités… Mais dire que cette fois c’est à titre personnel et privé c’est trop facile ». Le procureur de la République de Dunkerque, Sébastien Piève a réclamé des peines d’un an de prison ferme contre deux « ex » membres du centre Zahra. Un an de prison dont la moitié avec sursis a été requis contre deux autres membres. Surtout, le ministère public a réclamé la confiscation des locaux grand-synthois, un complexe de luxe.
Le centre chiite Zahra de Grande-Synthe a-t-il poursuivi ses activités de propagande après sa dissolution prononcée par le ministre de l’Intérieur le 20 mars 2019 ? Oui, pour le parquet le Dunkerque. Non, selon ses membres.
L’État avait dissous Zahra et sa constellation, France Marianne TV, le parti antisioniste et l’association chiite de France, estimant qu’il s’agissait d’une apologie du djihad armé et de la destruction d’Israël. Mais après la fermeture du centre, la préfecture a reçu le signalement d’une poursuite d’activité.
La PJ de Lille saisie de l’enquête a été appelée à surveiller le centre. Des va-et-vient ont été observés à fréquence régulière dans les locaux de Grande-Synthe. Des allées et venues encore plus marquées le vendredi aux heures de la prière.
Des réunions physiques qui se déroulaient alors que le lieu de culte était administrativement fermé. Lorsque les policiers ont perquisitionné le centre Zahra, ils ont saisi des photos montrant des rassemblements de plus de 100 personnes. « Des regroupements familiaux », explique Yahia Gouasmi, le fondateur de la structure. « J’ai plus de trente petits-enfants », ajoute-t-il. Alors les fêtes familiales, selon lui, ça monte vite en nombre. D’autant qu’il a fait du centre Zahra sa résidence personnelle.
Les quatre prévenus plaident tous des réunions familiales, des prières entre proches. La diffusion sur Internet de prêches dans les locaux de Zahra malgré la dissolution ? « Ça n’a aucun rapport avec le centre Zahra », explique un prévenu qui plaide le droit de pratiquer sa foi et de la partager. Tous dénoncent un acharnement. Quant aux vidéos toujours en ligne et datant d’avant la fermeture du centre, les prévenus clament d’une seule voix que personne ne leur avait demandé de les retirer. Ils pensaient que c’était à l’État de le faire. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 27 janvier.
Source :
https://www.lavoixdunord.fr/899712/article/2020-11-27/grande-synthe-prison-ferme-reclamee-contre-quatre-membres-du-centre-chiite-zahra
Elie Hatem, avocat de Yahia Gouasmi et Jamel Tahiri, a fustigé une politisation de ce dossier due, selon lui, au « lobby sioniste »
Le parquet de Dunkerque a requis vendredi des peines d’emprisonnement ferme contre quatre ex-dirigeants de l’association chiite « Centre Zahra France » à Grande-Synthe (Nord), soupçonnés d’avoir maintenu l’activité de cette structure légitimant le jihad et dissoute en 2019.
Le fondateur du centre Yahia Gouasmi, son fils et ex-trésorier Bachir Gouasmi et deux autres anciens dirigeants, Jamel Tahiri et Abdelkrim Khalid, avaient été interpellés le 15 septembre. Ils encourent trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende pour avoir continué à organiser « des activités de type prêches ou rencontres prêchées » sur place et sur les réseaux sociaux.
« Il n’y a pas d’immunité familiale! Nous retrouvons les mêmes personnes se réunissant dans le même lieu avant et après (la dissolution), avec le même matériel de propagande, pour diffuser le même discours », a déclaré le procureur de Dunkerque, Sébastien Piève.
Outre la confiscation du bâtiment et du matériel informatique saisi, ce dernier a requis un an de prison ferme à l’encontre de Bachir Gouasmi et Jamel Tahiri, en raison de leur casier judiciaire, et un an de prison dont six mois avec sursis contre Yahia Gouasmi et Abdelkrim Khalid.
De leur côté, les avocats des prévenus, Elie Hatem et Pierre Cortier, ont de nouveau dénoncé un « acharnement incompréhensible » et demandé la relaxe de leurs clients, assurant que ces derniers avaient seulement participé à des réunions « familiales ».
« Aucune preuve matérielle tangible ne prouve le maintien de l’activité sur internet » ou que « ces réunions étaient des prêches », a lancé Me Elie Hatem, avocat de Yahia Gouasmi et Jamel Tahiri, fustigeant aussi une politisation de ce dossier due à ce qu’il appelé le « lobby sioniste ». Par ailleurs, « le Centre Zahra n’a jamais été une association familiale. Ils étaient plus de 300 à se réunir chaque semaine, des gens de tous bords », a-t-il fait valoir.
Me Cortier avait auparavant dit vouloir « éviter un amalgame », assurant que ses clients condamnaient « de façon très forte (…) les attentats commis au nom de la mouvance salafiste ».
Le centre Zahra avait été dissous en mars 2019 avec trois associations hébergées dans ses locaux, dont le « Parti antisioniste ». Le ministre de l’Intérieur d’alors, Christophe Castaner, avait dénoncé des activités « qui légitiment de façon régulière le jihad armé ».
Confirmant en juin 2019 la fermeture, le tribunal administratif de Lille avait relevé une « propagande ayant pour objet de glorifier la lutte armée et de provoquer la haine et la violence en relayant des messages antisémites, entraînant ainsi le risque de commission d’actes terroristes ».
En octobre 2018, les locaux avaient été visés par une opération antiterroriste. Les perquisitions administratives avaient débouché sur la découverte d’armes à feu menant à la condamnation de Bachir Gouasmi à 18 mois de prison, dont six ferme, pour détention illégale d’armes. Le prédicateur Jamel Tahiri a été condamné fin 2019 à six mois de prison avec sursis pour provocation à la haine antisémite.
Le délibéré sera rendu le 27 janvier 2021.
Source :
https://fr.timesofisrael.com/prison-ferme-requise-contre-les-ex-dirigeants-du-centre-pro-hezbollah-zahra/