Gilles-William Goldnadel: «Examen de conscience autour de la question ukrainienne»
Vu de Paris, Vladimir Poutine est un dictateur à tendance paranoïaque, menteur et dénué de scrupules. Il vit dans la nostalgie pathologique de l’Union soviétique et de la Sainte Russie impériale réunies. Il va jusqu’à laisser planer la menace nucléaire à la première contrariété de ses projets savamment planifiés.
Vu de Moscou, l’Europe politique est une structure sans défense, sans frontières défendues, envahie par des populations islamisées, désunie, cacophonique et dont les valeurs anciennes viennent en conflit avec des valeurs racialisées et genrées obsessionnelles d’importation américaine. En outre, cette Europe, égarée par les USA, est restée sourde aux préoccupations sécuritaires et obsidionales de la Russie.
À Paris, on craint Vladimir Poutine et on a raison. À Moscou, on se rit de l’Europe et on n’a pas tort.
Et ce ne sont pas les saines décisions prises ces dernières heures qui changent ce rapport du fort au faible.
À partir de ce double regard croisé, les candidats au pouvoir suprême à Paris seraient bien inspirés de faire leur examen de conscience.
Du côté droit, je confesse n’avoir jamais partagé l’engouement indulgent d’Éric Zemmour pour le chef du Kremlin. Quand bien même l’affaire de Crimée était elle complexe, et la perspective d’entrée de l’Ukraine dans l’Otan un casus belli équivalent à la présence des Soviétiques à Cuba, encore qu’instrumentalisée par les Russes rassurés depuis 2008, rien ne justifiait pour autant cette estime confiante pour ce dangereux plantigrade.
En outre, le pari perdu tenu imprudemment que cet ours brutal ne poserait jamais ses griffes sur Kiev risque de laisser des traces sur la peau de celui à qui l’on ne passe rien même quand il dit crûment vrai.
Ayant écrit cela d’une main ferme, nul ne m’empêchera de faire aussitôt remarquer que personne à Paris n’avait prévu que les prévisions américaines étaient fondées. À commencer par le premier Français – à qui l’on passe beaucoup – qui avait même claironné tout aussi imprudemment que son alter ego états-unien rencontrerait son homologue russe pour s’accorder.
Jean-Luc Mélenchon n’a pas été plus clairvoyant, quant à Yannick Jadot, il refusait le lundi ces armes à l’Ukraine qu’il exigeait voir expédier sans délai le vendredi.
À la décharge de tous , il n’était jusqu’au premier Ukrainien lui-même qui n’arrivait à y croire…
Quand j’écrivais plus haut qu’à Moscou on se riait de Bruxelles, à qui le doit-on principalement sinon à ce mondialisme progressiste européen désarmant qui a renoncé à toute défense ?
Du côté gauche, et comme d’habitude, la bonne conscience dégouline abondamment sans aucune mise en questionnement.
Et pourtant. Quand j’écrivais plus haut qu’à Moscou on se riait de Bruxelles, à qui le doit-on principalement sinon à ce mondialisme progressiste européen désarmant qui a renoncé à toute défense ?
Il est d’ailleurs piquant de constater que la gauche française semble avoir redécouvert les notions de frontières et de nation à travers le drame ukrainien.
Peut-on pourtant faire remarquer que la nation française a au moins autant de consistance que la patrie ukrainienne ?
À ce degré de franchise sacrilège, est-il permis de suggérer que la France connaît aussi, bien que différemment et plus sournoisement, le drame de l’invasion ? Et que les populations qui se sont introduites massivement autant qu’illégalement sur le territoire national menaçant sa culture et sa sécurité sont autrement différentes ethniquement et linguistiquement qu’un Russe d’un Ukrainien ?
Mais il faut croire que l’Autre a plus de droit à l’identité nationale et à la souveraineté que le Français ordinaire.
Ce qui conduit fatalement à une nouvelle question sacrilège : l’européisme progressiste désarmant et sans défense ne serait-il pas une invitation à toutes les invasions ?
Pour revenir à l’histoire récente, nous n’avions pas observé que les esprits progressistes avaient fait le même drame quand d’autres territoires européens ont été impunément démembrés. Les Serbes au Kosovo ou les Grecs à Chypre s’en remémorent pour eux.
Il est vrai que les occupants ne sont pas orthodoxes.
Autre exemple consternant : à bon droit, tous se sont indignés quand Vladimir Poutine a osé réduire les patriotes ukrainiens à de dangereux nazis. Quand bien même le nationalisme ukrainien n’a pas été épargné originellement par cette triste engeance. Mais les camarades de combat du courageux Zelensky sont sur ce point insoupçonnables, et certainement pas seulement en raison des origines de ce dernier.
Or la gauche française, notamment son extrémité, aura usé et abusé honteusement depuis des années de cet antinazisme fantasmatique devenu fou comme d’une machine infernale à excommunier. Sur ce point Godwin, Vladimir Poutine n’est pas seulement un prédateur menteur mais aussi un contrefacteur.
Dans la dernière période, un candidat à la présidence de la République, aux communes origines que le président ukrainien, aura subi le même sort, de la même grossière manière utilisée par le maître du Kremlin. Jusqu’à lui faire porter la moustache réglementaire.
Raison pourquoi, je ne saurai trop recommander à la gauche française une plus grande humilité. Avec un optimisme raisonné.
Source
Désolé Maître , mais j’ai un mal fou à comprendre votre pertinente démonstration . Moi qui pensai que la simplicité du language était une preuve d’intelligence .