Créteil : les agresseurs d’un couple en 2014 seront aussi jugés pour antisémitisme
Le juge en charge du dossier avait dans un premier temps écarté la qualification antisémite de l’agression au terme de son instruction en février dernier.
L’agression avait suscité une très forte émotion. Le 1er décembre 2014, Jonathan, 21 ans, et sa compagne, sont agressés à leur domicile. Trois hommes pénètrent dans leur appartement du quartier du Port. Armés d’un fusil à canon scié et d’une arme de poing, ils cambriolent et violent la compagne du jeune homme, de confession juive. A l’extérieur, un complice fait le guet. Un cinquième a aidé à la préparation de l’agression.
Quelques jours plus tard, et alors que les suspects viennent d’être arrêtés, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve évoque une agression dont «le caractère antisémite semble avéré». Le gouvernement affirme sa volonté d’ériger la lutte contre le racisme et l’antisémitisme en «cause nationale». Le 7 décembre, un millier de personnes participent à un rassemblement en réaction à l’agression.
Deux ans et demi après les faits, le juge d’instruction, qui vient de décider le renvoi des cinq hommes devant la cour d’assises du Val-de-Marne, considère également que cette agression était antisémite. Parmi les cinq prévenus, originaires de Bonneuil-sur-Marne et âgés aujourd’hui de 20 à 25 ans, deux hommes sont également renvoyés pour une tentative de vol commise un mois plus tôt à Créteil chez un septuagénaire, également de confession juive.
Pour ces deux méfaits, le juge d’instruction a retenu contre chacun des agresseurs la circonstance aggravante de «discrimination de la victime en raison de son appartenance réelle ou supposée à une religion», selon l’ordonnance de renvoi. «Les juifs, ça met pas l’argent à la banque», «les juifs, ça a de l’argent»: si l’instruction n’a permis d’attribuer ces «propos haineux (…) sans ambiguïtés» qu’à un seul des agresseurs – celui en fuite -, ceux-ci «doivent être assumés par l’ensemble des auteurs au titre de la co-action», écrit le juge d’instruction, a rapporté une source proche du dossier.
L’ordonnance de renvoi du juge, qui avait d’abord écarté la qualification antisémite de l’agression au terme de son instruction en février dernier, est conforme aux réquisitions du parquet de Créteil, qui avait demandé son rétablissement. Tous les agresseurs sont poursuivis pour vol ou tentative de vol, extorsion et séquestration avec arme, ou complicité. Deux d’entre eux sont également poursuivis pour le viol de la jeune femme, l’un comme auteur, l’autre comme complice.
«La circonstance antisémite n’a pas lieu d’être», a réagi Marie Dosé, l’avocate d’un des suspects, qui a fait appel du renvoi. «Les revirements successifs des magistrats instructeurs et du parquet démontrent la fragilité de l’analyse juridique du dossier. Celui-ci a été instrumentalisé politiquement, maintenant il est temps de faire du droit», a-t-elle ajouté. «Cette qualification antisémite ne pouvait qu’être retenue», a estimé de son côté Alain Jakubowicz, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra). «Pour les victimes, c’était absolument essentiel.»
Source :
http://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/creteil-les-agresseurs-d-un-couple-en-2014-seront-aussi-juges-pour-antisemitisme-16-06-2017-7058967.php
Je suis heureuse pour ce couple
Pauvre Mme Halimi Z’l