Duverger, un jeune juriste sous l’Occupation

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Maurice Duverger, né le 5 juin 1917 à Angoulême, et mort le 17 décembre 2014 (à 97 ans), est un juriste, politologue et professeur de droit français, spécialiste du droit constitutionnel

Dès l’âge de quinze ans, il est militant dans des groupes d’extrême droite bordelais. En 1937, il est responsable à Bordeaux de l’Union populaire de la jeunesse française, organisation de jeunesse du Parti populaire français (PPF) et participe à ce titre à différents congrès des jeunesses doriotistes, étant membre de ce parti. Durant l’occupation, il accepte d’enseigner à l’Institut d’études corporatives et sociales, fondé sous l’égide du maréchal Pétain pour y former les cadres de la Révolution nationale.

Étudiant en droit à Bordeaux, Maurice Duverger est agrégé de la faculté de droit en 1942, puis successivement professeur à la Faculté de droit de Poitiers en 1942, à celle de Bordeaux en 1943 où il est le premier directeur de l’Institut d’études politiques de Bordeaux créé en 1948 et enfin à celle de Paris (faculté de droit et des sciences économiques) entre 1955 et 1985. Il est l’un des fondateurs du département de science politique de la Sorbonne (Paris I), en 1969.
Membre sous l’Occupation du PPF, puis proche pendant la première période du régime de Vichy, on reproche parfois à Maurice Duverger un article controversé de technique juridique concernant le statut des juifs.

Après s’être rapproché de la Résistance, il était aussi devenu — après la Libération jusqu’aux années 1980 — un éditorialiste écouté au journal Le Monde, dont il fut un des conseillers politiques. Ses articles sont alors aussi publiés dans El País, le Corriere della Sera et Le Nouvel Observateur.
De 1989 à 1994, il siège au Parlement européen comme élu indépendant de la liste du Parti communiste italien.
Maurice Duverger est le fondateur de l’Association des sciences politiques et de la Revue française de science politique, participant ainsi à la prise d’autonomie de la science politique proprement dite, dans les années 1970. Il fut le premier directeur de l’Institut d’études politiques de Bordeaux.

lire ci-dessous l’article du journal LE MONDE :
Maurice Duverger subissait des attaques répétées pour des articles qu’il avait publiés sous l’Occupation. Les premières accusations formulées contre lui datent de 1957 dans Le Journal du Parlement et dans Tribune sioniste. Il y voyait une coïncidence avec ses prises de position d’alors, dans Le Monde, contre la torture en Algérie. Ces accusations resurgissaient périodiquement, quelques fois sous une forme imprudente, au point qu’à deux reprises Maurice Duverger put faire condamner les journaux qui les avaient relayées, Minute en 1967, Actuel en 1987.

L’article qui lui a été le plus reproché figure dans les numéros de juin et décembre 1941 de la Revue de droit public et de la science politique. Intitulée « La situation des fonctionnaires depuis la révolution de 1940 », cette étude en deux parties porte sur les lois de Vichy qui excluent les juifs et les femmes mariées de la fonction publique. Cet article, répétait Maurice Duverger lorsqu’on lui en faisait grief, se voulait purement scientifique, c’est-à-dire descriptif et neutre. Selon l’usage, l’auteur n’avait pas à juger du bien-fondé de ces mesures.

Une expression était jugée particulièrement malheureuse, celle qui qualifie « d’intérêt public » ces lois de bannissement. Maurice Duverger affirmait avoir donné à cette expression un sens exclusivement juridique, signifiant que les juifs étaient en droit d’exiger des indemnités de l’administration pour en avoir été chassés.

Un « A nos lecteurs » ouvrait le numéro de juin 1941 de la Revue de droit public, se félicitant de la reparution de celle-ci après « autorisation des autorités occupantes ». Ce propos liminaire était signé Roger Bonnard, le codirecteur de la revue, également doyen de la faculté de droit de Bordeaux où Maurice Duverger était son chargé de conférences.

Dans, cet « A nos lecteurs », Roger Bonnard salue en Pétain « un guide d’une sagesse et d’une maîtrise de pensée incomparable et quasi surhumaine ». Et il informe ses lecteurs que la Revue de droit public prendra part à l’« effort de restauration nationale » souhaité par le nouveau régime.
Maurice Duverger se défendait d’autant plus fermement de tout antisémitisme que son premier « Que sais-je ? » sur Les Constitutions de la France allait être interdit par la Milice en 1943. Il écrit dans cet ouvrage que le gouvernement de Vichy « n’est pas un gouvernement de droit mais un gouvernement de fait », lui déniant ainsi toute légalité.

Maurice Duverger dut pareillement batailler contre ceux qui l’accusaient d’avoir collaboré, comme journaliste, à un hebdomadaire fondé sous l’Occupation par le maire de Bordeaux, Adrien Marquet, ancien ministre de l’intérieur du gouvernement Pétain de juin 1940. Le Progrès était ouvertement antisémite. Des caricatures dues au crayon d’Yvan Le Louarn, qui prendra après guerre le pseudonyme de Chaval, le prouvent.

Maurice Duverger est-il Philippe Orgène, l’une des plumes de cet hebdomadaire ? Deux historiens, Michel Bergès et Pascal Ory, l’ont affirmé, le premier dans Actuel (octobre 1988), le second dans L’Histoire (novembre 2003). Maurice Duverger parlait, lui, de « pseudonyme collectif » et d’une collaboration éphémère qui se serait limitée à quelques articles culturels.
lire l’article du MONDE en cliquant sur le lien ci-après

http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/12/22/un-jeune-juriste-sous-l-occupation_4545025_823448.html

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