Céline Pina : «Ce que la polémique sur Bilal Hassani dit de notre époque»
FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Céline Pina, la singularité de Bilal Hassani dérange : le jeune chanteur placé tout à coup sous les feux des projecteurs a d’abord séduit par sa personnalité originale, mais beaucoup lui reprochent à présent de ne pas cocher toutes les cases du discours médiatiquement correct.
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Ancienne élue locale, Céline Pina est essayiste et militante. Avec Fatiha Boutjalhat, elle est la fondatrice de Viv(r)e la République, mouvement citoyen laïque et républicain appelant à lutter contre tous les totalitarismes et pour la promotion des valeurs républicaines.
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Le nom du chanteur Bilal Hassani n’en finit plus de s’étaler en grosses lettres dans la presse. Le candidat à l’Eurovision, cible depuis quelques semaines d’attaques homophobes, a par la suite été mis en cause pour des propos hostiles à Israël, ou encore une vidéo ambiguë au sujet des attentats de Paris.
Cette polémique parle de notre époque, une époque qui voudrait se voir tolérante et bienveillante, prête à accepter toutes les différences, mais à condition que celles-ci restent ancrées dans des appartenances classifiées, des communautés constituées et surtout bien définies.
Notre société aime les archétypes, pas les modèles uniques.
Mettre en avant son particularisme est plébiscité, mais le faire dans un cadre communautaire voire communautariste est recommandé. Or Bilal Hassani brouille un peu trop les pistes. En plus, il ne tient pas de discours politique, au-delà d’une philosophie minimaliste à base de «chacun-fait-ce-qui-lui-plaît». Dans notre époque où il importe avant tout de savoir si on est victime ou coupable, dominant ou dominé, il ne fait pas bon finalement être trop original quand on assume ses particularités. Notre société aime les archétypes, pas les modèles uniques. Du coup, le fait que Bilal Hassani ne tienne aucun discours politique le dessert. Comme si être érigé en icône LGBT par le système médiatique se doublait d’une injonction à tenir le discours de la mouvance décoloniale, ou d’une suspicion d’y appartenir. Nous sommes tellement habitués à ce que les revendications ne soient plus sociales et à ce que chaque individu, capable d’attirer l’attention médiatique sur sa situation particulière, se fasse fort d’ériger son particularisme en modèle, que le simple désir de ce jeune homme d’être un artiste semblait incongru. Il fallait chercher ce que pouvait dissimuler ce désir qui ne se victimisait pas pour se légitimer ; cet artiste qui ne profitait pas de son nouveau statut pour en appeler à la sacralisation de l’appartenance à une minorité ; cet être qui revendiquait sa liberté à être mais ne considérait pas comme un affront de ne pas faire l’objet d’une reconnaissance dans la sphère publique ; ce personnage qui ne réclamait pas que cette reconnaissance soit liée à des droits particuliers, au nom des humiliations subies par toutes les personnes opprimées à travers l’histoire. Ce qui fait beaucoup de requérants au tribunal de la culpabilité…
Bilal Hassani a été érigé en symbole, mais notre époque qui se veut si tolérante a du mal avec l’anticonformisme. Elle aime les représentants communautaires, pas les promeneurs solitaires. Alors si on vous colle une étiquette mais que vous n’avez pas le reste de la panoplie, sous le feu des aigris, vous trouverez peu d’alliés.
Bilal a été choisi par une production, moins pour sa chanson que pour son image. Plus pour son histoire et son courage, son exubérance et son sens du spectacle que pour avoir fait ses preuves artistiques. Sa chanson n’est pas particulièrement représentative de la scène musicale française, mais cela n’a guère d’importance: ce n’est pas une chanson que l’on a choisi de mettre en avant, ni un interprète, mais un personnage. Que la production, qui n’a eu de cesse d’exploiter son image, n’ait pas pensé qu’une telle exposition pouvait lui valoir des attaques et ne soit pas plus en protection est choquant.
La question n’était pas « quand y aura-t-il des attaques ?» mais «d’où viendront-elles ? »
Bilal est jeune, il ne peut avoir le cynisme de voir et de gérer cela. C’est un môme qui vit la chance de sa vie. Il n’a pas voulu cette situation, c’est d’un système médiatique qui instrumentalise beaucoup de ce qu’il touche dont il est victime, autant que de l’agressivité des réseaux sociaux. Dans un contexte où les extrêmes sont remontés et où, qu’ils soient politiques ou religieux, les plus radicaux ont le vent en poupe, la question n’était pas «quand y aura-t-il des attaques?» mais «d’où viendront-elles?»
Aujourd’hui où toute affirmation d’ordre privé a tendance à se transformer en impératif de reconnaissance publique, en oubliant que si chacun fait ce qui lui plaît, il y a peu de chance que la société ne se transforme pas en jungle sanglante, toute mise en lumière d’un personnage chargé en symbole ne saurait se faire sans que l’on pense aussi à le protéger. Et je trouve le jeune Bilal très seul dans cette affaire. À force de ne se soucier que de buzz et de communication, de jouer avec les représentations et de ne se soucier que de donner des leçons de tolérance à la terre entière, la production de l’Eurovision a instrumentalisé un jeune homme sans lui donner les armes pour se battre face aux attaques. Alors même qu’il s’agit, quand on s’en tient aux faits, d’une tempête dans un verre d’eau. On reproche à Bilal Hassani un seul tweet sur l’État d’Israël,.. Outre que ce chiffre est réellement insignifiant, il avait 14 ans à l’époque. Pour le coup, ce n’était vraiment qu’un gosse. Or, quand on connaît la réalité de l’antisémitisme culturel chez certains jeunes musulmans et le fait que cet antisémitisme passe par la diabolisation de l’État d’Israël, on ne peut que noter la retenue du jeune Bilal. Aujourd’hui, il est sans ambiguïté sur Israël, et c’est justement dans ce pays qu’il va représenter la France.
Ajoutons, puisque la comparaison avec les cas de Mennel et de Mehdi Meklat est dans les pensées, que les choses n’ont rien à voir.
Autre source de polémique, un petit film tourné au portable où il parodie avec des copains une vidéo qui tournait beaucoup à l’époque sur les réseaux sociaux. Dans la vidéo originale, on voit un homme complètement allumé qui dit d’une voix de fausset: «La France a beaucoup souffert, attentat par ci, attentat par là», tout en se trémoussant et en se précipitant pour prendre les passants dans ses bras. Cette vidéo était la risée des réseaux sociaux ; les trois gamins, dont Bilal, se filment dans la rue en la singeant. Ils sont entre eux, ils font les pitres dans la rue, on est bien éloigné de tout message politique ou de toute intention agressive ou irrespectueuse. Le jeune garçon était loin de s’imaginer qu’il représenterait la France à l’Eurovision. Il n’avait pas en tête de se moquer des attentats de Paris et pas l’âge pour comprendre qu’hors contexte, ce pouvait être choquant ; mais il n’était pas censé y avoir un jour un «contexte», autrement que dans leurs rêves d’ados…
Ajoutons, puisque la comparaison avec les cas de Mennel et de Mehdi Meklat est dans les pensées, que les choses n’ont rien à voir. Dans le cas de la jeune Mennel, les attaches avec la mouvance des Frères musulmans sont avérées par de nombreux liens, des références partagées, la participation à des manifestations, le financement d’un clip de propagande pour la Palestine par une association très orientée politiquement… Dans le cas de Mehdi Meklat, le nombre faramineux de tweets comme leur ignominie donnent le vertige. Les deux n’avaient pas non plus 14 ans, étaient plus que majeurs, largement en âge de voter et bénéficiaient déjà d’une petite notoriété dans le cas du dernier.
Rien de cela chez ce jeune homme. Et si après avoir remué aussi loin dans son activité sur les réseaux, ses détracteurs n’ont fait que cette maigre récolte et n’ont déniché comme écrits choquants que ces deux tweets rédigés quand il avait 14 ans, alors il est plutôt quelqu’un de rare et de sympathique.
Surtout, on parle de l’Eurovision. Une cérémonie qui est à elle-même sa propre parodie.
Laissons ce jeune homme aller au bout de son rêve. Il n’a rien fait de mal. On n’a à la fin que des gamineries à lui reprocher et si peu que tout ce battage en devient ridicule.. Bilal Hassani est doux, léger, exubérant mais sans méchanceté. Et surtout, on parle de l’Eurovision. Une cérémonie qui est à elle-même sa propre parodie. Alors si on veut lutter contre ce qui déchire notre société et met à mal la concorde civile, commençons par ne pas nous tromper de cible, arrêtons de faire du moindre incident, une source de division et de défiance et surtout laissons Bilal Hassani chanter.
Source :
http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2019/02/05/31003-20190205ARTFIG00154-celine-pina-ce-que-la-polemique-sur-bilal-hassani-dit-de-notre-epoque.php
Il critique Israel alors que Israel à donné sa chance à « Dana » il ya 21 ans… je pense pas que le hamas ne tolere les transgenres…qu il y pense un peu !
Iran 2014
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D’habitude je suis assez d’accord avec ses articles mais là NON, je regrette!
Quand j’avais 14 ans et bien je ne me moquais pas des attentats qu’il y avait à travers le monde !
Quand elle écrit: » On reproche à Bilal Hassani un seul tweet sur l’État d’Israël,.. Outre que ce chiffre est réellement insignifiant, il avait 14 ans à l’époque. Pour le coup, ce n’était vraiment qu’un gosse » Pour moi c’est un tweet de trop, qu’il n’aurait jamais du écrire s’il avait eu un peu de culture et d’éducation ! La politique de l’excuse bat son plein dans notre pays 🙁
Sous prétexte qu’il n’avait que 14 ans alors on doit tout excuser, tout minimiser ?!! J’avais aussi 14 ans et j’ai grandi dans une cité qui plus est du 93 ou la délinquance juvénile bat tous les records et pourtant je ne suis pas devenue une racaille pour autant !!
« Bilal a été choisi par une production, moins pour sa chanson que pour son image. Plus pour son histoire et son courage, son exubérance et son sens du spectacle que pour avoir fait ses preuves artistiques. Sa chanson n’est pas particulièrement représentative de la scène musicale française, mais cela n’a guère d’importance…. » Donc, c’est bien ce que je dis: Il n’a pas été sélectionné pour sa chanson mais pour son look. Donc à partir de là, pourquoi le présenter à l’eurovision ou chacun met en valeur sa chanson ? Inutile de faire un dessin, on connait la réponse !!
Impossible de copier la video : liens URL bloqués
Pour Bilal,les + condamnables sont ceux qui l’utilisent!
Mme Pina part d’un a priori favorable !
Tout le monde n’a pas forcement le même avis et l’ on peut penser aussi que ses remords peuvent faire partie d’un opportunisme !