CCIF : saint Marwane dans les colonnes du Monde
Lundi 31 octobre, ma consoeur Cécile Chambraud, chargée de la rubrique
religion et laïcité au Monde, a livré une hagiographie de Marwan Muhammad,
actuellement directeur exécutif du CCIF, dans laquelle elle adoube comme
porte-voix des musulmans un islamiste patenté. Un exemple de journalisme à
ne pas suivre.
Envoyée spéciale à Strasbourg pour un « dîner de gala » sur lequel elle
s’attarde longuement, tout à son admiration des formes, C. Chambraud oublie
de préciser avec quels fonds l’association invitante a pu dresser
« richement » les tables pour « des élégants et des élégantes » venus
assister à l’un des séminaires de « défense intellectuelle » dispensés dans
tout l’Hexagone par Marwan Muhammad. Défense intellectuelle contre quoi ?
Ma consoeur a peut-être oublié de poser la question. Je peux lui fournir la
réponse.
Le Collectif contre l’islamophobie en France, par la voix de son directeur
exécutif, qui fut aussi son porte-parole, est on ne peut plus clair sur les
intentions qui l’animent. Depuis que l’association ADDH existe,
c’est-à-dire depuis 2000, fondée par le président Samy Debah, président,
donc, du CCIF – le nom et l’objet de l’association ont été changés en 2012,
mais le nom CCIF est employé depuis 2003 -, le CCIF n’a eu de cesse de
créer de fausses statistiques de l’islamophobie en France, dans le but de
faire reconnaître ce concept – diffusé par les Frères musulmans en Europe –
et non pas dans celui de défendre les musulmans dans leur ensemble des
agressions qu’ils peuvent subir.
Le CCIF n’a jamais pris la défense de femmes musulmanes agressées pour
avoir refusé le voilement, ou d’hommes attaqués pour n’avoir pas respecté
scrupuleusement le ramadan.
Il prétend, depuis son association communicationnelle avec CoExister,
défendre toutes les victimes de racisme ou d’antisémitisme, mais pas un
article sur ce thème n’apparaît sur son site, ni sur les pages des réseaux
sociaux du CCIF ou de Marwan Muhammad. Peut-être faut-il alos considérer
que la présence de ce dernier au « camp décolonial » organisé l’été dernier
par la mouvance des « racisés », Indigènes de la République en tête,
justifie une telle promotion ?
Pour être « défendu » par le CCIF, il faut être une musulmane portant hijab
ou niqab, un musulman orthopraxe, ou rien. Ce pourquoi la stratégie du CCIF
a consisté, depuis 2003, lors des premiers débats sur le voilement des
mineures qui allait déboucher sur la loi du 15 mars 2004, à affirmer que
les femmmes musulmanes sont victimes en France à 80% au moins d’agressions
physiques et psychologiques. Ce pourquoi le CCIF, après les tueries de
Charlie et de l’Hyper Casher, a concentré ses tirs sur le ministère de
l’Éducation nationale, qui se serait livré selon lui à des violences
juridiques et policières contre des enfants musulmans. Ce pourquoi le CCIF
a bataillé, après les tueries du 13 novembre, contre les perquisitions
administratives.
Ma consoeur ignore probablement que le CCIF a frémi à la fin des années
1990, lors de réunions orchestrées sous l’égide de Tariq Ramadan, l’homme
qui prône un « moratoire sur la lapidation », qui fut l’invité d’honneur de
son premier gala, en 2012, en compagnie de son frère Hani, l’homme pour qui
une femme non voilée vaut deux euros.
C. Chambraud dresse un portrait si orienté du propagandiste Muhammad qu’il
en est ridicule. Ainsi, l’applaudimètre est au beau fixe. Ainsi, M.
Muhammad est rigolo. On croirait lire le compte rendu d’une émission de
divertissement. Comment peut-on rester sérieux en apprenant que Monsieur
CCIF renverrait à nos compatriotes musulmans une « image restaurée »
d’eux-mêmes, lorsque l’image qu’il donne est celle de l’intégrisme ?
Oui, celle de l’intégrisme, car les liens sont établis entre le CCIF et des
figures connues du frérisme et du salafisme à la française. Que penser,
donc, d’une professionnelle spécialisée en « religion et laïcité » qui
méconnaît les idéologie à l’oeuvre dans ces courants de l’islam de France ?
Pour être confortée dans son jugement, ma consoeur interroge… Marwan
Mohammed, un sociologue proche… du CCIF, dont le constat qu’il semble faire
correspond tout simplement au turn-over médiatique des Frères musulmans :
« Il prend peu à peu la place de leadership de l’islamologue Tariq
Ramadan ». Outre que Tariq Ramadan n’a d’islamologue que le titre usurpé,
oui, Marwan Muhammad (le directeur du CCIF), notamment, est amené à
remplacer Tariq Ramadan auprès des médias, un peu grillé, sans doute, par
les révélations de Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Assurer la vente
du frérisme dans les médias ne signifie pourtant pas représenter les
musulmans, sans quoi, n’hésitons pas à affirmer que Robert Ménard
représente les Français, ou Civitas les catholiques de France.
Au passage, il est à saluer une remarque objective : les hauts cris de cet
été sur l’interdiction du burkini n’auront conduit à rien, sauf à asseoir
la notoriété du CCIF et à remplir ses caisses. Sur ce point, je rejoins C.
Chambraud : les arrêtés et les discours enflammés ont produit un miracle
que le collectif n’attendait sans doute pas.
« On a reproché, écrit-elle aussi, à Marwan Muhammad d’avoir tenu – ce
qu’interdit l’article 26 de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et
de l’Etat – une réunion à caractère politique dans la mosquée de
Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), fin août, le lendemain du jour où
deux jeunes femmes voilées ont été refoulées du restaurant Le Cénacle. » La
réponse de l’intéressé vaut son pesant : « Je n’ai rien dit de différent de
ce que je dis depuis six ans, commente-t-il. L’islamophobie n’est pas
seulement une question juridique. C’est aussi une question de participation
politique. »
Si l’on s’en tient à l’absence de commentaire de C. Chambraud à la suite de
cette réponse, peu importe la fin pourvu qu’on ait la liesse. Si Marwan
Muhammad déclare que l’islamophobie est aussi une question de
« participation politique », alors la politique a droit de cité dans les
mosquées !
Quant à la « sphère musulmane militante » à laquelle est affilié le CCIF,
il s’agit d’une sphère islamiste, celle du blogueur Al Kanz et de
l’association salafiste BarakaCity, tristement célèbre pour avoir honoré de
sa présence le Salon de Pontoise en septembre 2015, recueillant le fruit de
ventes sans tenir de caisse, selon des témoins sur place, et effaçant du
trombinoscope sur son site le visage de ses collaboratrices.
Tenue de donner un tantinet la parole à la contradiction, ma consoeur note
que les « détracteurs s’étranglent », considérant que nous serions en
quelque sorte des fous furieux avalant leur médisance de travers, alors
même que les discours dangereux et les manipulations nocives du CCIF sont
attestés et circonstanciés. Mais mieux vaut en effet considérer les laïques
qui informent, ou le préfet Clavreul, si malmené dans cet article alors
même que son travail de terrain apporte une lumière indispensable sur les
réalités en France, et alors même qu’il traite avec autant de sévérité les
actes antimusulmans que les autres, comme, au fond, de grands jaloux.
L’État français aussi doit être un grand jaloux, que conspue Marwan
Muhammad – tout en déclarant chez Thierry Ardisson que la France n’est pas
islamophobe -, rappelant l’existence d’une « islamophobie d’État » dont
tous les indicateurs enseignent qu’elle est totalement fantasmée.
Le danger d’un tel discours est tel que même Adballah Zekri, pourtant peu
avare de critiques envers l’autorité publique, alerte, et ce, dans des
propos rapportés dans ce même article : « En ajoutant aux actes
antimusulmans les discriminations, on affole les musulmans et on fait
passer tous les Français pour des antimusulmans, assure Abdallah
Zekri. Attention de ne pas mettre feu à la baraque ! » Le « feu à la
baraque », telle est en effet l’ambition du CCIF. Et si A. Zekhri le dit,
c’est que le torchon brûle, en raison même de la propagande du CCIF.
Comment s’expliquer, alors, que ce portrait donne de l’intégriste l’image
d’un mec sympa, d’un humaniste ? La manoeuvre est aisée : effacez la zebiba
(cette marque au front prouvant votre assiduité aux prières) d’un coup de
gomme Photoshop, apprenez à vos lecteurs que votre protégé déteste Zemmour
ou Copé, et votre protégé sera considéré comme un défenseur des droits de
l’homme. Le tour est joué.
Isabelle Kersimon
SOURCE :
http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10786
happywheels
A ce stade il faut écrire conne soeur et pas consoeur
chargée de la Lubrique religion et laïcité au Monde
Quoi attendre d’une journaliste de « l’immonde »