Gilles-William Goldnadel : À propos du Crif…

ÉDITO. À rebours de la communauté, le Conseil représentatif des institutions juives de France continue à faire preuve d’une cécité déplorable à l’endroit du Rassemblement national.
Par Gilles-William Goldnadel
De manière exceptionnelle, j’écris ce billet en tant que président d’honneur de France-Israël. Cette association créée en 1923 par le président de la République Gaston Doumergue et Maurice Ravel s’appelait originellement France-Palestine… Les combats culturels ou sémantiques perdus sont d’abord ceux que l’on n’a pas voulu livrer.
Il ne s’agit pas d’une association communautaire mais nationale.
J’ai eu l’honneur insigne d’y succéder au maréchal Koenig et à l’amiral Darmon. La devise que j’ai instaurée à mon arrivée est d’une cruelle actualité, alors que mes deux chers peuples et pays sont mis en danger de mort par le même ennemi : « Quand je défends la France, je défends Israël. Quand je défends Israël, je défends la France. »
C’est un homme en colère lasse qui signe ce billet. Des décennies que je m’escrime à prévenir sur tous les tons le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) du péril mortel de l’alliance infâme entre l’extrême gauche et l’islamisme. Alors que lui, pareil aux médias gauchisants, ne voulait regarder qu’à l’extrême droite un antisémitisme en déclin.
LE CRIF EST BORGNE
J’étais persuadé que l’attitude odieuse affichée depuis le 7 octobre 2023 par un parti antisémite soumis à l’islamisme, qu’il n’est plus nécessaire de nommer par son nom mensonger, allait enfin lui ouvrir les yeux. L’immense majorité des juifs français les avaient déjà grands ouverts. Les massacres extraordinaires, subis sur leur terre de France jusque dans des écoles, l’antisémitisme ordinaire, jusque dans les synagogues de quartiers islamisés, avaient convaincu les derniers récalcitrants.
Tous les juifs ou presque, sauf le Crif. Myope que j’étais: le Crif est borgne. Et ne regarde que de l’œil gauche. Mais cette semaine, la coupe est pleine et je l’ai bue jusqu’à la lie.
Après que le Rassemblement national a démontré amplement sa mutation tant à l’égard des juifs français dans le désarroi qu’envers Israël agressé dans son sommeil.
Après que Jordan Bardella et Marion Maréchal, invités par le gouvernement israélien, se sont rendus à Jérusalem pour participer à un colloque sur l’antisémitisme, ou honoré à Yad Vashem une juste française ayant sauvé des juifs au péril de sa vie : le Crif trouvait le moyen de faire savoir que cette année encore le Rassemblement national ne serait pas le bienvenu à son dîner annuel…
Ainsi, cette année, ce sera un président qui a refusé de marcher contre l’antisémitisme par peur des banlieues islamisées qui sera l’invité d’honneur.
Tandis qu’une présidente qui a marché avec les foules juives contre la haine et défendu bec et ongles l’État juif se verra traitée en paria.
Cécité idéologique ? Stupidité ? Masochisme suicidaire ? Courtisanerie ? Pourquoi choisir ?
* Gilles-William Goldnadel est avocat, essayiste et auteur de “Journal d’un prisonnier” (Fayard).