“Al-Aqsa en danger”, une invention de la propagande arabe
par
Philippe Karsenty et Pierre Lurçat
– 28 juillet 2017
On entend beaucoup le slogan « Al-Aqsa en danger » ces derniers jours. Un son de cloche qui nous ramène aux heures les plus sombres du mouvement palestinien, dans ces années 1930 où nationalistes, Frères musulmans égyptiens et nationaux-socialistes allemands nouaient alliance contre les Juifs…
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Une des erreurs auxquelles les médias français et européens nous ont habitués consiste à nous persuader que le conflit dans lequel Israël est plongé depuis sa renaissance s’inscrit dans la durée courte de l’actualité – celle des journaux télévisés et des quotidiens – alors qu’il s’inscrit dans la durée longue de l’histoire et de la politique moyen-orientale, où aucun événement ne peut être compris en faisant abstraction de son contexte à moyen et long terme. On ne saurait ainsi comprendre les événements actuels à Jérusalem sans les relier aux événements fondateurs survenus il y a presque quatre-vingt-dix ans, époque où ont été posées les bases idéologiques de l’affrontement israélo-arabe. C’est en effet au début des années 1930 que la mosquée Al-Aqsa et Jérusalem deviennent des éléments centraux de l’opposition arabe au sionisme, et qu’apparaît un slogan mensonger qui a fait couler depuis des rivières de sang : « Al-Aqsa est en danger ! »
Hamas et Fatah à l’unisson
Ce slogan a été entendu à de nombreuses reprises ces dernières semaines, tant dans la bouche des prédicateurs et chefs radicaux du Hamas que dans celle des dirigeants du Fatah et de l’Autorité palestinienne, tous unis dans la même détestation d’Israël et du peuple juif. Mais son invention remonte à une époque déjà lointaine1, où se sont mis en place les principaux acteurs et paramètres de l’affrontement actuel. Ce slogan est étroitement lié à l’implication des Frères musulmans égyptiens dans la question palestinienne, par l’intermédiaire du Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini.
La guerre contre les juifs
Celui-ci a joué un rôle clé dans l’établissement d’une « alliance germano-islamique », qui n’était pas de pure circonstance : le père fondateur du mouvement national palestinien était en effet un nazi convaincu, qui a passé plusieurs années à Berlin pendant la Deuxième Guerre mondiale, diffusant des émissions de propagande à destination des pays musulmans et œuvrant avec acharnement pour convaincre le régime nazi d’inclure les Juifs de Palestine dans la «Solution finale». C’est Amin Al-Husseini qui a convaincu le mouvement des Frères musulmans égyptiens – matrice de l’islamisme contemporain – de faire de la guerre contre les Juifs et de la question de Jérusalem un élément central de leur propagande, à une époque où ils ne manifestaient aucun intérêt pour ce qui se passait dans la Palestine mandataire voisine. Certains écrivains et hommes politiques égyptiens avaient même exprimé leur sympathie pour le mouvement sioniste, à l’instar du célèbre penseur musulman Rashid Rida, rédacteur en chef du journal Al-Manar.
La rumeur de Jérusalem
Tout change en 1936, année des émeutes arabes fomentées par le Mufti de Jérusalem, qui marquent le début de l’implication des Frères musulmans dans la question palestinienne. Au début de l’été 1936, le Haut Comité arabe de Jérusalem, dirigé par Al-Husseini, envoie ainsi des émissaires en Egypte afin de mobiliser les autorités religieuses, gouvernementales et les médias en faveur de la cause arabe en Palestine. Pour sensibiliser l’opinion, ils prétendent que les Juifs ont voulu « profaner les Lieux Saints » de Jérusalem, soi-disant pour « reconstruire le Troisième Temple sur l’emplacement de la mosquée d’Omar ». Cette rumeur est propagée par les mosquées dans toute l’Egypte, les prédicateurs affirmant que c’est une obligation religieuse (“fard ‘ayn”) pour chaque musulman de s’engager dans le djihad en faveur de la Palestine.
1936 : les nationalistes s’allient aux Frères musulmans
Cet épisode fondateur, largement méconnu, a permis de poser les bases de l’affrontement idéologique, dont nous vivons aujourd’hui les derniers rebondissements. Le slogan « Al Aqsa en danger » n’a ainsi pas été inventé par le Hamas ou par Mahmoud Abbas, le faux modéré dirigeant de l’Autorité palestinienne. Il remonte à 1936, année cruciale qui voit s’édifier l’alliance entre le fondateur du mouvement national palestinien et les Frères musulmans égyptiens. Cette alliance est décisive dans l’histoire du mouvement palestinien, tant sur le plan idéologique que sur celui des organisations politiques. En effet, tant le Fatah que le Hamas – ces frères ennemis – ont des liens avec le mouvement des Frères musulmans. Le Hamas est la branche palestinienne du mouvement islamiste égyptien, et le dirigeant historique du Fatah, Yasser Arafat, a fait partie dans sa jeunesse des Frères musulmans en Egypte.
Des conséquences délétères
L’accusation calomnieuse « Al Aqsa en danger », devenue un élément central de la propagande arabe à l’époque de l’alliance entre Hitler et le mufti de Jérusalem, n’a jamais disparu. Elle réapparaît régulièrement, chaque fois que le conflit s’essouffle et qu’il est nécessaire d’ajouter un peu d’huile sur le feu, avec les conséquences dramatiques que nous voyons aujourd’hui.
Source :
https://www.causeur.fr/israel-jerusalem-alaqsa-terrorisme-145787
« matrice de l’islamisme contemporain »
https://image.slidesharecdn.com/middleeast-140905124454-phpapp01/95/isil-is-the-offspring-of-wwi-hitler-sadam-and-poverty-7-638.jpg?cb=1410596470
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