«Antifa», «décoloniaux», «indigénistes»… la troublante nébuleuse du comité Traoré
DÉCRYPTAGE – Un collectif efficace, des militants expérimentés, des relais médiatiques, avec comme base de départ une famille très soudée et en première ligne, une grande sœur charismatique.
Par Stéphane Kovacs
Assa Traoré, sœur d’Adama, samedi, lors de la manifestation contre les violences policières, place de la République, à Paris. Aurelien Meunier/Getty Images
«Tant que nous n’aurons pas la justice, vous n’aurez pas la paix.» C’est le mot d’ordre, scandé samedi encore à Paris, du Comité Adama Traoré. Depuis quatre ans, il réclame «la vérité» sur la mort du jeune homme après son interpellation par les gendarmes. Un mouvement qui, au côté de l’extrême gauche, mène un combat de plus en plus politique avec un discours identitaire et victimaire de plus en plus affirmé. «Il est important de faire des alliances fortes, lançait Assa Traoré, à la tête du comité, lors d’une manifestation en 2018. En Afrique, ils vont renverser le président, ils rentrent dans le palais. Ça se passe comme ça en Afrique, pourquoi ça devrait pas se passer comme ça en France? Nous sommes prêts, nous pouvons faire une belle révolution.»
Une fratrie de dix-sept frères et sœurs, issus d’un père polygame né au Mali et de quatre femmes, deux blanches et deux noires. Une famille très soudée qui, dès le début, a pu compter sur un collectif efficace, avec des militants expérimentés, des relais médiatiques, et en première ligne, une grande sœur charismatique. «Je pense que la famille peut être parfois manipulée, parfois récupérée…», se hasarde la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. «On a beaucoup de mal à avoir une liste des membres de ce comité, observe l’essayiste Céline Pina. À chaque manifestation, on voit des personnalités du monde culturel. Ils manœuvrent très bien. Il y a de l’argent, de la stratégie et de l’influence. A priori, il y a une arrière-cuisine derrière tout ça, qui est extrêmement protégée.»
Des ponts ont rapidement été lancés avec la mouvance antifasciste, et certains membres de LFI, EELV ou du PS ont marché aux côtés du collectif. «On a vu peu à peu le comité Adama dans toutes sortes de manifestations, pour finir par être placé parfois en tête de cortège, comme pour la ‘ ‘Fête à Macron’’, organisée par LFI en mai 2018, rappelle Céline Pina. Ils ont été aussi des acteurs remarqués de la marche contre l’islamophobie, en novembre, où Allah akbar a été scandé.»
Dès les débuts du mouvement des «gilets jaunes», le comité Adama lui apporte son soutien. «Leur force, indique à l’AFP Julien Talpin, chercheur au CNRS, est de réussir à élargir le spectre et à universaliser leur combat, en disant: quand on parle d’Adama Traoré, on parle de toutes les victimes de violences policières et de la valeur de la vie des personnes des milieux populaires.» Le sociologue Geoffroy de Lagasnerie et son ami l’écrivain Édouard Louis ont rejoint le mouvement.
Parmi les proches de la famille Traoré, des militants décoloniaux, comme Youcef Brakni. «Avec le comité Adama et d’autres dans les quartiers populaires, nous réinventons la gauche», clame cet ancien membre du Mouvement islamique de libération (MIL), qui visait «notre autonomie politique et culturelle afin que notre communauté recouvre son droit légitime à disposer d’elle-même loin de toute tutelle». Youcef Brakni est «un relais entre une certaine extrême gauche et l’extrême droite musulmane», décrit le site Indymedia Nantes, pointant qu’il lutte contre les violences policières «sauf quand les victimes sont blanc.he.s ou que les keufs sont racisé.e.s». Dans une vidéo datant de 2012, on le voit déplorer «l’instrumentalisation» de l’affaire Merah et l’emploi des termes de «djihadisme» et de «salafisme» que «l’on utilise à toutes les sauces».
Autre pilier du comité, Almamy Kanouté, acteur dans le film Les Misérables. Un ancien de la «Brigade anti-négrophobie». Pour lui, «la solution», c’est de «fusionner les luttes» pour «se débarrasser des «cols blancs». «Le fameux 1% de ceux qui détiennent les groupes de presse, les grandes entreprises. Ceux qui donnent le tempo.» Ces derniers jours, le collectif a multiplié les plaintes: contre Marine Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen et plusieurs journalistes. «C’est pour faire comprendre une chose, a indiqué Almamy Kanouté à Franceinfo. Une génération a commencé à se saisir de ses droits et à appliquer ses devoirs.»
Source :
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/antifa-decoloniaux-indigenistes-la-troublante-nebuleuse-du-comite-traore-20200615
Quoi dire ?, que des dechets de l’humanité