Garde à vue pour l’avocat du révisioniste REYNOUARD , suspecté d’avoir menacé de mort le bâtonnier et son prédécesseur

Enquête. Un avocat est actuellement placé en garde à vue à l’hôtel de police de Rouen. Il aurait menacé de mort l’actuel bâtonnier de l’Ordre et son prédécesseur, laissant entendre qu’ils allaient subir le même sort que le bâtonnier de Melun, grièvement blessé fin octobre par des coups de feu tirés par l’un de ses confrères.
Me Wilfried Paris est en garde à vue au commissariat central de Rouen. L’avocat rouennais, âgé de 42 ans, est auditionné par les policiers de la brigade criminelle de la Sûreté départementale pour s’expliquer sur les menaces de mort réitérées qu’il aurait proférées à l’encontre de l’actuel bâtonnier de l’Ordre, Me Arnaud de Saint-Rémy, et de son prédécesseur, Me Philippe Lescène. Selon nos informations, Me Wilfried Paris aurait laissé entendre devant des témoins qu’il allait faire subir aux deux hommes le même sort qu’à celui de leur homologue de Melun (Seine-et-Marne). Le 29 octobre dernier, l’avocat Joseph Scipilliti, qui avait rendez-vous dans le bureau de son confrère Henrique Vannier pour se voir notifier sa suspension, lui avait tiré dessus à plusieurs reprises avant de se suicider.
« L’histoire rouennaise semble être à peu de chose près la même, confie une source judiciaire. Sauf que l’issue n’est, fort heureusement, pas si dramatique qu’à Melun. La crainte, c’était le passage à l’acte éventuel de Me Paris… Depuis de nombreuses années, il est en délicatesse avec l’Ordre. À plusieurs reprises, il a été alerté sur le fait qu’il n’était pas à jour de ses cotisations, qu’il ne payait ses charges sociales… L’Ordre recevait aussi des plaintes de clients mécontents ou d’avocats le concernant. La situation était alarmante. Alors le bâtonnier de Saint-Rémy lui a écrit pour lui demander de se mettre en conformité. Finalement, il ne l’a pas fait… Me Paris a donc été omis du barreau de Rouen par le conseil de l’Ordre. » Une sanction contre laquelle Me Wilfried Paris a déposé un recours devant la Cour d’appel de Rouen, mais la juridiction l’a rejeté.
UNE DIZAINE D’ARMES RETROUVÉES CHEZ SES PARENTS, OÙ IL VIT
À l’énoncé de la décision, rendue il y a quelques jours, l’avocat rouennais aurait lancé devant un greffier : « Ça va finir comme à Melun… » Cette dernière menace a été prise très au sérieux, puisque quelques semaines plus tôt les bâtonniers Lescène et de Saint-Rémy – qui ne souhaitent pas s’exprimer sur l’affaire – avaient déjà eu connaissance de menaces de mort qui auraient pu être proférées à leur encontre par cet avocat.
Pour éviter que le drame de Melun ne se rejoue éventuellement à Rouen, le procureur de la République Jean-François Bohnert a donc ouvert une enquête de flagrance et confié les investigations aux policiers de la Sécurité publique. Jeudi matin, les enquêteurs se sont rendus dans une petite commune de l’Eure, chez les parents de Me Wilfried Paris, où il vit. L’avocat était absent. Lors de la perquisition, la brigade criminelle a découvert un nombre important d’armes. « Une dizaine, précise une autre source proche des investigations. Il y avait des armes longues et des armes de poing, parmi lesquelles un fusil à pompe et une Winchester. Reste à savoir si elles appartiennent à l’avocat ou à son père. » Me Wilfried Paris s’est finalement présenté de lui-même au commissariat de police de Rouen jeudi en fin d’après-midi. Selon nos informations, depuis le début de son placement en garde à vue, il contesterait les faits qui lui sont reprochés.
Me Wilfried Paris est très peu connu au sein du barreau de Rouen. Et les rares robes noires qui le connaissent le décrivent en des termes peu élogieux. D’après nos recherches, l’homme de loi s’intéressait de près aux thèses négationnistes. Interrogé la semaine dernière par l’hebdomadaire d’extrême-droite Rivarol, l’avocat rouennais expliquait pourquoi il a rédigé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour supprimer la loi Gayssot, qui tend à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe ; son article 9 qualifie de délit la contestation de l’existence des crimes contre l’humanité. L’avocat rouennais doit plaider mardi prochain devant les Sages du Palais-Royal.
D’ici là, le parquet de Rouen aura décidé des suites qu’il entend donner aux menaces de mort réitérées dont il est soupçonné. S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement et une amende de 45 000 €. Hier soir, malgré nos sollicitations par mail et par téléphone, nous n’avons pu joindre le conseil de Me Wilfried Paris.
source :
http://www.paris-normandie.fr/detail_article/articles/4616208/garde-a-vue-pour-un-avocat-rouennais-suspecte-d-avoir-menace-de-mort-le-batonnier-et-son-predecesseur#.VmL5HLjhCUk