« Al Aqsa en danger ! » : Généalogie d’une calomnie
par Pierre Lurçat
L’horrible attentat perpétré dans la synagogue de Har Nof à Jérusalem n’est que le dernier en date d’une vague de terreur et de guerre qui n’a pas commencé en 2014, mais remonte aux tous débuts du conflit israélo-arabe : non pas 1967, ni même 1948, mais bien plutôt 1936 et 1929, date du tristement célèbre pogrome de Hébron, que l’historiographie juive préfère désigner par un euphémisme : les «événements de 1929 ».
Une des erreurs les plus répandues auxquelles la propagande arabe et européenne nous a habitués, consiste en effet à nous persuader que le conflit dans lequel Israël est plongé depuis sa renaissance s’inscrit dans la durée courte de l’actualité – celle des journaux télévisés et des quotidiens – alors qu’il s’inscrit dans la durée longue de l’histoire et de la politique moyen-orientale, où aucun événement ne peut être compris en faisant abstraction de son contexte à moyen et long terme.
Enterrement des victimes du pogrome de Hébron, 1929
On ne saurait ainsi comprendre les événements actuels, que les médias israéliens s’obstinent à qualifier de « troisième Intifada », sans les relier aux événements fondateurs survenus dans notre région il y a presque quatre-vingt-dix ans, époque où ont été posées les bases idéologiques de l’affrontement israélo-arabe. C’est en effet au début des années 1930 que la mosquée Al-Aqsa et Jérusalem deviennent des éléments centraux de l’opposition arabe au sionisme, et qu’apparaît un slogan mensonger qui a fait couler depuis des rivières de sang : « Al Aqsa est en danger ! »
Ce slogan a été entendu à de nombreuses reprises ces dernières semaines, tant dans la bouche des prédicateurs et chefs radicaux du Hamas et du mouvement islamiste arabo-palestinien, que dans celle des dirigeants du Fatah et de l’Autorité palestinienne, tous unis dans la même détestation d’Israël et du peuple juif. Mais son invention remonte à une époque déjà lointaine *, où se sont mis en place les principaux acteurs et paramètres de l’affrontement actuel.
J’ai décrit dans mon livre Le Sabre et le Coran ** l’implication des Frères musulmans égyptiens dans la question palestinienne, par l’intermédiaire du Mufti de Jérusalem, Hadj Amin Al-Husseini. Celui-ci a joué un rôle clé dans l’établissement d’une « alliance germano-islamique », qui n’était pas de pure circonstance : le père fondateur du mouvement national palestinien était en effet un nazi convaincu, qui a passé plusieurs années à Berlin pendant la Deuxième Guerre mondiale, diffusant des émissions de propagande à destination des pays musulmans et œuvrant avec acharnement pour convaincre le régime nazi d’inclure les Juifs de Palestine dans la « Solution finale ».
Al-Husseini, les Frères musulmans et le nazisme : une alliance oubliée
C’est Amin Al-Husseini qui a convaincu le mouvement des Frères musulmans égyptiens – matrice de l’islamisme contemporain – de faire de la guerre contre les Juifs et de la question de Jérusalem un élément central de leur propagande, à une époque où ils ne manifestaient aucun intérêt pour ce qui se passait dans la Palestine mandataire voisine. Certains écrivains et hommes politiques égyptiens avaient même exprimé leur sympathie pour le mouvement sioniste, à l’instar du célèbre penseur musulman Rashi Rida, rédacteur en chef du journalAl-Manar.
Tout change en 1936, année des émeutes arabes fomentées par le Mufti de Jérusalem, qui marquent le début de l’implication des Frères musulmans dans la question palestinienne. Au début de l’été 1936, le Haut Comité arabe de Jérusalem, dirigé par Al-Husseini, envoie ainsi des émissaires en Egypte afin de mobiliser les autorités religieuses, gouvernementales et les médias en faveur de la cause arabe en Palestine. Pour sensibiliser l’opinion, ils prétendent que les Juifs ont voulu « profaner les Lieux Saints » de Jérusalem, soi-disant pour « reconstruire le Troisième Temple sur l’emplacement de la mosquée d’Omar ». Cette rumeur est propagée par les mosquées dans toute l’Egypte, les prédicateurs affirmant que c’est une obligation religieuse pour chaque musulman de s’engager dans le djihad en faveur de la Palestine.
Cet épisode fondateur, largement méconnu, a ainsi permis de poser les bases de l’affrontement idéologique, dont nous vivons aujourd’hui les derniers rebondissements. Le slogan « Al Aqsa en danger » n’a pas été inventé par le Hamas ou par Mahmoud Abbas, le faux modéré dirigeant de l’Autorité palestinienne, qui poursuit le même but que ses nouveaux alliés de Gaza, par des moyens parfois différents. Il remonte à 1936, année cruciale qui voit s’édifier l’alliance entre le fondateur du mouvement national palestinien et les Frères musulmans égyptien.
Hitler et le fondateur du mouvement national palestinien, Al-Husseini
Cette alliance est décisive dans l’histoire du mouvement palestinien, tant sur le plan idéologique que sur celui des organisations politiques. En effet, tant le Fatah que le Hamas – ces deux jumeaux que les médias présentent trop souvent comme des adversaires – sont largement issus des Frères musulmans. Le Hamas est la branche palestinienne du mouvement islamiste égyptien, et le dirigeant historique du Fatah, Yasser Arafat, a fait partie dans sa jeunesse des Frères musulmans.
On comprend mieux alors la suite des événements : l’accusation calomnieuse « Al Aqsa en danger », devenue un élément central de la propagande arabe à l’époque de l’alliance entre Hitler et le Mufti de Jérusalem, n’a jamais disparu. Elle réapparaît régulièrement, chaque fois que le conflit s’essouffle et qu’il est nécessaire d’ajouter un peu d’huile sur le feu. Les dirigeants palestiniens, de l’AP ou du Hamas, n’ont même plus besoin aujourd’hui de faire appel aux prédicateurs des mosquées pour diffuser ce slogan mensonger : ils sont aidés par les médias arabes et occidentaux, organes de propagande tout aussi efficaces que les appels des mosquées.
* Bien avant que ne se pose la question de la prière juive sur le Mont du Temple, dont la propagande arabe relayée par certains Israéliens voudrait faire aujourd’hui le nœud du conflit…
** Paul Landau, Le Sabre et le Coran, Tariq Ramadan et les Frères musulmans à la conquête de l’Europe, éditions du Rocher 2005.
lire l’article de VU DE JERUSALEM en cliquant sur le lien ci-après
happywheels
merci a Ldj pour cet article
tres sincerement je pense que vous nous offrez les meilleurs articles parmis tous les sites de news lies au monde juif
continuez continuons notre combat contre l antisionisme l antisemitisme et le revisionisme
franchement on s’en fiche de la verrue … pourvu qu’elle disparaisse un jour du paysage pour faire place à la reconstruction du Temple juif !