PAS DE « SI » MAIS « QUAND » ÉCLATERA LA TROISIÈME GUERRE CONTRE LE LIBAN
Israël révise l’histoire et pèse ses options
Ari Lieberman
Adaptation
Thérèse Zrihen-Dvir
Au cours des semaines précédant la guerre de six jours, Israël se confrontait à des défis existentiels sempiternellement croissants qui justifiaient une action résolue. Les généraux israéliens avaient correctement débattu l’échelon politique qui, à chaque jour qui s’écoulait, aggravait la position stratégique d’Israël et la compromettait. La situation devint particulièrement sensible sur la frontière sud d’Israël avec le déploiement de sept divisions de l’armée égyptienne, dont trois blindées. Les déclarations officielles du gouvernement arabe s’aggravaient sous une croissance de belligérance qui indiquaient clairement que l’intention était la disparition d’Israël de la mappemonde.
Le 5 juin 1967, Israël lançait une attaque préventive visant à la destruction des armées arabes avant qu’elles n’entament leur propre attaque (certains historiens avaient soutenu que les Arabes avaient tiré la première salve en fermant le détroit de Tiran). Sous le nom de code « Opération Focus » la force aérienne israélienne mettait en œuvre son plan d’action bien étudié, devançant toute attaque et anéantissant la plupart des forces aériennes arabes sur le sol. Simultanément à l’assaut aérien, les Forces de défense israéliennes (FDI) entraient en action, provoquant rapidement une débâcle des armées arabes en quelques jours.
C’était une victoire israélienne complète et décisive ayant peu de semblables dans l’histoire militaire. Le succès d’Israël dans la Guerre des Six Jours a été attribué à de nombreux facteurs, mais le principal d’entre eux était le fait qu’Israël avait usurpé à l’ennemi l’initiative. Si les Arabes avaient attaqué en premier, Israël aurait encore triomphé, mais avec un coût beaucoup plus élevé en termes de vies humaines et de matériel.
La doctrine de la préemption est enracinée dans la pensée militaire d’Israël, étant un petit pays avec peu de profondeur stratégique et une population civile vulnérable. La préemption, la notion de frapper l’ennemi en premier lors d’un danger clair, présent et imminent, couplé à l’intention de porter atteinte, est une doctrine strictement solide, particulièrement valable dans le cas d’Israël étant donné ses vulnérabilités uniques, ses défis régionaux et ses ennemis génocidaires.
Hormis l’exercice de son droit à la préemption militaire, Israël agit également de manière préventive. Sur le plan conceptuel, cette doctrine diffère légèrement de la préemption, alors que la menace existe sans être forcément imminente. En 1981 et 2007, Israël avait détruit l’infrastructure nucléaire de l’Irak et de la Syrie – deux ennemis implacables – après confirmation de la capacité de ces installations de fabriquer des bombes atomiques. Israël a également frappé le Soudan et la Syrie des dizaines de fois dans le but de déjouer les convois d’armes destinés au Hamas et au Hezbollah.
À l’heure actuelle, le Hezbollah est embourbé dans la guerre civile syrienne avec 1/3 de ses forces engagé activement en Syrie pour soutenir Assad. Par conséquent, la majorité des experts israéliens assument que la probabilité d’une guerre dans un proche avenir est faible. La dernière chose dont le Hezbollah a besoin maintenant est une guerre sur deux fronts. Néanmoins, la raison d’être du Hezbollah est de servir les intérêts de la République islamique et de lutter contre Israël. Une confrontation avec le groupe terroriste est donc inévitable. La seule question est « quand », pas « si ».
Les confluents de nombreux facteurs rendent la probabilité de la guerre plus plausible dans le terme intermédiaire. Tout d’abord, grâce à l’aide iranienne, russe et du Hezbollah, la prise du pouvoir d’Assad est plus solide qu’elle ne le fut au début de la guerre civile alors que les groupes rebelles opposés à Assad, demeurent toujours divisés et s’entre attaquent souvent. Cette évolution permettra au Hezbollah de virer son focus et ses ressources contre Israël.
Deuxièmement, bien que le Hezbollah ait subi des pertes importantes depuis son enchevêtrement militaire en Syrie – au moins 2 000 de ses membres ont été tués – le groupe est devenu militairement plus expérimenté. Il a été grandiosement équipé d’armes modernes par l’Iran, dont des chars T-72, des drones armés, des missiles antitanks Konkurs et des missiles de croisière antinavires Yakhont, et grâce aux Russes, le Hezbollah a amélioré sa capacité de guerre électronique et d’opérations spéciales.
Troisièmement, en 2006, on assume que le Hezbollah possédait 11 000 roquettes et missiles de calibres et systèmes de guidage différents. Aujourd’hui, le Hezbollah est censé posséder entre 100 000 et 150 000 missiles et roquettes. Pour placer les choses dans une perspective appropriée, ce chiffre est plus grand que l’arsenal combiné de tous les pays de l’OTAN, à l’exception des États-Unis. En outre, avec l’aide de l’Iran, le groupe terroriste a réussi à construire des usines souterraines enterrées à 50 mètres sous sol. Ces usines sont capables de tout produire, depuis des armes légères aux missiles Fateh-110 / M-600 surface-surface, ce qui rend le Hezbollah partiellement autosuffisant en armes, une capacité qu’il manquait en 2006. Si l’on veut croire aux allégations iraniennes, Le Fateh-110 a une portée de 300 km et pourrait charrier une charge utile de 500 kg. On estime que le missile possède un niveau de précision de CEP de 100 m, ce qui signifie qu’il y a une chance de 50/50 que le missile tombe à moins de 100 mètres de sa cible. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a précisé à maintes reprises que ses missiles visaient une usine vulnérable d’ammoniac à Haifa, ainsi que l’établissement de recherche nucléaire d’Israël à Dimona et d’autres infrastructures civiles critiques dans toute guerre avec Israël.
Quatrièmement, dans tout conflit futur avec Israël, le Hezbollah sera en mesure de mobiliser l’assistance d’autres mandataires iraniens. Grâce aux accords des cinq puissances avec l’Iran et à un versement concomitant en espèces qui en résulte, dont 1,7 milliard de dollars en paiement de rançon de l’administration d’Obama, la République islamique a réussi à soulever d’autres armées chiites mandataires dont les membres comprennent des recrues pakistanaises, afghanes, yéménites et irakiennes. La plus grande armée de milices est celle de l’Irakien Hashd al-Shaabi, une force forte de 80 000 effectifs qui peut facilement être virée au Liban si l’Iran lui ordonne de se battre.
Cinquièmement, alors que le Hezbollah ne s’est jamais senti contraint de suivre la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies – interdisant au groupe d’opérer au sud de la rivière Litani et exigeant son désarmement – le Hezbollah exerçait sur une certaine marge de manœuvre lors de l’exploitation près de la frontière israélienne, également appelée Blue Line. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les terroristes du Hezbollah opèrent effrontément jusqu’au Blue Line, en prenant des photos et filmant des patrouilles israéliennes, une évolution sinistre imitant la situation qui existait avant la Seconde guerre du Liban de 2006. Les IDF ont filmé les terroristes du Hezbollah émettant des postes d’observation sous l’apparence d’une fausse ONG appelée «Verts sans frontières». Les plaintes israéliennes répétées aux Nations Unies concernant les violations du Hezbollah de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies et ses activités néfastes le long de la Ligne bleue se sont heurtées à des oreilles sourdes. De plus, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (UNIFIL), une force militaire créée par l’ONU chargée d’appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, est devenue pratiquement inutile et beaucoup d’Israéliens considèrent cela comme un obstacle.
Sixièmement, le Hezbollah ne peut plus être considéré comme une entité distincte opérant aux côtés du gouvernement libanais. Le Hezbollah et, par extension, l’Iran, exercent un contrôle total sur les affaires libanaises et absorbent pleinement les institutions de l’État libanais. L’armée libanaise (LAF) a coopéré ouvertement avec le Hezbollah dans ses efforts de supprimer les forces anti-régime en Syrie et le président libanais, Michel Aoun, qui est presque certainement sur la liste de salaire de l’Iran ou du Hezbollah, a exprimé son soutien ouvert au groupe terroriste. En tant que tel, le LAF a été réduit à une simple unité auxiliaire du Hezbollah.
Enfin, le Hezbollah a transformé le sud du Liban en un entrepôt gigantesque d’armes sans tenir compte des infrastructures civiles et des centres de population. Le Hezbollah emploie des habitations civiles pour stocker son arsenal, offrant souvent aux propriétaires des pots de vin en échange d’espace de stockage. Cette pratique est une violation flagrante des lois de la guerre.
Le conflit armé entre Israël et le Hezbollah est inévitable et peut se dérouler de deux façons. Le Hezbollah reçoit ses ordres de marche des mollahs de la République islamique. Si l’Iran ordonne à son mandataire d’attaquer, il obéira avec respect. L’Iran utiliserait presque certainement la carte du Hezbollah si elle est attaquée par les États-Unis ou Israël.
Une guerre pourrait également éclater si le Hezbollah calculait mal en provoquant Israël par une attaque localisée le long de la frontière. Ce fut le cas du 12 juillet 2006, lorsque la provocation à la frontière du Hezbollah a entraîné une conflagration à grande échelle.
Dans les deux cas, Israël ne doit pas permettre à l’ennemi l’initiative d’attaquer. En tant que tel, il doit agir de manière préventive et soustraire à l’ennemi cet actif stratégique vital. Le Hezbollah et l’Iran ne doivent pas être autorisés à dicter le calendrier et l’emplacement de la guerre.
Pendant la Seconde Guerre du Liban, Israël a répondu de manière réfléchie, mais à l’aveuglette et vacillante. Il a d’abord employé sa force aérienne, mais après quelques jours, l’armée de l’air a commencé à ne plus avoir de cibles. Ce n’est que dans les derniers jours de la bataille de 34 jours qu’Israël s’était engagé dans une attaque terrestre plus robuste, mais à cette époque, le cadre d’une initiative de cessez-le-feu avait déjà été convenu.
Beaucoup d’Israéliens ont vaguement regardé la deuxième guerre du Liban comme une occasion gaspillée. Bien qu’Israël ait causé une grave dévastation à l’ennemi, a établi la dissuasion et obtenu de véritables avantages stratégiques, il n’a pas réussi à infliger un coup fatal au Hezbollah malgré nonobstant le délai d’un mois pour l’accomplir.
Dans la prochaine guerre, Israël élargira son théâtre d’opérations pour inclure la Syrie où le Hezbollah maintient une présence importante. Il s’engagera probablement à positionner des troupes au sol de manière plus expéditive afin de nier à l’ennemi une plate-forme à partir de laquelle elle peut tirer ses roquettes. Plus important encore, Israël s’engagera à la guerre totale dès le début sous une forme de choc et d’effroi dans le but de briser l’échine du Hezbollah. Il s’agit d’un objectif réaliste qui aurait un large soutien régional, en particulier des États sunnites comme l’Arabie saoudite, qui considère le Hezbollah comme une influence maligne. Israël recevrait également un soutien politique considérable de l’administration Trump, qui est beaucoup plus sympathique à Israël que ne l’était l’administration américaine précédente.
La prochaine guerre du Liban sera brutale et dévastatrice, mais sera combattue avec le but réalisable de repousser le Hezbollah et de dégrader ses capacités militaires au point que le Liban puisse encore réaffirmer sa souveraineté. Le Hezbollah a peut-être esquivé une balle en 2006, mais dans la prochaine guerre, il ne sera pas aussi chanceux.
Source :
http://therese-zrihen-dvir.over-blog.com/2017/08/pas-de-si-mais-quand-eclatera-la-troisieme-guerre-contre-le-liban.html
Le conflit n’est pas inévitable le Hezbollah ne veut pas d’une guerre avec Israël car il en a prévu les conséquences dévastatrices. Et c’est réciproque du côté Israëlien.
Avec le Hezbollah, on est entré dans une période de guerre froide.