Apologie du terrorisme : un drogué marocain relaxé par le tribunal de Blois

Un homme d’une trentaine d’années a été jugé en comparution immédiate, lundi. Il était poursuivi pour apologie du terrorisme. Il a été relaxé.
Tribunal correctionnel de Blois. Un homme de 33 ans, de nationalité marocaine, a été jugé, lundi, en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Blois. Il était poursuivi pour apologie du terrorisme. Il aurait indiqué, devant un travailleur social qui le suit, que le professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine, décapité le 16 octobre, « ne devait pas se moquer de Mahomet », que « c’était une bonne chose que l’enseignant ait été tué ».
Le travailleur social en avait parlé à son supérieur, qui a ensuite alerté la préfecture. Cette dernière en a informé le parquet. Une enquête a été ouverte et les policiers ont interpellé l’homme, vendredi. Lors des perquisitions, quelques grammes de cannabis ont été retrouvés à son domicile, ce qui lui vaut aussi d’être poursuivi, en plus d’apologie du terrorisme, pour usage de stupéfiants.

S’il reconnaît être consommateur de cannabis, en revanche il nie toute apologie du terrorisme. Que ce soit en garde à vue, devant le procureur, devant le juge des libertés et de la détention (qui l’a incarcéré dimanche dans l’attente du procès), devant le tribunal lundi, le prévenu n’en démord pas. Jamais il n’a tenu de tels propos. « Ça me blesse quand on se moque de ma religion, du prophète. Mais ça me blesse encore plus qu’un professeur soit tué, je ne suis pas d’accord avec ce qu’il a fait le petit Tchétchène. » Et il poursuit : « Ce n’est pas ça l’islam, c’est une religion de paix, pas de guerre. »
Il avance une hypothèse. Peut-être que le travailleur social, dont il estimait ne pas bien faire son travail, a voulu en quelque sorte « se venger ». L’avocate de la défense, Me Alexandra Monière, argue que le travailleur social n’a jamais été directement entendu. Que ce ne sont que des propos rapportés. « C’est la première chose qui me choque dans cette procédure ! » insiste l’avocate.
Lors des investigations, les différents supports informatiques trouvés chez le prévenu et son téléphone portable ont été passés au crible. Aucun message de haine, de cautionnement d’actes terroristes ou quoi que ce soit n’ont été retrouvés. Juste des vidéos, avec des messages « pacifistes » ou « d’ordre familial » comme le souligne Me Monière.
Le trentenaire souffre de schizophrénie, il a déjà fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Il suit actuellement un traitement. S’il se dit musulman, il indique qu’il ne va pas à la mosquée, qu’il ne prie pas chez lui tous les jours. Il compte sept mentions à son casier et est donc suivi par une association qui l’aide à se réinsérer depuis qu’il est sorti de prison il y a deux ans.
Pour le vice-procureur, Jean Demattéis, quelle que soit la position du prévenu, « les propos ont parfaitement été tenus, c’est une évidence même ». Selon le magistrat, c’est « quelqu’un de dangereux, de parfaitement imprévisible », revenant sur des déclarations contradictoires qu’il a pu tenir en procédure. Il requiert trois ans de prison ferme, et la révocation du sursis dont il fait l’objet, avec maintien en détention. Il demande aussi une interdiction du territoire français pendant dix ans.
Le tribunal a relaxé le trentenaire pour les faits d’apologie du terrorisme, estimant qu’ils n’étaient « pas suffisamment établis et ne reposant que sur des propos rapportés ». En revanche, il a été condamné pour l’usage de stupéfiants à deux mois de prison ferme. Il est reparti en prison à l’issue de l’audience.
Source :
https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/apologie-du-terrorisme-un-trentenaire-relaxe-par-le-tribunal-de-blois