Attentat de Trèbes : le récit, minute par minute, du sacrifice d’Arnaud Beltrame

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VIDÉO – En consultant le dossier d’instruction, Le Monde et Le Parisien ont pu reconstituer les événements du 23 mars dans le Super U. Ce récit poignant permet de mesurer tout l’héroïsme du colonel Beltrame, mais met aussi en lumière le long délai entre ses derniers mots et l’assaut final du GIGN.
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«Un amoureux de l’institution et de la Nation». C’est par ces mots qu’un gendarme salue la mémoire d’Arnaud Beltrame dans le rapport d’instruction qu’ont pu consulter Le Monde et Le Parisien . La lecture de ce récit donne corps, minute après minute, au geste sacrificiel du colonel de la Gendarmerie nationale, devenu héros national après l’attentat à Trèbes le 23 mars dernier.
Ces quelques heures entre l’irruption à 10h38 de Radouane Lakdim dans le Super U et l’intervention du GIGN entre 14h20 et 14h30 révèlent la nature d’un assaut qui a débordé hors de «tout cadre protocolaire sous l’impulsion d’un homme», estime Le Monde. Le Parisien va nettement plus loin en mettant particulièrement en lumière une zone d’ombre qui demeure, celle du délai étonnamment long – environ 10 minutes – entre les derniers mots d’Arnaud Beltrame et l’assaut final.
Quand les premiers gendarmes arrivent sur place, Radouane Lakdim a déjà, plus tôt dans la matinée, tué un homme et blessé deux militaires dans la ville voisine de Carcassonne, avant d’abattre, cette fois-ci dans le supermarché, un client et un employé. Commandant les hommes du peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Carcassonne, le major Thierry G. forme une colonne qui pénètre à 11h20 dans le magasin. Le brigadier-chef qui la dirige réalise alors que le numéro 3 de la gendarmerie départementale, Arnaud Beltrame, a rejoint le petit groupe de militaires, ce qui n’était pas prévu. «Comme le veut la consigne, je lui ai demandé de rester derrière moi», poursuit-il en remarquant que l’officier supérieur ne portait pas de gilet pare-balles lourd.
«Attaque… Assaut, assaut»
Radouane Lakdim aperçoit alors les militaires. «La situation s’est tendue» à la vue de ces «Robocop», raconte l’otage Julie L., citée par Le Monde. A ce moment-là, alors que les gendarmes tiennent en joue le terroriste, celui-ci menace alors d’abattre la jeune femme. Il était «très énervé», «il n’arrêtait pas de crier Allahou Akbar», confirme le commandant du PSIG. Les négociations s’engagent néanmoins, mais l’inattendu se produit. Le colonel Beltrame s’avance, les mains levées, et lâche aux militaires: «Taisez-vous, c’est moi qui négocie. Cassez-vous du supermarché». Le major tente un «Non, colonel, reculez», mais ce dernier s’adresse désormais au djihadiste: «Lâchez [l’otage] et prenez-moi à sa place». Après avoir donné son arme à Radouane Lakdim, Arnaud Beltrame entre avec lui dans la salle des coffres et Julie L. est relâchée. «Tout le monde était dans l’incompréhension avant d’envisager qu’il s’agissait sûrement de la meilleure façon de sauver la vie de l’otage», explique un gendarme, cité par Le Parisien.
Il est déjà plus de 14h quand le négociateur du GIGN parvient à entrer en contact avec le colonel Beltrame. «Comment allez-vous?», lui demande-t-il. «Très bien. Vous savez qui je suis?», lui demande-t-il en retour, avec un calme désarmant. Il active son haut-parleur, ce qui permet d’engager la négociation avec Radouane Lakdim, qui réclame la libération de Salah Abdeslam, le dernier survivant du commando des attentats du 13 novembre, à Paris. Le négociateur tente de l’amadouer en parlant de sa mère. Sans succès. «On est là pour la mort en martyrs (…) Ma mère n’est pas comme moi, elle est comme vous (…) Je lui ai passé le message, elle ne veut pas comprendre, eh ben chacun sa tombe», lâche le djihadiste. Et puis, soudain, ce sont les derniers mots d’Arnaud Beltrame «Attaque… Assaut, assaut», selon la retranscription de la bande sur procès-verbal, qui fait état de «bruits de lutte et de cris d’une ou deux personnes». Le négociateur ne semble pas réaliser. «Qu’est-ce qu’il se passe?» lance-t-il trois fois. Le Parisien évoque un «très long monologue»: «Radouane, je veux savoir ce qui se passe (…) tous ces bruits donnent l’impression que vous êtes bien énervé (…) Arnaud, vous êtes là?». Et l’agent du GIGN de poursuivre: «Si tu es blessé, Arnaud, grogne un coup… C’est toi, Radouane, tout ce bruit ,».
Arnaud Beltrame, blessé par trois tirs, est mortellement atteint par plusieurs coups de couteau à la gorge. Il décédera quelques heures plus tard à l’hôpital. Or, même si un minutage précis n’est pas possible, Le Parisien estime que, selon le dossier d’instruction, le délai entre ses ultimes paroles et l’assaut final est d’une dizaine de minutes environ, contrairement au rapport de l’IGPN qui fait état d’un brouhaha d’une trentaine de secondes. Cette question reste en suspens.
Source :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/07/22/01016-20180722ARTFIG00065-attentat-de-trebes-le-recit-minute-par-minute-du-sacrifice-d-arnaud-beltrame.php

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2 Commentaires

  1. vrcngtrx dit :

    à 3:45
    « il s’agissait sûrement de la meilleure façon de sauver la vie de l’otage »
    non car remplacer un otage par un autre c’est revenir au même point.
    s’agit-il d’un choix déontologique ou personnel que d’échanger la vie d’une caissière contre celle d’un gendarme (?)

    « Beltrame entre avec lui après AVOIR DONNÉ SON ARME à Lakdim »
    là c’est la méga boulette car le récit ne semble pas témoigner d’une demande de l’agresseur

    « lâche le djihadiste »
    pléonasme

    « On est là pour la mort en martyrs »
    sale enculé, les martyrs ce sont tes victimes et personne d’autre. Toi t’es qu’une merde de gâté pourri du système qui par refus de l’admettre passe sa haine sur les pauvres gens

    à 6:42
    « personne du côté des unités d’intervention ne semble réagir et prendre conscience de la situation »
    ah, nous y voila

    à 6:58
    « qu’est-ce qui se passe ? »
    t’es con ou tu t’es pas lavé les oreilles ? il a répété ‘ASSAUT’ tu crois que ça veut dire que c’est le moment de se branler sur place comme dans un canapé devant la télé, connard !

    « AB a été égorgé probablement à ce moment là »
    probablement ?.. comme si ça laissait encore le doute

    à 7:46
    « si tu es blessé Arnaud grogne un coup »
    put1 j’y crois pas la requête de merde …
    « c’est toi Radouane tout ce bruit ? »
    mais bon sang ils ont été le chercher où ce mec sans dec ? c’est pas possible d’être aussi con

    Donc entre le silence radio et l’intervention du gign, un temps précieux de perdu qui n’aurait peut-être pas sauver d’AB mais qui prouve que face aux islamouchamerdes la parlotte est totalement inutile.
    Beltrame se serait loupé lors de concours pour monter en grade dans sa carrière, ce jour là il semble tout donner héroïquement mais au mépris des règles :((

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