Affaire Merah : l’occasion manquée

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Par Gilles-William Goldnadel

EDITO. L’échec du douloureux procès ne réside pas dans son verdict mais dans l’absence de représentant musulman et le refus d’un débat sur la haine venant de l’islam radical, déplore l’avocat Gilles-William Goldnadel.
Beaucoup de choses ont été dites ou écrites sur le procès d’Abdelkader Merah. Certains ont trouvé la peine dérisoire eu égard à la malignité du personnage. Mais un procès n’est pas une pure formalité et l’obligation d’établir la constitution du crime est un principe sacré du droit civilisé. En première instance, les juges ont considéré que la preuve de la complicité du crime de terrorisme n’était pas rapportée. Je souhaite qu’il en soit autrement en cause d’appel, mais je m’en rapporterai sans discuter à la décision de la seconde cour.
D’autres ont critiqué avec acrimonie l’attitude de mon confrère Dupond-Moretti. Je ne saurais accepter la forme outrancière de cette critique. Il faut adopter un raisonnement bien primaire pour reprocher à un avocat la défense d’un client et on ne saurait reprocher au surplus à Dupond-Moretti d’être un avocat en mal de publicité. Cela posé avec fermeté et en dépit de l’estime professionnelle que m’inspire l’intéressé, je ne saurais évidemment abonder dans le sens de toutes ses déclarations dans et hors le prétoire, prononcées parfois dans un emportement obsidional et solitaire. Il n’y a aucun honneur à défendre un Merah, seulement un rude devoir en face de familles horriblement éplorées. La mère de Merah est une bien mauvaise femme et Dupond-Moretti ne la défendait pas, sa sortie camusienne sur son choix entre la justice et son fils ne s’imposait donc pas, pour le dire sobrement. Il paraîtrait aussi, selon lui, que les juges de Nuremberg se seraient montrés plus équitables que les juges de Paris. L’argument est scabreux mais surtout dangereux pour son client. Il revient d’abord à le traiter de nazi, ce qui pour ma part ne me disconvient point. Et il semble omettre que nombre de ces nazis ont été pendus haut et court, ce qui tendrait à relativiser l’horreur qu’est censée inspirer la peine capitale appliquée à un salaud intégral. Enfin, selon mon talentueux et controversé confrère, il paraît que l’ensemble de l’opinion publique et des journaux était acharné à perdre son client. Voire. Je souhaite à tous les clients — à commencer par les miens dans les délits financiers — de pouvoir lire dans la presse que les éléments de preuve semblent manquer dans leur dossier. De là à exiger de trouver M. Abdelkader et sa mère sympathiques, c’est peut-être beaucoup demander. Ayant écrit tout cela à charge contre Dupond-Moretti, je maintiens qu’il n’aurait jamais dû être autant vilipendé.
Mais il y a beaucoup plus important, qui laisse un goût amer dans ma bouche d’avocat comme de citoyen juif opposé depuis toujours, et bien avant certains, au danger islamiste. Le fait, comme l’a souligné sans trop d’aménité la malheureuse mais combien courageuse Latifa ibn Ziaten, qu’aucun représentant officiel de la communauté musulmane n’ait cru devoir se rendre au procès pour soutenir les victimes de toutes origines.
Le fait, encore et surtout, qu’aucun véritable débat intellectuel sur la haine de l’islam radical à l’encontre de la France, des juifs et des chrétiens ne se soit invité au procès. Seules cette frilosité intellectuelle et cette pusillanimité morale peuvent expliquer cette occasion dramatiquement manquée. Il n’y a pas qu’une seule famille Merah, il y en a des milliers. Mohammed Merah n’est pas né d’une génération spontanée. Le procès reste à faire, à commencer par celui de l’islamo-gauchisme et de l’antiracisme dévoyé qui ont réussi le triste exploit de transformer une immigration islamique originellement pacifique en chaudron brûlant. Par l’école de la détestation de la population autochtone forcément pétainiste. Par l’école du ressentiment pour le pays d’accueil et pour son peuple de Dupond joyeux. Il aurait fallu expliquer pourquoi et comment un homme devenu bestial par la disgrâce de l’idéologie de la bête immonde a fait l’admiration de sa mère, de son frère, de sa soeur et de dizaines de milliers d’autres encore pour avoir assassiné de sang-froid des soldats musulmans et chrétien courageux de mon cher pays et des petits enfants lumineux de mon peuple aussi.
Source :
https://www.valeursactuelles.com/societe/affaire-merah-loccasion-manquee-90723

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