GENNEVILLIERS : Rencontre émouvante entre des lycéens et une rescapée de la Shoah
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Rencontre émouvante entre des lycéens et une rescapée de la Shoah par leparisien
Ils ont réussi là où les archivistes avaient échoué. Meddy et six de ses camarades de première technologique au lycée Galilée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) ont retrouvé la trace de la famille de Dina Godschalk, une survivante de la Shoah. Cachée sous l’Occupation, l’enfant a échappé à la déportation des Juifs, contrairement à plusieurs de ses parents qui ont péri à Auschwitz.
La dernière survivante de la fratrie, âgée aujourd’hui de 81 ans, a décidé de faire le voyage depuis Israël, où elle vit depuis 1959, pour rencontrer les lycéens, le 24 mars.
Un jeu de piste de six mois
Comment en sont-ils arrivés là ? Les sept élèves ont participé au Concours national de la Résistance et de la déportation. « Pour rendre l’Histoire plus concrète, nous voulions nous concentrer sur des habitants de Gennevilliers », explique Aurélien Sandoz, l’un des professeurs d’histoire en charge du projet. D’abord, les militants communistes déportés puis, à la demande des élèves, la cinquantaine de Juifs qui ont subi le même sort.
« Nous avons focalisé sur la famille Farhi [le premier nom de Dina Godschalk] car il y avait énormément d’incohérences dans les archives qui les mentionnaient », explique la documentaliste du lycée, Nathalie Tunc. Les documents officiels ne recensent pas tous le même nombre de membres de la famille déportés et d’enfants cachés à la campagne. Commence alors un véritable jeu de pistes qui va durer six mois.
Changement de nom
Unique certitude, Albert, le fils aîné, est le seul à être revenu d’Auschwitz, mais on perd sa trace après son retour, le 26 décembre 1945. Nathalie Tunc et les lycéens décident de tenter leur chance sur internet. Le nom d’Albert Farhi ne donne rien. Trop répandu. Ils auront plus de chance avec celui de sa petite sœur, Claire, dont ils pensent qu’elle a quitté Gennevilliers avant la déportation de ses parents, en compagnie de certains de ses frères et sœurs.
Pourtant, ça n’est pas gagné. Claire Farhi a changé de nom à son arrivée en Israël. Elle est désormais Dina Godschalk: « Je voulais laisser le passé derrière moi »,expliquera-t-elle aux lycéens, « même si Claire est toujours à côté de moi ».
En 2012, elle a fait inscrire sur le Mur des Justes de Yad Vashem le nom du comte Henry de Menthon qui les a cachés, elle et ses frères, Raphaël et Jean-Jacques, en Haute-Loire pendant la guerre.
Sans trop y croire, les historiens amateurs contactent l’ambassade d’Israël à Paris et l’Institut français de Tel Aviv. Moins de 48 heures plus tard, Aurélien Sandoz reçoit un coup de fil. Dina Godschalk veut lui parler. « L’émotion était trop forte, j’ai eu quelques sanglots dans la gorge », raconte-t-il, la voix encore chevrotante.
« On a l’impression d’être des héros »
Elle accepte de répondre rapidement par téléphone aux questions des lycéens. Mieux, elle souhaite venir les rencontrer à Gennevilliers dès que possible. Grâce à elle, Paul, Rémi, Khaled, Quentin, Meddy, Ahmet et Charlène comprennent comment on a pu perdre la trace de la famille entière après la Libération.
« On a l’impression d’être des héros : on est jeunes, on est là pour apprendre et c’est nous qui donnons des informations et non le contraire », se réjouit Khaled.
Albert, revenu des camps, a très vite fui à Rouen et complètement renié sa judaïté. Dina, elle, a fait le chemin inverse car, au moment de la laisser partir vers le sud de la France, son père lui a dit : « Ne te sépare jamais de tes frères et n’oublie pas que tu es juive. »
source :
http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/auschwitz/des-lyceens-de-gennevilliers-retrouvent-la-trace-d-une-famille-juive-deportee_856059.html