Au tribunal, Robert, 74 ans, justifie ses tags antisémites

Ce jeudi, Robert N. comparaissait devant le tribunal correctionnel de Paris pour une série de tags antisémites réalisés au feutre noir sur des immeubles dans le XVIe arrondissement. Le septuagénaire avait notamment visé son ancienne avocate qu’il pensait juive.
Par Nicolas Goinard

Robert N. se redresse péniblement, puis, claudiquant, s’approche du micro. Il tend l’oreille, se servant de sa main comme d’un amplificateur pour mieux entendre les questions des magistrats. Et elles sont nombreuses. Celle-ci notamment : comment un homme apparemment sans histoire, casier judiciaire vierge — tout juste se souvient-il d’une amende un jour pour un tapage —, décide à 74 ans de sortir de chez lui, de partir sur son vélo, un feutre noir dans la poche, pour aller cracher sa haine des juifs sur les murs du XVIe arrondissement ?
Il a sévi entre janvier et juin. « Ici habitent de sales juifs » ou encore « Renard (le nom de son ancienne avocate), sale p… de voleuse de juif ». Robert n’a pas choisi des immeubles au hasard, il a ciblé les adresses de son syndic de copropriété ou de son ancien conseil avec qui il avait eu un différend.
Source
Le Parisien
Le député Renaissance Benjamin Haddad, élu dans cette circonscription de Paris, s’est dit « profondément choqué » par cet acte antisémite.  » La haine antisémite n’a pas sa place dans notre pays : on ne laissera rien passer », a déclaré le député sur le réseau social X.
De son côté, Élie Korchia, président du Consistoire central de France et avocat au barreau de Paris, a dénoncé sur BFM TV « un tag ignoble », « un acte odieux ». « Il faut en parler », plaide-t-il lui aussi sur notre antenne. « Il faut déposer plainte. La plainte est en cours de dépôt.. » Selon l’avocat, il est nécessaire « d’agir avec une grande sévérité » et de faire de la lutte contre l’antisémitisme « une cause nationale ».

Une avocate visée par des inscriptions antisémites à Paris
En un mois, Me Nathalie Renard a déposé trois plaintes après l’apparition d’inscriptions sur la façade de l’immeuble où est installé son cabinet. Il y a également eu des croix gammées. Un déchaînement qu’elle attribue au contexte actuel.
Il y avait eu les appels, les menaces. Puis un cran a été franchi il y a un mois. Me Nathalie Renard a déposé ce week-end sa troisième plainte après l’apparition d’une nouvelle inscription sur le bâtiment de l’avenue de Versailles, à Paris (XVIe arrondissement), où son cabinet est installé.
« Deux fois, on nous a arraché notre plaque professionnelle et des croix gammées ont été taguées », rapporte l’avocate auprès du Parisien : « Je suis visée par des tags antisémites, je ne suis même pas juive. » Vendredi matin, au feutre noir sur la pierre de taille, le tag dit cette fois : « Renard, sale p… de voleuse de juif ». « C’est toujours une expérience un peu flippante », a réagi Me Renard lundi 1er juillet. Souhaite-t-elle que son nom apparaisse dans notre article ? Elle répond : « Ce n’est pas à nous de rougir. » L’enquête est entre les mains du commissariat du XVIe arrondissement.
« Je suis persuadée que le contexte général libère une parole décomplexée »
Le 24 juin, la même inscription était apparue au même endroit. Et un peu plus tôt, toujours au même feutre avec une écriture qui laisse à penser qu’il pourrait s’agir de la même personne, « ici habitent des juifs ». Mais qui lui en veut ? « J’ai ma petite idée », glisse l’avocate. Elle pense à un dossier qu’elle avait remporté dans lequel elle défendait des clients de confession juive. L’adversaire pourrait avoir une dent contre l’avocate. Mais si l’affaire est assez ancienne, le déferlement de haine sur la façade de l’immeuble de cette avenue cossue est récent. « Je suis intimement persuadée que le contexte général libère une parole décomplexée. Il y a dix ans, ça aurait été impensable », reprend Me Renard.