«À Moissac, 95% des Juifs ont été sauvés de la déportation»

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C’est ce soir que s’ouvrent les journées historiques et mémorielles de l’association Moissac, ville de Justes oubliés qui se tiendront, ce week-end, sous le hall de Paris et au Concorde. À cette occasion, l’historien François Boulet, l’une des chevilles ouvrières de la manifestation, en profitera pour présenter son dernier ouvrage, «Moissac 1939-1945. Résistants, Justes et Juifs» (éditions Ampelos, 15 €), qui vient de paraître (1).
Cela fait quelques années que vous vous intéressez à l’histoire de Moissac… Qu’est-ce qui motive cet intérêt ?
En premier lieu, je suis natif de Moissac, et durant mon enfance, j’ai beaucoup entendu parler des témoins des maquis, à l’instar de Jean-Louis Demeurs… C’est naturellement, au cours de mes premières recherches historiques, que je me suis intéressé à ma commune et au département, avec le sujet du bonapartisme au radicalisme (mémoire de maîtrise).
Dans votre nouvel opus, vous dites de Moissac qu’elle fut une ville exemplaire durant les années noires…
25% des Juifs n’ont pas pu être sauvés en France, et 95% des Juifs ont été sauvés à Moissac. À ce titre, c’est une ville exemplaire, d’autant que la commune fait partie de cette France non religieuse (non protestante, à la différence du Chambon-sur-Lignon), un peu anticléricale, avec un milieu franc-maçon, à l’instar du résistant Paul Loubradou, qui accueille sans difficulté cette communauté de Juifs religieux que sont les éclaireurs israélites de France (EIF).

On estime que 600 enfants juifs ont été sauvés à Moissac. Sans complicité locale, cela aurait-il été impossible ?
Il y a d’abord eu le soutien du préfet (Louis Boucoiran) en 1939 et du maire radical Roger Delthil dans l’accueil des EIF à Moissac. En 1942, au moment des rafles, tout le monde se tait sur ce refuge d’une jeunesse saine, ardente et patriotique. Même le président de la Légion française des combattants, Vichy, font l’éloge de cette Maison où l’on reprend certains canons de la propagande du moment : le travail, la jeunesse, le retour à la terre et Dieu. Il ne faut pas oublier le travail clandestin du secrétaire de mairie Manuel Darrac, aidé d’Alice Pelous et d’Henriette Ducom, qui s’ingénie à faire de faux papiers et des cartes d’alimentation, et au plus dur de l’Occupation, ils trouvent des familles d’accueil pour disperser tous les enfants grâce au réseau d’amitié de Moissac et aux alentours (Lizac, Le Pin, Auvillar). N’oublions pas les policiers et les gendarmes à Moissac qui sont bienveillants envers les enfants de la Maison de Moissac. Ils participent à l’atmosphère du refuge pour de nombreuses raisons. Ils savent fermer les yeux aussi, voire prendre les ordres de façon «humaine», donc ne pas obéir totalement.
1 : une dédicace de l’auteur a lieu aujourd’hui à 17 heures, à la librairie Chaumerliac, rue Sainte-Catherine.
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Les Bourel, une famille de Justes moissagais à l’honneur
Ce week-end de commémoration sera l’occasion de célébrer les Justes de Moissac. La commune, qui en comptait six pour l’heure, passe donc à dix Justes parmi les nations. Ces personnes ayant, par leur action totalement altruiste, sauvé des juifs pendant la guerre. Ainsi, après Manuel Darrac, Henriette Ducom, Jean Gainard, Albini et Ernestine Ginisty, Alice Pelous, c’est la famille Bourel qui sera à l’honneur ce week-end. Cette fratrie d’agriculteurs du quartier de La Madeleine à Moissac, constituée de Pierre Bourel; de son épouse Alida, née Souldadie; de leur fils Henri et de son épouse Renée, née Verdier, a, en effet, porté secours et assistance à Daniel et Bernard Simon. Après la rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942 à laquelle ils échappèrent, Bernard, alors âgé de 18 ans, rejoint à nouveau Moissac. Il fut alors accueilli par les Bourel. Il y resta jusqu’après la Libération. Il était considéré comme un membre de la famille. Il avait de faux papiers au nom de Simonnet, avec un âge lui permettant d’échapper au STO. Les Bourel faisaient aussi parvenir des vivres à la famille Simon restée à Paris, qu’ils ne connaissaient pas. Après la guerre, les liens amicaux sont demeurés entre Bernard et les Bourel, chez qui il revenait souvent.


Colloque, expos Projections..
Ces deuxièmes journées débutent samedi 28 mai de 9 heures à 18 h 30, sous le hall de Paris, avec le colloque historique qui portera sur les enfants et adultes juifs, entre accueil, sauvetage et Résistance (1939-1945). Trois lieux d’étude : Le Chambon, Dieulefit, Moissac. À 20 heures, toujours sous le hall de Paris, théâtre avec la pièce «Le Petit Chaperon uf», de Jean-Claude Grumberg, par la compagnie des Feux, et lecture par l’auteur. Dimanche 29 à 9 heures, sous le hall de Paris, conférence de Beate et Serge Klarsfeld; à 11 heures, cérémonie de nomination des Justes à l’esplanade des Justes parmi les nations. L’après-midi, au cinéma Le Concorde, trois projections, dont «J’avais oublié la maison de Moissac», de Nicolas Ribowski.
Pour en savoir plus : www.des-villes-et-des-justes.com
SOURCE :
http://www.ladepeche.fr/article/2016/05/27/2353248-moissac-95-juifs-ont-ete-sauves-deportation.html

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7 Commentaires

  1. Pierre un Gaulois dit :

    Si vous passez par Moissac, ne manquez pas de visiter la merveille de l’Art Roman, l’ancienne abbatiale.

  2. eva Waldman dit :

    J’aime les regions de France. Beaucoup de justes, y compris dans l’Ile
    de France, pas loin de Paris.
    C’est le maire de Coubron qui vint reprendre mon cousin de Drancy.
    Un personnage admirable
    dont je redonnerai le nom.

    Eva Waldman

    • liguedefensejuive dit :

      Coubron : hommage d’Israël à l’ancien maire
      Le Parisien | 04 Sept. 2005, 00h00
      L’AMBASSADEUR d’Israël en France, Nissim Zvili,
      remettra ce matin à titre posthume la médaille des Justes parmi les nations à François Christin,
      fils d’un ancien maire de la commune. Cette distinction particulière est destinée à rendre hommage
      à ceux qui aidèrent les juifs durant la Shoah.

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      Henri Christin, maire de Coubron de 1939 à 1945,
      se montra actif au service de la Résistance organisant des réseaux d’aide aux prisonniers évadés
      et récupérant les aviateurs alliés dont l’appareil avait été détruit par les Allemands. Il apporta
      aussi aide et protection à 250 juifs pourchassés qu’il approvisionna en cartes d’identité et
      d’alimentation, et en logement. Il interdit même le port de l’étoile jaune sur la commune. Cette
      cérémonie exceptionnelle se déroulera dans le cadre du 60
      e
      anniversaire de la libération
      des camps.

  3. Nitzotz dit :

    La Maison de Moissac…

    Fils de rabbin polonais, mon oncle y fut pendant 2 ou 3 ans, encadrant et redonnant confiance à des enfants et adolescents dont les plus âgés étaient à peine plus jeunes que lui, et qui par la suite n’oublièrent pas son énergie hors du commun.
    Très discret sur son passé de résistant, il me confia toutefois avoir été arrêté une fois par les Allemands, et deux fois par les Miliciens, beaucoup plus vicieux.
    Roué de coups de pieds dans le commissariat de police de Chambéry alors qu’il transportait des dizaines de faux-papiers d’identité pour des enfants dans la doublure de son imper, il ne dut sa vie sauve qu’à son incroyable ‘houtspa.

    Lazare ‘Lévrier’ Prajs

    Que son souvenir soit une bénédiction, puisse-t-il s’élever de niveau en niveau.

  4. Samuel dit :

    C’est un excellant article qui rend hommage aux juste de cette ville. Malheureusement Moissac devient un repère de muzz et j’ai peur qu’il devienne difficile de s’affirmer comme juif aujourd’hui.

  5. franccomtois dit :

    Samuel pouvez vous me dire quel lieu aujourd´hui qui n´est pas un repere de muzz.Je me souviens d´une de mes filles rentrant de l´école(CM2)aprés un cours sur la seconde guerre mondial oú l´instit n´a eu d´autre remarque á son égard que sa blondeur et ses yeux clair qui l´aurait protégé de toute persécution,pas comme les juifs.Toute petite qu´elle était á ce moment elle a répondu qu´elle n´aimait pas les nazis et qu´elle aurait défendu les juifs.Aujourd´hui mes gosses ont un grand interet pour la culture juive d´europe et d´ailleurs et elle sont assez calées je dois dire.Du fond du Coeur je Salut la mémoire de tout ces justes qui me permettent de remettre un peu de couleur sur ma France.

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