500 jeunes Franciliens dans l’horreur d’Auschwitz
Ils viennent de Paris, Stains ou Saint-Germain-en-Laye. Ces lycéens et apprentis d’Ile-de-France ont découvert le plus grand camp d’extermination nazi lors des voyages de mémoire organisés par la région. Nous les avons accompagnés.
Il fait – 7 °C ce matin-là,- 10 en ressenti, à Oswiecim. C’est comme ça, en fait, que se nomme cette ville polonaise. Mais depuis que les Nazis y ont établi leur plus grand camp d’extermination, on ne l’appelle plus que sous son nom allemand d’Auschwitz.
Cette année encore, comme il le fait depuis 2000, le conseil régional, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah, a emmené des lycéens et apprentis d’Ile-de-France visiter ce symbole de la barbarie du régime d’Adolf Hitler. D’Alfred-Nobel à Clichy-sous-Bois, d’Utrillo à Stains (Seine-Saint-Denis), de Montaigne à Paris (VIe), de l’Essouriau aux Ulis (Essonne) ou encore du lycée international de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), plus de 500 élèves de 29 établissements publics ou privés ont effectué, fin novembre, ce douloureux voyage.
L’idée, c’est de les « sensibiliser sur l’histoire de la Shoah » et de mettre l’accent sur le « devoir de mémoire », d’autant plus important que les témoins de cette époque disparaissent peu à peu. Outre la journée à Auschwitz-Birkenau, les ados se sont rendus au Mémorial, à Paris (IVe), au Mont Valérien, aux anciens camps de Drancy (Seine-Saint-Denis) et de Pithiviers (Loiret). Ils ont écouté les témoignages d’anciens résistants et de rescapés des camps.
Près d’1,5 million de personnes, des Juifs dans la très grande majorité, mais aussi des Tziganes, des homosexuels et des résistants, ont été exécutés à Auschwitz. De ce camp, les jeunes Franciliens ont d’abord découvert, comme eux, « Juden rampe », la rampe des Juifs, une extension de la gare de marchandise aménagée par les Allemands. Le terminus, notamment, des 62 convois partis de France entre juin 1942 et mai 1944. « Les gens montaient dans le train à Drancy, à Bobigny, Beaune ou Pithiviers et les portes ne s’ouvraient qu’ici », raconte Olivier Lalieu, historien au Mémorial. Parmi les 63 000 passagers, on dénombrait plus de 10 000 enfants.
Malgré le froid, la fatigue et l’émotion, les élèves ont parcouru sans broncher cet immense camp de 175 ha que plus de 80 % des déportés ont à peine eu le temps de découvrir puisqu’on les emmenait dans les chambres à gaz dès la descente du train. Les jeunes Franciliens ont vu les vestiges de ces chambres à gaz et des fours crématoires, détruits, avant leur départ, par les Nazis soucieux d’effacer les traces de leur crime. Ils se sont horrifiés devant ces tas de chaussures, de valises, de lunettes, de prothèses, enlevés aux prisonniers et surtout cet amas de 2 tonnes de cheveux de femmes utilisés dans l’industrie textile, que les responsables du camp n’ont pas eu le temps d’expédier en Allemagne.
«Cruauté», «inhumanité» sont les premiers mots qui viennent à l’esprit d’Eliza, 16 ans, à l’issue de sa journée à Auschwitz-Birkenau. D’origine polonaise, la jeune élève de 1re ES au lycée international de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) semble particulièrement marquée. « Quand j’ai dit à ma mère que j’allais visiter le camp, elle m’a prévenu que ce serait dur, rapporte-t-elle. Elle, elle a été malade pendant une semaine après l’avoir visité… »
L’adolescente ne regrette pas d’être venue. « C’est très émouvant, c’est poignant », glisse-t-elle. «C’est rare de faire des voyages scolaires comme celui-là, apprécie sa copine Floriane. Ça change, ce n’est pas du tourisme.»
Difficile de sortir un moment particulier pour Héloïse, 17 ans. «Il y avait trop de choses, explique cette élève de terminale S au lycée horticole de Saint-Germain-en-Laye. J’ai essayé de me détacher pour ne pas avoir trop d’émotion, mais j’ai été très touchée par les photos des enfants, les cheveux des femmes stockés…»
Dans le groupe de 18 élèves de 1re ES et L du lycée Condorcet de Limay (Yvelines), Samantha, 16 ans, ne parvient pas à oublier les photos de « ces femmes passées de 65 à 33 kg ». «Voir tous ces cheveux entassés, c’est juste horrible», la coupe Marine. «C’est bouleversant, c’est beaucoup d’émotion», renchérit Nawal. «On a beau se dire que c’est comme dans les livres ou Internet, on n’imaginait pas l’ampleur que c’était avant de venir» ajoute encore Tom, 16 ans, qui s’avoue «troublé» par sa visite.
«C’est une très bonne expérience, lance Lucia, franco-allemande de 16 ans, en 1re S au lycée international, On l’a vu dans des livres, des expos, mais ce n’est pas facile de s’imaginer. Venir ici, cela devient tellement concret !» «C’est beaucoup plus intense qu’avec les cours», acquiesce Soukaïna, élève de Limay. «J’ai regardé beaucoup de films, de documentaires, j’ai lu des livres sur la Deuxième Guerre mondiale. Mais sur place, c’est autre chose, confie Anaïs, 26 ans, en CAP peinture au CFA de Rueil-Malmaisons (Hauts-de-Seine). La fin de la visite, voir toutes ces photos, ces tas de cheveux, c’était particulièrement dur.»
Carla, 15 ans, va plus loin. «Cela permet de se remettre soi-même en question, indique-t-elle. Arrêtons de nous plaindre.» «Le raconter, l’apprendre, c’est bien. Mais le plus important, c’est que cela ne se répète pas», insiste Lucia.
Source :
http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/500-jeunes-franciliens-dans-l-horreur-d-auschwitz-02-12-2018-7959003.php
Oswiecim. C’est comme ça, en fait, que se nomme cette ville polonaise.
Polonaise…… bien sur …
mais heureusement que Tréblinka ou Majdanek , Sobibor, Belzec..ont gardé leurs appellations pollak..histoire de rafraichir la mémoire a ceux qui en auraient besoin…
Je sais que les filles ont une plus grande sensibilité que les garçons, mais au vu du commentaire il semblerait qu’ elles étaient les seules présentes, ce qui serait dommage !