Comment Olivier Corel, l’imam des djihadistes, est passé entre les mailles de la justice
ENQUÊTE – Ce Syrien de 70 ans a été le guide spirituel de Mohamed Merah, de Fabien Clain et de Sabri Essid. Tous ces terroristes sont passés chez lui, à Artigat en Ariège, pour bénéficier de son savoir religieux. Pourtant, les enquêteurs n’ont jamais réussi à l’arrêter. Pourquoi ?
Le maire d’Artigat l’assure: il est bien plus ennuyé par les appels incessants des journalistes que par la présence sur ses terres d’Olivier Corel. Depuis une trentaine d’années, «Abdallah le Syrien», mentor religieux de toute une génération de radicalisés – Mohamed Merah, Fabien Clain, Sabri Essid – vit là, en Ariège. François Vanderstraeten, élu socialiste, l’aperçoit bien de temps en temps quand «l’émir» passe en mairie pour des papiers. Mais pas plus, pas moins que «n’importe quel administré». Ici, dimanche, le Front national a obtenu 30 % des suffrages des 579 votants du village situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Toulouse. La liste d’union de la gauche a, elle, fait 51 %. Le maire jure ses grands dieux qu’il n’existe aucun lien entre la montée du FN et Olivier Corel. De fait, au Fossat, un bourg voisin, le FN a décroché 37,5% des voix.
De Martin Guerre à Olivier Corel
Avant l’arrivée du prédicateur, la petite commune d’Artigat était connue pour avoir hébergé, au XVIe siècle, une rocambolesque usurpation d’identité. L’histoire fut racontée en 1846, dans Les Deux Diane, un roman historique attribué à Alexandre Dumas. Martin Guerre, paysan du cru avait accusé Arnaud du Tilh de lui avoir volé son identité pendant douze ans. À l’issue d’une longue procédure judiciaire, Tilh, déclaré coupable, fut pendu. Corel, pour sa part, même s’il a souvent été entendu, que ce soit par la police ou des juges d’instruction, a toujours réussi à échapper à la justice.
L’homme a pourtant été le guide spirituel d’au moins trois terroristes français, Mohamed Merah – le tueur de Toulouse et de Montauban -, Fabien Clain – la voix de la revendication des attentats du 13 novembre – et Sabri Essid – le forcené de 31 ans qui poussait l’an dernier un enfant à abattre un otage israélien sur une vidéo de propagande de l’autoproclamé État islamique.
«Je ne sais pas quoi penser [des auteurs des attentats du 11 septembre], je ne connais pas leur mobile»
Olivier Corel interrogé par la police
En février 2007, la police, qui enquête sur la «filière Artigat», ou les départs de jeunes toulousains pour l’Irak, interroge Corel. Elle le soupçonne d’association de malfaiteurs en vue d’actes terroristes. Question: «Qu’évoquent pour vous les noms d’Oussama Ben Laden, Zacarias Moussaoui (condamné à perpétuité aux États-Unis pour le 11 septembre 2001, NDLR), Zarqaoui (ancien responsable d’al-Qaida en Irak, NDLR)?» Réponse: «Ce sont des personnes qui se battent en Irak ou en Afghanistan (…). Je n’ai aucune mauvaise opinion sur eux car ils veulent défendre l’islam.» Le lieutenant lui donne une seconde chance: «Qui, selon vous, est responsable des attentats du 11 septembre 2001 à New York?» Corel, impassible: «Je ne sais pas, mais si on écoute les uns, on nous dit que c’est les Américains et si on écoute les autres, on nous dit que c’est Ben Laden! Moi je n’ai jamais entendu Ben Laden revendiquer cet attentat, ce qu’il a fait, c’est rendre hommage aux auteurs de l’attentat, c’est tout.». Dernière tentative du fonctionnaire de police: «Que pensez-vous des auteurs de l’effondrement des tours jumelles?» Corel persiste: «Je ne sais pas quoi en penser, je ne connais pas leur mobile. Je pense que les Américains se sont servis de cet attentat comme prétexte pour attaquer Ben Laden car c’est leur ennemi.» À l’issue de l’enquête, en juillet 2009, plusieurs jeunes dont Fabien Clain et Sabri Essid seront condamnés à des peines de prison. Curieusement, rien ne sera retenu contre l’imam Corel: il bénéficiera d’une ordonnance de non-lieu. Toujours suspecté, jamais condamné. Ou alors pour une broutille. Onze jours après les attentats de novembre 2015 à Paris, plusieurs dizaines de gendarmes perquisitionnent son domicile. Le butin est maigre, juste un fusil de chasse. Le Syrien passe en comparution immédiate et écope de six mois de prison avec sursis pour détention d’arme sans permis et est soumis à une assignation à résidence.
L’arrivée dans le Sud-Ouest
Retour aux origines. Abdel Ilat al-Dandachi naît en novembre 1946 à Talkalakh en Syrie. En 1972, il épouse, à Damas, Nadia Chammout, devenue Nadia Aurore, puis, la même année, il quitte son pays «pour faire des études» en France. Inscrit en pharmacie, il abandonne en raison de «difficultés de langue», explique-t-il au juge antiterroriste Marc Trévidic en juin 2007 lors de sa comparution. Il fait le choix du pays de Molière et de Voltaire car «la Syrie avait été sous mandat français. Il y avait des liens historiques» et aussi, il faut bien l’avouer, parce que «la France n’était pas très chère à l’époque».
Son frère aîné, professeur d’histoire, part en Arabie saoudite, comme son cadet et ses deux sœurs. L’émir atterrit à Toulouse, fréquente la mosquée de Bellefontaine, devient responsable des Frères musulmans syriens en France puis président de la section toulousaine de l’association des étudiants islamiques de France (AEIF). Naturalisé français, il devient Olivier Corel en 1983. Quelques années plus tard, il s’installe dans un hameau d’une dizaine d’habitants, près d’Artigat. «Un endroit où il n’y a pas que des gens de son bord», ironise le maire évoquant une famille d’Irlandais, des agriculteurs, une retraitée et des Portugais.
«Si en France au Parlement on votait la charia, je serai pour»
Olivier Corel interrogé en 2007 dans les bureaux de la direction centrale de la police judiciaire
Corel exerce divers métiers dans l’entretien, le commerce et la poterie. En 2005, il loge Fabien Clain, sa femme – une Normande convertie à l’islam – et leurs deux enfants pendant une année. À cette époque-là, il déclare toucher pour sa retraite 600 euros par mois. L’interrogatoire du juge Trévidic est moins incisif que celui des fonctionnaires de police, notamment sur les questions de religion. Dans les bureaux de la direction centrale de la police judiciaire, en février 2007, un brigadier de l’antiterrorisme demandait à Corel: «Quelle est la meilleure mort»? Réponse: «Mourir en martyr, au djihad, pendant une phase de combat.» Le brigadier poursuit: «L’avez-vous répété aux jeunes gens cités précédemment (Clain, Essid, NDLR)». Réponse: «Je n’ai pas eu besoin (…) car ils le savent bien plus que moi.» Le lendemain, il confie: «Je voudrais que toutes les femmes soient voilées comme les salafs, et même si en France au Parlement on votait la charia, je serai pour.» Quelques mois plus tard, le 7 juin, c’est au tour du juge Trévidic de l’entendre. Selon l’émir, tous les «savants» considèrent le djihad «légitime». Il ajoute: «L’Irak est envahi et si les musulmans irakiens ne suffisent pas pour combattre l’envahisseur, d’autres musulmans doivent les aider.»
Si Corel n’a jamais eu d’enfants, Sabri Essid est son fils spirituel. En mai 2007, il était, lui aussi, visé par l’enquête sur la filière d’Artigat. Interrogé par le juge, il exposait sa théorie du martyre: «Le chahid a une place spéciale auprès de Dieu, surtout s’il laisse derrière lui une épouse, des enfants, tout ce qu’il y a de plus beau. Il est assuré d’aller au paradis.» Puis, en garde à vue, à propos de Corel: «J’avais entendu dire que c’était un takfiri (extrémiste, NDLR). On m’avait dit de ne pas aller à Artigat, et moi-même, je mettais mes amis en garde contre lui. Je dois dire en revanche qu’il a des connaissances énormes et je le respecte pour cela.» La nouvelle recrue commence à prier adolescent. Il rencontre Fabien Clain à 17 ans, à Toulouse, «depuis on ne s’est plus lâchés», déclare-t-il au juge d’instruction Philippe Coirre le 3 mai 2007. Sabri Essid arrête ses études avant le bac et rejoint la Syrie en novembre 2006 avant d’y être interpellé un mois plus tard. En 2009, il est condamné pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste à cinq ans d’emprisonnement dont un an avec sursis, assortis d’une mise à l’épreuve de trois ans. Il est libéré à l’automne 2010.
Le maître à penser de Merah
Mais de tous ces jeunes qui ont gravité autour de l’émir Corel, Mohamed Merah est le plus emblématique. «C’était le maître à penser de Mohamed (…). À chaque fois que l’on parlait religion ou que je le contredisais, il appelait Olivier Corel afin d’entendre son opinion sur le sujet», a déclaré Abdelghani Merah aux juges Teissier et Poux le 14 novembre 2012 à propos de son cadet. La foi de Mohamed Merah en Corel est telle qu’il insiste pour que l’émir blanc le marie. Abdelghani assiste à la cérémonie. «Il l’a fait selon un rite qui n’est pas celui des musulmans mais celui des salafistes (…) . À la suite de la cérémonie, Olivier Corel a fait un discours où j’ai pu comprendre qu’il indiquait que les musulmans n’étaient pas assez unis, qu’il fallait prier et lorsque l’on naît musulman, il faut mourir musulman.» Ensuite le prédicateur s’adresse à l’assemblée, parle du beau-frère de la femme de Mohamed Merah, un Africain né de parents catholiques et converti à l’islam. Corel explique qu’il faut suivre son exemple et être fier de cet homme. Puis, trois ou quatre semaines après le mariage, Mohamed Merah souhaite se séparer de sa femme. «Mais il voulait pour cela l’approbation d’Olivier Corel. Je me souviens qu’il lui a téléphoné et qu’il est revenu content en me disant qu’il avait son approbation pour la répudier, rapporte Abdelghani. Pour moi, Olivier Corel était au courant de tous les faits et gestes de Mohamed dans sa pratique de l’islam et donc il est impossible, à mon sens, qu’il n’ait pas été au courant des intentions de Mohamed.» Par quel miracle un homme connaissant chaque détail de la vie de Merah aurait-il pu ignorer son projet terroriste?
Revoir le « Le Retour de Martin Guerre » avec Gérard Depardieu.
A quelques siècles de distance, toujours la folie des hommes :
Le juge qui avait jugé cette affaire a fait partie des victimes du fanatisme religieux des Guerres de Religions.
il faut le déchoir de la nationalité française et l’envoyer vivre dans son pays en syrie !!
mais j’ai entendu que le gouvernement aurait changer d’avis pour la déchéance de la nationalité française aux islamistes …encore une reculade de plus …
il faut le tuer le faire souffrir avant de lui mettre une balle dans la tete.
et apres l exposer sur internet ce qu est devenu ce dechet.
« Marseille : 25 ans de prison pour les accusés d’un triple assassinat
Le jour de Noël 2011, les trois prévenus, âgés d’une trentaine d’années, avaient tué puis brûlé le corps de trois hommes liés au trafic de drogue.
SOURCE AFP
Publié le 17/12/2015 à 20:24 | Le Point.fr
en gros trois racailles ont tué et brulé trois autres racailles du même jus
6 racailles de moins……
bon job!
quand on pense que jusqu’ en 1946 pour un crime t’ étais bon pour une gentille perpète au bagne de Cayenne….
et même pour bien moin qu un crime…
gros soupir ………………
6 de moins tant mieux mais il faudrait s occuper de ces djhihadistes ou de leurs mentors les mettres hors circuits il ya des solutions.