France : Filière jihadiste : huit et neuf ans de prison pour les principaux prévenus
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné vendredi à huit et neuf ans de prison les quatre principaux prévenus dans le procès d’une filière jihadiste, accusés d’être allés combattre en zone pakistano-afghane.
Les cinq autres prévenus, qui constituaient leur réseau de soutien resté en France, ont écopé de peines allant de cinq à deux ans, la plupart assorties du sursis. Les prévenus, âgés de 24 à 41 ans, sont français, tunisiens ou franco-tunisiens.
Ils gravitaient autour de la mosquée Omar, implantée rue Jean-Pierre-Timbaud à Paris dans le XIe, considérée par les services spécialisés comme «un haut lieu du salafisme radical».
La peine la plus lourde, neuf ans ferme, a été prononcée à l’encontre de Touhami Tebourski, un Tunisien de 32 ans, soupçonné d’être allé combattre aux côtés des talibans, qui est actuellement emprisonné en Turquie dans l’attente de son extradition vers la France. Seuls présents dans le box des prévenus, Riadh Hennouni, 28 ans, et Monahem Goujih, 35 ans, tous deux originaires de Pantin (Seine-Saint-Denis), ont été condamnés à huit ans de prison. En détention provisoire depuis trois ans, ils sont repartis entre deux gendarmes. Un autre jihadiste condamné à huit ans de prison, Zahir Chouket, est en fuite, sans doute en Tunisie.
Avant de prononcer les peines, le président Denis Couhé a précisé que, bien que des documents comme des plans de fabrication de bombes ou de la propagande jihadiste aient été trouvés sur eux, «il n’a pas été établi leur participation effective à des combats et ils n’avaient pas de projet d’attentat clairement défini, cela expliquant que les peines maximales prévues par la législation ne puissent être retenues». Dans son réquisitoire, le procureur avait requis dix ans de prison à l’encontre des quatre hommes accusés de s’être rendus en zone de combat.
Pour sa défense, Riadh Hennouni a vainement tenté de convaincre le tribunal qu’il avait passé un an à prier et méditer dans un séminaire sunnite en Iran, proche de la frontière afghane. Monahem Goujih a plaidé qu’il avait passé deux ans au Pakistan, allant de ville en ville en compagnie de prêcheurs itinérants de la confrérie Tabligh et qu’il avait gardé les documents compromettants trouvés caché dans une micro-carte informatique «par simple curiosité».
A l’encontre du principal prévenu, accusé d’avoir financé leur départ, le tribunal a prononcé une peine de cinq ans de détention, mais sans prononcer de mandat de dépôt à l’audience. Parmi les membres du réseau de soutien, plusieurs s’attendaient à se voir passer les menottes et étaient venus à l’audience avec des sacs de sport en vue d’un départ en prison, qui n’ont servi à rien.
Un prévenu qui, alors étudiant, avait servi de relais médiatique aux jihadistes et avait mis en ligne des vidéos appelant au jihad, a été condamné à deux ans dont un avec sursis, tout comme celui qui était accusé d’avoir envoyé de l’argent à son frère.
Les membres du réseau de soutien «se sont engagés davantage de façon individuelle qu’au sein d’une organisation structurée et organisée. Par ailleurs, ils n’avaient jamais auparavant été condamnés», a indiqué le juge Couhé.
Une encyclopédie du terrorisme cachée dans leurs montres
C’est une cachette originale qu’avaient choisie deux des prévenus pour leur « manuel du parfait terroriste »… Monahem Goujih et Touhami Tebourski, 32 ans, actuellement détenu en Turquie où il a été arrêté en juin 2011, ont été trouvés en possession de deux montres à leur retour en Europe. A l’intérieur, deux microcartes mémoire d’une capacité de 8 Go et de 16 Go.
Sur celle de Monahem Goujih se trouvaient « plus de 50 vidéos, 2 500 images et 250 documents qui formaient une véritable encyclopédie permettant de préparer des actes de terrorisme de tous genres et pour tous niveaux de qualification, même si la plupart semblaient accessibles à un large public », ont estimé les juges antiterroristes.
« Certains fichiers contenaient des cours d’électronique ou de chimie de base et semblaient voués à des utilisations terroristes, ont-ils encore souligné. La majorité des fichiers avait trait à la préparation d’explosifs artisanaux. » Ces données auraient notamment permis de concevoir des « armes de guerre (mines, obus), de piéger des véhicules, de créer des ceintures d’explosifs, des vestes piégées, des matières explosives, de fabriquer des détonateurs à partir de téléphones portables ou de réveils ».
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