Barbara Lefebvre, la combattante

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Par Mickaël Fonton

Education. Professeur d’histoire-géographie, Barbara Lefebvre publie un ouvrage lucide et féroce sur la jeunesse, l’école, la société. Portrait d’une hussarde de la République qui refuse de croire que la défaite est inéluctable.
Les Français l’ont découverte le 6 avril 2017, opposée à Macron sur le plateau de l’Émission politique. Professeur d’histoire-géographie, Barbara Lefebvre avait mis en difficulté le futur président de la République : « Je l’ai interrogé sur ses propos, tenus en novembre 2016 en Algérie, qui assimilaient la colonisation à un crime contre l’humanité, raconte-t-elle. Je lui ai demandé en substance si, désormais, j’allais devoir enseigner à mes élèves que Jules Ferry ou Lyautey étaient des criminels de guerre. Puis je lui ai parlé de l’usage qu’il faisait du terme “refoulé colonial” et s’il pensait que c’était en aggravant cette fracture identitaire qu’il espérait que tous les jeunes des “territoires perdus” se sentiraient français et aimeraient leur pays… »

La charge n’avait pas plu à tout le monde et Barbara Lefebvre, qui avait eu le malheur de participer peu de temps auparavant à trois tables rondes organisées par les équipes “Société civile” de François Fillon, s’était retrouvée engluée dans une de ces polémiques dont les médias raffolent. La professeur, qui s’était contentée d’évoquer les questions du handicap à l’école, et qui avait d’ailleurs proposé la même intervention aux équipes du candidat En marche!, sans réponse, s’est vue accusée de dissimulation et de mensonge. « L’accuser d’être une menteuse, c’est grotesque, s’indigne une collègue. Si elle avait bossé pour Fillon, elle l’aurait dit. Ceux qui ont mené cette cabale sont ceux qu’elle renvoie à leur manque d’intégrité. »
Là où ses contempteurs n’avaient pas entièrement tort, c’est que Barbara Lefebvre n’était en effet pas “une Française parmi d’autres”. Ces gens-là, du reste, si souvent invoqués par les médias, leur sont en réalité le plus souvent inconnus : les relations des journalistes se bornent aux milieux associatifs, aux réseaux militants, aux auteurs d’ouvrages ou de tribunes. Barbara Lefebvre n’était nullement un soutien de Fillon, un membre actif de Sens commun, une catholique traditionaliste (elle est juive !), mais en revanche elle avait participé, avec d’autres, à la rédaction d’un livre édifiant, tragique, et dont la lecture a quelque chose d’accablant : les Territoires perdus de la République, une expression désormais passée dans le langage courant.

Dans son collège, le 11 septembre a été salué par des cris de joie
C’était à l’automne 2002. Barbara Lefebvre enseigne alors dans un collège de Colombes, dans les Hauts-de-Seine. C’est là qu’elle a vécu, un an plus tôt, les attentats du 11 Septembre. Cet événement, qui a choqué le monde, ne la surprend pas tant que ça. « Je n’étais pas vraiment étonnée, explique-t-elle. J’ai trouvé ça terrifiant par son ampleur, évidemment, mais l’irruption du terrorisme islamique me semblait inévitable. » Quelques années plus tôt, effectuant un séjour d’étude à l’Université hébraïque de Jérusalem, elle avait connu les attentats, le climat de guerre civile. Le 21 août 1995, le bus qui précédait le sien avait été soufflé par l’explosion d’une bombe et plusieurs étudiants qu’elle connaissait y avaient perdu la vie.
Ce qu’elle retient du 11 Septembre, ce sont les cris de joie dans son collège, dans la cité. « Ce qu’on pouvait entendre, déjà à l’époque, dans la bouche de ces gamins, ce qu’on pouvait lire dans les copies de ceux qui, jeunes encore, fréquentaient la mosquée, c’était délirant », se souvient-elle. Et c’est parce qu’elle n’a pas eu peur de parler de ce « délire », de raconter ce qu’elle voyait et entendait, au jour le jour, dans ses classes et dans les couloirs, qu’elle a rejoint l’équipe qui se constituait alors autour de Georges Bensoussan et qui allait donner naissance aux Territoires perdus de la République. L’objectif était simple : montrer à tous ce qui, déjà, crevait les yeux de certains, encore trop seuls, trop inaudibles, politiquement incorrects.

Le livre est paru. Un silence poli entoura sa publication, brisé par quelques cris de désapprobation. Un rapport parlementaire, dirigé par Jean-Pierre Obin, fut diligenté. Sur la question de la visibilité de l’islam dans les établissements scolaires, il confirma en tout point le tableau accablant de la situation, de ces morceaux de France qui se détachaient lentement du corps commun et annonçaient de violentes déchirures dans le tissu social. Le rapport fut pudiquement enterré. « Et il a fallu attendre Charlie Hebdo, l’Hyper Cacher et le Bataclan pour que certains Français ouvrent les yeux », commente Barbara Lefebvre. Pour elle, les Territoires perdus de la République marqueront un tournant. Insultée, menacée de mort, elle choisira bientôt de changer d’air pour quelque temps et de délaisser le terrain.
Un crève-coeur pour cette militante de l’instruction publique. « J’ai toujours voulu être prof, du moins après avoir compris que j’étais trop mauvaise en maths pour être médecin, sourit-elle. Un prof à l’ancienne, de français ou d’histoire, qui transmet du savoir, qui est volontaire pour les Zep, la France périphérique… » La traduction dans les faits d’un ressenti profond, d’une conscience : « Je suis très péguyste, je crois à l’amour charnel de la patrie. Mon grand-oncle, engagé volontaire dans la France Libre, emmenait chaque année mes cousins assister au défilé du 14 Juillet. Ma grand-mère, née en Tunisie, pleurait en écoutant la Marseillaise. Qui empêche un directeur d’école de faire chanter l’hymne national aux élèves rassemblés dans la cour ? » Pour l’instant, la jeune femme, mère d’une petite fille, se contente d’exiger de ses élèves qu’ils se tiennent en rang, ce qui lui vaut déjà de passer pour une professeur “rigide”, une “réacpublicaine” comme la surnomment ses contradicteurs — qu’elle qualifie pour sa part de “pédagauchistes”…
« C’est une femme entière, qui pouvait paraître un peu raide dans l’affirmation de ses convictions, se souvient Georges Bensoussan. En la retrouvant pour Une France soumise, j’ai constaté qu’elle était plus souple, moins tranchante qu’avant. Elle avait ajouté à sa grande capacité de travail un véritable esprit de synthèse. Elle a aussi beaucoup de courage dont celui, assez rare, de dire à un interlocuteur hostile ce qu’elle pense et croit, sans provoquer ni se démonter non plus. Enfin, bien qu’ayant connu désillusions, avanie, trahisons, elle est restée une combattante. Je crois que s’il fallait garder un mot pour la caractériser, ce serait celui-là. »
“Génération ‘J’ai le droit’”, de Barbara Lefebvre Albin Michel, 240 pages, 18 €.
Source :
https://www.valeursactuelles.com/societe/barbara-lefebvre-la-combattante-93266

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7 Commentaires

  1. marredestocards dit :

    Pour avoir acheté « une France soumise », c’est déjà probant et flippant pour l’avenir.
    C’est au moins déjà bien qu’elle ait eu le courage de témoigner, parce que balayer sous le tapis, c’est devenu tellement courant qu’on risque sa carriére en le dénonçant.

    • La Tengo dit :

      Oui son discours est tellement courageux et subversif, qu’elle est sur Francetv, Figaro, BFMtv, cnews … c’est dire si elle est diabolisée !

  2. Michadri dit :

    D’avoir laisser grandir cette haine de la France, les politiciens ont une énorme responsabilite et devront un jour rendre des comptes.

  3. Franccomtois dit :

    Jusque lá les profs,instits bobo,fantasmaient sur le vivre ensemble sans que eux même ne se farcissent comme voisin les chances pour l´Europe.Aujourd´hui il en va autrement,sinon comment expliquer le manque de motivation des jeunes instits et profs pour aller dans la fosse aux alligators.Nous avons des photos de classe de mes gosses,seul 2,3 éleves par classe sont d´origine Européenne.Des voisins Syrien ici en Allemagne,ont vu les photos et la premiere chose dite fut,vous avez vécu dans des pays Arabes?Le Probleme n´est pas l´origine des gens quand ils respectent l´endroit oú ils vivent,mais lá je dois dire qu´il en était autrement.Notre quartier était completement abandonné par la mairie,la plupart des familles avaient au minimum une personne de chez eux en taule ou alors avec un bracelet electronique.Les classes se vidaient á chaque fêtes muzz sans que les instits ne trouve rien á redire,en tout cas ouvertement.Plusieurs fois un de mes gosses a été pris á parti á la cantine,car lui seul mangeait du cochon.Pas de réaction de l´encadrement.Se plaindre,oui mais á qui?Les européens du quartier étaient pour la plupart des vieux les plus jeunes réussissaient á scolariser leurs gosses ailleurs,comment?Ils nous fallait partir,c´est ce que nous avons fait et bien fait.Se qui nous á permis de tenir dans ce quartier c´était les ami(e)s gitans de ma femme.Sans être trop méchant avec mes compatriote,mais lorsque vous avez des problemes avec des muzz,il ne faut pas trop compter sur eux.
    Sinon un petit bonjour á Francoise Saadoun dont je vois plus de commentaire,en epérant en lire trés prochainement.

    • marredestocards dit :

      Pour avoir vécu longtemps et être même né dans une de ces fameuses banlieues, je peux dire déjà que ça allait relativement mais le fait de voir débarquer encore plus de gens du bled puis des types du Pakistan courant 2004-2006 a tout changé, on a eu un refermement qui s’est accéléré.
      On peut dire ce que l’on veut mais ben laden a réussi son coup car 2001 (du moins, là où je me trouvais) a vu après l’augmentation des gens à la mosquée du coin alors qu’il n’y avait pas grand monde, jusqu’à bloquer complètement le secteur le vendredi midi.

      La seule certitude que j’ai et qui m’inquiéte, c’est que les populations musulmanes suivront… LE PLUS FORT.
      Ils sont hyper passifs, ont une peur panique de se faire mettre tricard s’ils ouvrent juste un peu la bouche.
      Si la République reprend les rennes, ils suivront peut-être mais si les barbus sont aux commandes, je mise pas cher sur la suite.
      De toute manière, l’étape obligatoire est la prise du pouvoir localement au travers des urnes ou avec des collabos comme le maire de S. bien connu dont je tairai le nom sur ce site, et qui s’est exposé par M6 et qui s’était déjà fait épingler pour avoir offert des logements sociaux à une centaines de Tamouls en échange de leurs inscriptions à son parti.

  4. Cyd Alric dit :

    Pas de propos laudateurs intempestifs mais juste un grand BRAVO Barbara pour la justesse de vos propos – Merci

  5. Shlomo Goldbergstein dit :

    Oy Vey

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